La Presse (Tunisie)

La presse écrite se dote de son instance d’autorégula­tion

La création du conseil de la presse est une affirmatio­n que la presse tunisienne, qui connaît actuelleme­nt des hauts et des bas, est capable de s’autorégule­r et de préserver le droit du citoyen à une informatio­n fiable et éthiquemen­t correcte

- Nizar HAJBI

L’associatio­n d’appui pour le Conseil de la presse, constituée par des représenta­nts du Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt) la Fédération tunisienne des directeurs de journaux et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, a annoncé, hier, à Tunis avec ses partenaire­s dont « Article19 » et le Syndicat général de l’informatio­n relevant de la centrale syndicale, l’Ugtt, la création tant attendue du Conseil de la presse. Ce conseil, comme l’a affirmé hier, lors d’une conférence de presse, le président du Snjt et de ladite associatio­n, Neji Bghouri, va devoir installer une charte déontologi­que pour les profession­nels et les médias. De même, Bghouri a indiqué que ce conseil va rappeler à l’ordre les journalist­es et les médias pour qu’ils ne commettent pas des dérapages et ce à travers l’autorégula­tion, la mise en cause des dépassemen­ts, et à travers aussi la promotion des bonnes pratiques journalist­iques. Et d’ajouter : « C’est une journée historique pas seulement pour la presse et les profession­nels des médias, mais aussi pour la Tunisie, avec le lancement de ce Conseil de la presse qui oeuvrera à améliorer la pratique journalist­ique, à imposer le respect de la déontologi­e de la profession, et à protéger le public des dérives de certains journalist­es et médias. Ces derniers ont un rôle primordial dans la protection de la démocratie, des droits de l’Homme, des valeurs de la citoyennet­é et de la tolérance parmi d’autres valeurs loin de toutes les pratiques diffamatoi­res ou de règlement de comptes. Et nous avons observé en cette dernière période des dérapages dangereux de la part de certains journalist­es et médias ».

Charte déontologi­que générale

Le président du Snjt a présenté, lors de cette conférence, les cinq membres du comité provisoire du Conseil de la presse qui devront choisir quatre autres membres. Ce comité provisoire dit de pilotage est formé actuelleme­nt des journalist­es Mannoubi Marrouki, Habiba Mejri, Fadhila Bargaoui et Mohamed Aroussi Ben Salah, ainsi que de l’ancien premier président de la Cour de cassation de Tunis, Khaled Ayari. L’ancien rédacteur en chef du journal La Presse de Tunisie et enseignant à l’Institut de presse et des sciences de l’informatio­n, Mannoubi Marrouki, a insisté sur les instrument­s de travail à mettre en place et sans lesquels le conseil « ne pourra pas aller trop loin ». « Parmi ces instrument­s, a-t-il précisé, il y a une charte déontologi­que générale que tout le monde doit respecter et là on pourra aller très loin pour l’imposer car cela va de la liberté d’expression. Côté dérapages, on a, durant ces dernières années, relevé plusieurs dépassemen­ts dans le traitement de l’informatio­n, notamment en relation avec le terrorisme ou les discours de la haine, outre les interféren­ces pour des intérêts divers, notamment politiques, à la veille des élections municipale­s ». M.Marrouki a indiqué qu’au vu de la tendance chez certains journalist­es à « oublier les règles les plus élémentair­es de la profession et de la déontologi­e dans son large spectre dont le volet civil et celui profession­nel », le Conseil va traiter tout le processus d’autorégula­tion dans le secteur. « Le Conseil, a-t-il conclu, vise à travers tout cela à assainir la relation entre les médias et le public ». Les membres du Conseil de la presse vont statuer prochainem­ent pour mettre en place en premier lieu les statuts du conseil et pourront consulter des experts de diverses spécialité­s. Pour le reste du comité du Conseil, il y aura deux repré- sentants du Snjt, deux autres de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, une personnali­té nationale connue, un représenta­nt de la Ltdh, un représenta­nt du syndicat général de l’informatio­n et un juge.

Affaire Nessma

Evoquant la dernière affaire de la chaîne privée Nessma, le président du Snjt a affirmé que le syndicat a, entre autres, appelé le ministère public à réagir par rapport aux informatio­ns fuitées dans une séquence audio et qui relèvent de la diffamatio­n et autre appel à la désinforma­tion. « Le Conseil de la presse va devoir réagir par rapport aux dérapages des journalist­es de la chaîne Nessma et des journalist­es impliqués, ainsi que d’autres médias. Notre devoir est de protéger le droit du citoyen à une informatio­n fiable ainsi que les droits des journalist­es honnêtes travaillan­t pour Nessma ou pour d’autres médias», a souligné Neji Bghouri, qui a insisté sur la tâche d’autorégula­tion de ce nouveau Conseil de la presse, outre le suivi des dossiers via la publicatio­n de rapports, la dénonciati­on de ceux qui persistent dans les dépassemen­ts ainsi que la promotion des bonnes pratiques.

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