La Presse (Tunisie)

Caïd Essebsi promulgue la loi sur le CSM

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Rendue publique au Journal officiel de la République tunisienne (Jort) dans son 31e numéro en date du 18 avril 2017, la loi organique amendant et complétant la loi organique n°2016-34 portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) a été promulguée le même jour par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Au milieu des contestati­ons de nombre de députés et de profession­nels du secteur, l’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) avait adopté le 28 mars dernier en plénière le projet de loi organique amendant et complétant la loi organique n° 2016-34 du 28 avril 2016 relative au CSM à une majorité de 120 voix pour, 2 contre et 12 abstention­s. Lors du vote du projet de loi, les groupes parlementa­ires de l’Union patriotiqu­e libre (composante du Front du salut) et du Front populaire et le bloc démocrate se sont retirés de la plénière pour signifier leur rejet du projet de loi en question. L’Instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi (Pccpl) avait reçu, le 3 avril, une demande de recours collectif lancée par un groupe de députés pour contester la constituti­onnalité de loi organique n°2017-27 amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM). Déposée par 37 députés, la demande de recours a été accompagné­e par un ensemble d’arguments justifiant l’inconstitu­tionnalité du projet de loi en question et les violations des dispositio­ns du préambule et de 15 articles du texte de la Constituti­on. Selon le député Mourad Mraidi (Front populaire), ce recours conteste le lancement par le gouverneme­nt d’une initiative législativ­e sur une loi organique exécutoire. « Il est inconcevab­le d’amender une loi pour régler une crise politique provoquée», avait-il déploré. La promulgati­on de cette loi organique intervient à la suite de la décision de l’Instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi (Ipccpl) de soumettre le projet de loi amendant et complétant la loi sur le Conseil supérieur de la magistratu­re au président de la République, à défaut de quorum. L’absence de quorum intervient sur fond du départ à la retraite du président et du deuxième vice-président de l’Instance et de la validation de la demande de récusation déposée par un autre membre de l’Ipccpl, Sami Jerbi. Composée de 6 membres, l’Instance prend ses décisions à la majorité absolue de ses membres, soit quatre membres. L’Associatio­n des magistrats tunisiens (AMT) a dit mercredi regretter la décision du président de la République de promulguer la loi amendant et complétant la loi organique n° 2016-34 sur le Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM). « En dépit des recours déposés auprès de l’Instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi par 37 députés, le projet de loi organique amendant et complétant la loi organique n° 2016-34 sur le CSM a été paraphé», s’indigne le bureau exécutif de l’ATM dans un communiqué. La promulgati­on par le président de la République de la loi amendant et complétant la loi organique n° 201634 sur le CSM risque de compromett­re la stabilité de l’institutio­n et l’indépendan­ce de la magistratu­re», avertit l’AMT. L’Associatio­n des magistrats tunisiens (AMT) avait demandé dimanche dernier du président de la République de ne pas promulguer la loi amendant la loi relative au Conseil supérieur de la magistratu­re. Selon elle, l’amendement de la loi sur le CSM a pour dessein de porter atteinte à l’indépendan­ce du Conseil. Depuis l’annonce en novembre 2016 des résultats des élections du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM), la première séance du conseil n’a pas pu, jusqu’à ce jour, se tenir en raison de divergence­s concernant principale­ment le quorum de la première séance et les nomination­s des magistrats au CSM.Trois membres du Conseil supérieur de la magistratu­re avaient annoncé, le 20 janvier 2017, le lancement d’une initiative pour aplanir les difficulté­s qui entravent la mise en place du Conseil. Appuyée par 29 sur 41 membres du CSM, cette initiative a été proposée par le premier président du Tribunal administra­tif, Abdessalem Mehdi Krissiaa, du président du Tribunal immobilier, Radhouane Ouarthi et du vice-président de la Cour des comptes, Noureddine Zaouali. Parallèlem­ent, le gouverneme­nt avait proposé une initiative législativ­e composée de trois articles pour résoudre la crise du CSM. La Commission parlementa­ire de la législatio­n générale avait adopté le 14 mars 2017 le projet de loi organique amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re dans son intégralit­é. Lors d’une plénière de l’ARP, le 24 janvier dernier, le ministre de la Justice avait déclaré que « le gouverneme­nt sera dans l’obligation de proposer des solutions, si la crise du CSM persiste».

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