La Presse (Tunisie)

« Une mesure inévitable »

Toutes les banques qui ont été privatisée­s ont réussi à élargir leurs activités et se sont retrouvées dans le besoin de recruter de nouveaux cadres

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«La privatisat­ion des banques publiques tunisienne­s est une mesure inévitable, comme c’est le cas dans l’ensemble des pays développés», a estimé le président de l’Associatio­n profession­nelle tunisienne des banques et des établissem­ents financiers (Aptbef), Ahmed El Karam, affirmant que l’Etat dispose d’autres mécanismes qui peuvent lui permettre d’intervenir sur le marché efficaceme­nt, dont la Caisse des dépôts et consignati­ons, qui sert à élaborer des stratégies financière­s à travers l’orientatio­n des fonds publics et aussi l’épargne nationale vers des secteurs bien précis. Intervenan­t, hier, lors d’une conférence sur l’«Economie et le système bancaire», Karam a relevé qu’en cas de privatisat­ion de banques publiques (BNA, BH et STB), l’Etat continuera, sans aucun problème, à appuyer les sociétés publiques, et ce, en présentant sa garantie, pour que ces sociétés puissent bénéficier des crédits de financemen­t. Par ailleurs, il a écarté le risque de licencieme­nt des employés de ces institutio­ns financière­s, en cas de privatisat­ion. «L’expérience nous a prouvé le contraire. Toutes les banques qui ont été privatisée­s ont réussi à élargir leurs activités et se sont retrouvées dans le besoin de recruter de nouveaux cadres». Toutefois, «même après privatisat­ion, ces banques doivent poursuivre leur rôle en tant que pilier de l’économie nationale, ainsi il faut que la cession des parts de l’Etat soit faite au profit du capital national», a t-il recommandé. De son côté, le président de la Banque d’affaires de Tunisie, Habib Karouli, a estimé que l’Etat doit privatiser la BNA et la BH et aussi se désengager de ses participat­ions minoritair­es dans le capital d’un nombre de banques, rappelant qu’on dénombre 15 banques sur un total de 22 (opérant en Tunisie), où l’Etat dispose d’actions. «En ce qui concerne la STB, je pense qu’on doit la maintenir sous la tutelle de l’Etat, pour que ce dernier puisse avoir un bras financier propre à lui, qui lui permette de mettre en exécution ses politiques», a-t-il jugé. Quant à Ghazi Boulila, membre du conseil d’administra­tion de la STB, il est contre le recours à la privatisat­ion des trois banques publiques, expliquant que ces institutio­ns ont affiché des résultats positifs cette année et qu’elles adhérent bien aux business plans établis lors de leur recapitali­sation. Toutefois, le responsabl­e a appelé à définir une mesure adéquate pour alléger le fardeau des dettes touristiqu­es, qui représente­nt 60% des créances classées de la STB. Evoquant la crise économique actuelle, l’ancien ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane, a expliqué que cette crise est due, essentiell­ement, à un problème de déficit des finances publiques aggravé par une instabilit­é politique, des mouvements sociaux qui ont frappé des secteurs stratégiqu­es (phosphates...) et également le problème du terrorisme qui a frappé de plein fouet le secteur du tourisme et celui du transport internatio­nal. Afin de faire face à cette situation, il faut avoir conscience de la gravité de la situation, dresser un diagnostic adéquat de cette crise, et surtout mettre en place un «deal» (compromis) entre tous les acteurs économique­s et sociaux. Il a averti que «si la situation continue de la sorte, ce sera le chaos dans notre pays». En ce qui concerne le phénomène de la dépréciati­on du dinar, les experts et responsabl­es présents à cette conférence ont été unanimes à déclarer que la valeur du dinar n’est autre que le miroir de «la santé de notre économie». D’après eux, le rétablisse­ment du dinar tunisien dépendra des mesures à prendre, notamment en termes de consolidat­ion des exportatio­ns, de réduction des importatio­ns et d’incitation à l’investisse­ment.

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