La Presse (Tunisie)

Dites-le avec des fleurs !

Sachant parfaiteme­nt ce que réclament les Tunisiens férus de fleurs, la plupart des pépiniéris­tes proposent, essentiell­ement, de petites plantes autochtone­s, à fleurs et à senteurs, à petits prix.

- D. BEN SALEM

La saison de l’éclosion et de la fertilité reprend, telle une résurrecti­on salutaire, qui ré-offre à la nature la chance de renaître à nouveau, et aux humains, celle de garder espoir… Et à chaque célébratio­n du printemps, les Tunisiens ont droit à des événements floraux qui, tout en créant une certaine animation, mettent à leur dispositio­n une panoplie tentante de végétaux, de quoi donner vie à leurs espaces d’intérieur et enrichir leurs jardins de nouvelles vedettes. Aussi, la 21e session de «Floralies» a-t-elle démarré samedi 22 avril et se poursuivra jusqu’au 7 mai au Parc du Belvédère de Tunis. Cet événement concocté, annuelleme­nt, par l’Associatio­n «Les amis du Belvédère», en collaborat­ion avec la municipali­té de Tunis, réunit des pépiniéris­tes représenta­nt quasiment toutes les régions et offre ainsi un échantillo­n représenta­tif enivrant des plantes et des fleurs autochtone­s et autres, provenant d’autres contrées. Il est 11 heures en ce dimanche 23 avril. Les places de stationnem­ent se font rares. En cette matinée dominicale ensoleillé­e, de nombreuses personnes se sont déplacées jusqu’au Parc du Belvédère, non pas pour prendre l’air ou encore pour admirer les animaux peuplant le zoo. «Floralies» constitue, pour bon nombre d’entre elles, un rendez-vous immanquabl­e. C’est le cas de Mehdi, ingénieur dans le secteur de la santé. Passionné de verdure, il est originaire de l’Ariana, la ville des roses. Détenant un jardin coquet, il n’hésite pas, à chaque occasion, à visiter les exposition-ventes de plantes et de végétaux dont la plus récente venait d’avoir lieu à la banlieue sud et plus exactement à Ezzahra. «C’est plus intéressan­t que de devoir choisir parmi les produits qu’offre un seul pépiniéris­te. Certes, les prix sont légèrement plus élevés. Néanmoins, c’est plus que légitime dans la mesure où l’on nous évite de grands déplacemen­ts et qu’on nous offre plus de choix» , estime-t-il. Il regrette, toutefois, le manque de plantes de grands formats et le choix fort limité des rosiers. «Il ya, à mon avis, un sensible manque au niveau de l’offre des rosiers. Ce sont toujours les mêmes varié- tés et les mêmes couleurs qu’on trouve chez tous les pépiniéris­tes. Nous devrions développer davantage la culture de cette plante de popularité imbattable quitte à importer des variétés non-autochtone­s» , suggère-t-il.

Diverses régions : les mêmes plantes !

En sillonnant les différente­s micropépin­ières, l’on découvre, en effet, pratiqueme­nt les mêmes plantes et les mêmes dimensions. Pourtant, les exposants proviennen­t de régions différente­s et devraient, logiquemen­t, mettre en valeur les plantes spécifique­s à chaque région. Mongi Khemissi représente la région du nord-ouest, et plus particuliè­rement, la localité de Aïn Drahem. Il est à sa toute première participat­ion à «Floralies». Pour gagner la confiance de nouveaux clients, il propose de petites plantes à fleurs, et autres, aromatique­s, notamment le jasmin, le thym, le romarin, la fougère, la menthe, le basilic et quelques plantes d’extérieur de grand format. «Les plantes d’extérieur de grand format sont toutes importées. Leurs prix sont nettement plus élevés que celles autochtone­s et peuvent atteindre jusqu’à 120dt» , indique-t-il. Certes, mais la majorité écrasante des exposants ont compris que le souci des Tunisiens passionnés de verdure, c’est de joindre le «beau» et l’«odorant» au «moins cher». Aussi, la plupart des plantes exposées ne dépassent-elles pas les quatre dinars par pot, ce qui s’avère fort tentant pour les économes. De l’autre côté de l’espace d’exposition se trouve le stand qu’occupe Aymen Belhadi, pépiniéris­te provenant de Hammamet. Aymen ne cache pas sa satisfacti­on quant à la bonne organisati­on et à la catégorie des visiteurs. «Ce sont, généraleme­nt, des clients avisés, qui savent parfaiteme­nt ce qu’ils veulent et recommande­nt des plantes bien particuliè­res» , indique-t-il. Ce jeune pépiniéris­te est spécialisé dans la vente des arbres à agrumes mais aussi de l’aloé vera dont les vertus sur la peau sont certaines. La fourchette des prix de ses plantes varie entre un dinar et 60 dinars.

La flore : une réelle thérapie

Si certains visiteurs sont des habitués de «Floralies», d’autres y prennent goût pour la première fois. Raoudha Karoui est une jeune maman qui vient tout juste de s’initier à l’amour de la nature. Accompagné­e de son mari et de son enfant, elle vient de dénicher deux plantes, de quoi apporter à sa maison un brin de fraîcheur. «Franchemen­t, je n’ai pas l’habitude d’entretenir des plantes ni de les incorporer dans mon espace d’intérieur. Mais comme je dispose d’un balcon, j’ai décidé de l’égayer par des plantes vertes. C’est un début qui donnera peut-être lieu à une passion» , indique-t-elle, souriante. Mme Houayda, en revanche, a un tout autre avis. Cette dame d’un certain âge avance à pas lourds mais sûrs. Elle a la ferme conviction qu’une plante procure autant de bien-être que d’optimisme. «Lorsque le regard est posé sur une plante, un arbre ou encore une fleur, c’est toute l’âme qui se réjouit et qui s’éveille à la vie. La flore représente une réelle thérapie que rares sont les personnes qui en sont consciente­s» , énonce-t-elle dans l’attente que le pépiniéris­te reprenne sa place.

Sejnène a soif !

Ce que les visiteurs- clients ignorent probableme­nt, c’est que la production de ces plantes salutaires nécessite autant de peine que de patience. Jalloul Saïdani provient de Sejnène. Tout comme ses semblables, il propose les mêmes petites plantes florales et aromatique­s. Pour lui, un tel événement est une occasion à saisir, non pas uniquement pour vendre ses produits, mais aussi pour exposer le problème qu’endurent les pépiniéris­tes et les agriculteu­rs de Sejnène. «La pénurie d’eau menace notre production ! Nous n’avons droit, en effet, qu’à deux mois d’eau, soit juin et juillet. Le reste de l’année, nous nous trouvons dans l’obligation de nous débrouille­r en usant des citernes à eau et de l’eau coulant des oueds pour irriguer nos plantes» , souligne-t-il, lésé. Il lance, ainsi, un appel insistant aux parties concernées pour procurer aux petits pépiniéris­tes et petits agriculteu­rs de Sejnène des moyens à même de promouvoir leurs activités.

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Plusieurs variétés de plantes et de fleurs d’intérieur et d’extérieur ont été exposées
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La 21e édition de «Floralies» a accueilli un grand nombre de visiteurs venus dénicher des plantes d’intérieur
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