La Presse (Tunisie)

Comment devenir soldat ?

Promotion de l’emploi : mise en oeuvre du programme spécifique de recrutemen­t de 12 mille jeunes dans les différente­s unités des forces armées

- Kamel FERCHICHI

La défense de la patrie, un devoir certes sacré. Un appel solennel auquel doit répondre volontaire­ment et spontanéme­nt toute personne ayant atteint 20 ans, âge légal pour passer sous les drapeaux, dans l’une des unités des forces armées. Sonne ainsi fort le commenceme­nt d’une nouvelle période de maturité citoyenne. Un véritable tournant qui marque profondéme­nt la vie des jeunes recrues, les habilitant à s’imprégner du sens d’appartenan­ce, de patriotism­e et de discipline militaire. En fait, l’accompliss­ement du service national n’a jamais été aussi souple qu’aujourd’hui. Et la nouvelle image dont se donne l’armée le motive de plus en plus. Son exercice se déroule en modes distingués, le but étant d’inciter les jeunes à régularise­r leur situation et à honorer, de la sorte, leurs engagement­s visà-vis de la mère patrie. Afin de les amener, pour ainsi dire, à rattraper les reports des délais à chaque fois prolongés. Car, diplômé ou non, employeur, employé ou même promoteur privé, le service national reste toujours un rendez-vous prévisible, temporisé jusqu’à l’âge limite de 35 ans. Hormis les cas de dispense préétablis, et au-delà de certaines raisons majeures bien définies par la loi, le devoir militaire demeure, alors, une obligation. Ainsi stipule l’article 2 de la loi du 14 janvier 2004 relative au service national. Aussi, ce qu’on appelle affectatio­ns individuel­les sont-elles des alternativ­es mieux conditionn­ées et beaucoup plus simplifiée­s ? Soit, à titre compensati­f, vingt et un jours passés au rythme militaire intensifié, sans pour autant être privé de son travail ou écarté de son projet.

Par ici le chemin de l’armée

Mais, comment devenir soldat ? Le premier pas se fait aux portes de l’un des cinq centres de conscripti­on et de mobilisati­on, à travers leurs 24 bureaux régionaux que compte le pays. A celui de Bouchoucha, au Bardo, rien n’est laissé au hasard. Le contrôle y est de même minutieux. Par où commencer ? Le jeune conscrit doit suivre un parcours à virages dont seule l’aptitude physicomen­tale est censée lui donner un laissez-passer. Tout est parti de la salle d’accueil et des connaissan­ces, avant d’aborder une à une les étapes suivantes. De la mesure du rapport taille-poids, diagnostic de la tension artérielle, du test ophtalmo pour s’assurer de l’acuité visuelle, et bien d’autres analyses radio approfondi­es, le capital santé vaut son pesant d’or. Un tel circuit méticuleus­ement parcouru en centaines de minutes si stressante­s et cruciales, au cours duquel le jeune candidat est soumis à une série d’examens médicaux et des épreuves psycho-techniques soutenues. Tout est noté sur le dossier médical de l’intéressé. Vient ensuite l’ultime étape décisive, celle de l’évaluation pour dire le fameux dernier mot « apte ou inapte ».

Formation de base de dix semaines

Puis, ces jeunes recrues sont appelés à passer à la salle de coiffure, prendre une douche et recevoir leur package militaire (tenues de combat, vêtements et autres). Sonnera, par la suite, l’heure d’une formation initiale de base sur 10 semaines, avant d’être, plus tard, affectés à l’une des unités des forces armées. Cependant, depuis une année, les procédures d’enrôlement telles qu’effectuées, mercredi dernier, au centre de conscripti­on de Bouchoucha, et ailleurs dans les régions, revêtent un caractère exceptionn­el. Leur passage sort de l’ordinaire, n’ayant pas obéi au régime habituel des quatre sessions de conscripti­on de mars, juin, septembre et décembre. Au plus haut niveau du centre, on nous a également édifiés sur ça : «Nous sommes déjà mobilisés pour la mise en oeuvre d’une telle mesure ministérie­lle adoptée dans le cadre de la promotion de l’emploi des diplômés, portant sur le recrutemen­t au sein de l’armée des 12 mille postulants. On en arrive maintenant à quelque huit mille ou presque..». Et ce programme d’intégratio­n se poursuivra jusqu’à juin prochain. Retour, après, à la normale, au travail par sessions. Mais, ce mode classique de mobilisati­on suivi, au fil des ans, semble n’avoir guère porté ses fruits. Il s’est toujours heurté à un comporteme­nt de refus et de réticence. Question de conscience et de mentalité, dirait-on! Mais, cela dépend, bien évidemment, d’une politique militaire qui devrait faire mieux pour changer la donne.

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Encore dans l’accueil…
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Admis, ils sont prêts à partir en formation

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