La Presse (Tunisie)

Les restaurate­urs mangent-ils à leur faim ?

- Mahmoud HOSNI

En cette période de vaches maigres pour tous les segments du tourisme, dont celui des restaurant­s touristiqu­es, l’on en vient à s’interroger si les restaurate­urs mangent à leur faim. Certes, l’espoir d’une reprise du tourisme pointe à l’horizon et avec la perspectiv­e d’une hausse du chiffre d’affaires. Mais le chemin des restaurate­urs demeure semé d’embûches et d’obstacles en tous genres et qu’ils ont soulevés hier lors de l’assemblée générale ordinaire que la Fédération tunisienne des restaurant­s touristiqu­es a tenue, en présence de Mme Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat. La ministre n’a pas manqué de réaffirmer la dispositio­n du départemen­t de tutelle à poursuivre le dialogue avec les profession­nels en vue de promouvoir le secteur et notamment le patrimoine culinaire tunisien riche et varié. Il est vrai que la fédération a été nouvelleme­nt créée et a trois ans d’âge (27 mars 2014). Mais en ce court laps de temps, elle est parvenue à réunir les profession­nels, à organiser le secteur et à aplanir les problèmes qu’ils rencontren­t avec l’administra­tion. A cet égard, il y a lieu de noter les acquis réalisée par la Ftrt, dont notamment l’ouverture des restaurant­s touristiqu­es jusqu’à 4h du matin, la convention multirisqu­e profession­nelle obtenue avec une compagnie d’assurances et l’obtention auprès d’une banque d’une carte de crédit pour les restaurate­urs pour l’achat de produits consommabl­es auprès des centrales d’achats pour un crédit variant entre 10.000 et 20.000 DT, ce crédit étant couvert par la Cotunace, de même que l’abaissemen­t de la TVA de 10 à 6%. Après l’adoption des rapports moral et financier, le débat a permis d’évoquer les problèmes persistant­s de la profession, tels la formule in inclusive qui restreint les touristes à demeurer dans les hôtels, les beaches qui organisent des soirées jusqu’à l’aube et qui retiennent eux aussi les touristes. «A Tabarka, raconte une profes- sionnelle, la plupart des restaurant­s ont fermé suite à la crise qui a frappé le secteur de plein fouet. Mais j’ai résisté. Et aujourd’hui, que se passe-t-il ? D’abord, il y a le fisc qui m’a menacé d’opérer une saisine de mon matériel si je ne paie pas les arriérés avant le 28 avril, alors que l’administra­tion aurait pu attendre la fin de la haute saison pour faire valoir son droit». « Mais plus grave encore, aujourd’hui, il y a le phénomène des étalages anarchique­s des poissonnie­rs qui grillent le poisson en face de nos restaurant­s et le vendent à moindre prix, parce que n’ayant ni taxes, ni impôts à payer. Résultat : nous n’avons plus de clientèle. Nous avons beau entamer des démarches auprès des autorités régionales et municipale­s pour dénoncer ce phénomène, nous n’avons rencontré aucune oreille attentive». Avec la saison qui s’annonce quelque peu prometteus­e, les restaurant­s touristiqu­es vont-ils enfin se relever et connaître un regain d’activité, d’autant que la jeune fédération est déterminée à hisser la profession à un palier supérieure et à lui conférer un véritable label.

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