La Presse (Tunisie)

Le centre de la seconde chance

A un moment donné de leur vie, elles se sont senties délaissées, abandonnée­s et sans soutien moral. Elles ont été victimes de tous genres de violence sexuelle, économique et même physique et elles ont subi les pires tortures que l’on peut infliger à une p

- H. SAYADI

Le centre Tamkin s’étend sur une superficie de plus d’un hectare et comprend tout un bloc destiné pour les bureaux de l’administra­tion, deux unités de vie, un réfectoire, deux cuisines et des sanitaires. Les responsabl­es, très accueillan­ts, nous ont parlé de cet espace destiné aux femmes victimes de violences, et qui leur offre une seconde chance, pour vivre dignement. «Un grand jardin entoure l’espace. Nous avons un potager où on trouve différente­s variétés de cultures comme l’artichaut, l’anis, le chou et le chou fleur, les fraises, les piments … On vient aussi d’installer tout récemment une ruche d’abeille… Tout ça, pour rendre la vie de ces femmes plus animée…» , nous déclare la présidente de l’Associatio­n tunisienne pour la recherche sur le développem­ent (Afturd), Salwa Kennou. La capacité totale du centre est estimée à une trentaine de lits mais peut accueillir jusqu’à 130 personnes. Ces femmes, une fois admises dans le centre, sont prises en charge par des spécialist­es en psychologi­e», a souligné, de son côté, la directrice du centre Aycha Fathallah. «On aide ces femmes à monter leurs propres projets de vie, on les accompagne, et on leur cherche des opportunit­és de formation, et elles ne quittent le centre qu’une fois qu’elles sont bien dans leur tête, plus fortes et battantes» . Aycha Fathallah explique encore que cet espace d’hébergemen­t, qui comprend 12 chambres a mis à la dispositio­n des résidentes toute une équipe qui veille sur leur santé mentale et physique et qui est composée de quatre accompagna­trices, une éducatrice d’enfants afin d’assurer le suivi des élèves, une aidesoigna­nte, deux assistante­s sociales, quatre psychologu­es, l’équipe assure le suivi psychologi­que, judiciaire et social de ces femmes, victimes de violences.

Redémarrer à zéro

Le centre vient d’ouvrir ses portes il y a une année et quelques mois et abrite généraleme­nt des femmes âgées entre 25 et 40 ans. Une fois admises dans ce centre, après une première évaluation de leur situation, elles sont directemen­t accompagné­es, écoutées, soutenues et orientées afin de reprendre leur confiance en soi. «Tamkin» les aide aussi à développer leurs compétence­s et à faire de l’épargne afin de les aider à monter leur propre projet. «Depuis son ouverture officielle, le centre a hébergé six étrangères issues du Canada, Syrie, Libye, Maroc… Ce centre bénéficie d’une subvention du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant estimée à 400 mille dinars et d’une aide de 70 mille dinars de l’associatio­n Afturd» , a ajouté la directrice du centre. Ces femmes hébergées, qui ont été victimes de violence conjugale, familiale ou autre, ont de fortes chances de pouvoir continuer leur combat, car là-bas, elles se sentent en sécurité et bien protégées des agressions. Ces victimes, qu’elles soient jeunes, mères célibatair­es … et en situation de faiblesse, pour une raison ou une autre, sont logées avec leurs enfants. Chacune d’elle a une histoire qui diffère de l’autre. Elles sont nombreuses, en effet, à avoir été virées de chez elles et à s’être retrouvées dans la rue sans soutien. Certaines ont été maltraitée­s par un membre de leur famille ou tout simplement par leur conjoint. Elles ont été orientées vers ce centre qui les aide à tourner la page, à remonter la pente et à avancer dans la vie. Et une fois guérie de ses blessures, la victime quitte le centre pour commencer une nouvelle vie, plus sûre d’elle, plus confiante et plus forte.

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La plupart des victimes hébergées dans ce centre ont été agressées par leur conjoint

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