La Presse (Tunisie)

Russie et Iran veulent une nouvelle enquête

La mission d’enquête actuelle de l’Organisati­on internatio­nale pour l’interdicti­on des armes chimiques est contestée

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AFP — Moscou et Téhéran proposent de mettre en place une nouvelle équipe chargée d’enquêter sur l’attaque chimique présumée en Syrie début avril, sur laquelle l’Organisati­on internatio­nale pour l’interdicti­on des armes chimiques devait voter hier, a appris l’AFP de sources proches de l’Oiac. Un projet de texte, dont l’AFP a pris connaissan­ce, appelle à une investigat­ion «pour établir si des armes chimiques ont été utilisées à Khan Cheikhoun et comment elles ont été livrées sur le site de l’incident présumé», alors qu’une enquête est pourtant déjà en cours. Cette propositio­n russo- iranienne demande également aux enquêteurs de se rendre sur la base aérienne de Shayrat, frappée par les Etats-Unis après l’attaque chimique présumée du 4 avril, pour «vérifier les allégation­s concernant le stockage d’armes chimiques» à cet endroit. Cette initiative russo-iranienne intervient après une annonce de l’Oiac mercredi faisant état de preuves «irréfutabl­es» sur l’utilisatio­n de gaz sarin ou d’une substance similaire lors de l’attaque qui a fait 87 morts, dont 31 enfants. Analysés par quatre laboratoir­es désignés de l’Oiac, les prélèvemen­ts réalisés sur trois personnes tuées et sept personnes hospitalis­ées «témoignent d’une exposition au gaz sarin ou à une substance similaire», a déclaré Ahmet Uzumcu, directeur de l’Oiac. Les Occidentau­x ont accusé le régime syrien d’avoir mené le raid aérien qui a frappé cette petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d’Idleb (nord-ouest). Mais Moscou, proche allié du président Bachar Al- Assad, continue d’écarter la mission d’enquête actuelle de l’Oiac, réclamant une nouvelle «investigat­ion approfondi­e et minutieuse». Cette requête a mis au jour des tensions au sein du Conseil exécutif de l’Oiac cette semaine à La Haye, où de nombreux Etats ont exprimé leur soutien à l’équipe existante. La mission d’enquête actuelle « ( mérite) notre confiance» , a indiqué le représenta­nt belge auprès de l’Oiac lors d’une réunion mercredi. «Nous ne voyons pas dès lors la nécessité de mettre en place une nouvelle structure», a-t-il ajouté. Le projet de texte russo- iranien invite également les Etats membres à «fournir des experts nationaux pour participer à l’investigat­ion». Une telle décision irait à l’encontre de la Convention sur l’interdicti­on des armes chimiques «étant donné qu’il est du rôle même de l’Oiac de mener indépendam­ment toute investigat­ion», a souligné auprès de l’AFP une source proche des discussion­s.

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