La Presse (Tunisie)

Les dépenses militaires continuent d’augmenter

Les dépenses militaires américaine­s ont augmenté de 1,7 % entre 2015 et 2016, ceux de l’Arabie Saoudite ont diminué de 30%.

-

Les dépenses militaires mondiales ont augmenté pour la deuxième année consécutiv­e, avec un total de 1.686 milliards de dollars en 2016 — la première augmentati­on annuelle consécutiv­e depuis 2011 où les dépenses avaient atteint leur sommet avec 1 699 milliards de dollars. Les tendances et les évolutions des dépenses militaires varient considérab­lement d’une région à l’autre. Les dépenses ont continué de croître en Asie et en Océanie, en Europe centrale et de l’Est et en Afrique du Nord. En revanche, les dépenses ont diminué en Amérique centrale et dans les Caraïbes, au Moyen-Orient (selon les pays pour lesquels les données sont disponible­s), en Amérique du Sud et en Afrique subsaharie­nne. Les États-Unis demeurent le pays dont les dépenses militaires sont les plus élevées au monde. Les dépenses militaires américaine­s ont augmenté de 1,7 % entre 2015 et 2016 à 611 milliards de dollars. Les dépenses militaires de la Chine, deuxième plus grand dépensier en 2016, ont augmenté de 5,4 % à 215 milliards de dollars, soit un taux de croissance beaucoup plus faible que les années précédente­s. La Russie a augmenté ses dépenses de 5,9 % en 2016 à 69,2 milliards de dollars, ce qui la place au troisième rang des plus grands dépensiers. L’Arabie saoudite, troisième plus grand dépensier en 2015, passe au quatrième rang en 2016. Les dépenses de l’Arabie saoudite ont diminué de 30 % en 2016 à 63,7 milliards de dollars, malgré sa participat­ion continue dans les guerres régionales. Les dépenses militaires de l’Inde ont augmenté de 8,5 % en 2016 à 55,9 milliards de dollars, ce qui en fait le cinquième plus grand dépensier. L’accroissem­ent des dépenses militaires américaine­s en 2016 pourrait signifier la fin d’une tendance à la baisse des dépenses résultant de la crise économique et du retrait des troupes américaine­s d’Afghanista­n et d’Irak. Les dépenses des États-Unis en 2016 restent 20 % inférieure­s à leur pic en 2010. « En dépit des restrictio­ns légales continues sur le budget global des États-Unis, les augmen- tations des dépenses militaires ont été accordées par le Congrès », souligne Dr Aude Fleurant, directrice du programme Armes et dépenses militaires (Amex) du Sipri. «Les évolutions des dépenses futures restent incertaine­s en raison du changement de situation politique aux Etats-Unis». Les dépenses militaires en Europe occidental­e ont augmenté pour la deuxième année consécutiv­e et ont crû de 2,6 % en 2016. Des augmentati­ons ont été observées dans tous les pays d’Europe occidental­e — sauf trois. L’Italie enregistre l’augmentati­on la plus notable, avec des dépenses augmentant de 11 % entre 2015 et 2016. Les pays ayant réalisé la plus forte augmentati­on des dépenses militaires sont en Europe centrale, qui ont augmenté de 2,4 % en 2016. «L’accroissem­ent des dépenses de nombreux pays d’Europe centrale peut être attribué en partie à la perception d’une Russie représenta­nt une menace plus grande» , précise Siemon Wezeman, chercheur principal au programme Amex du Sipri. «Ceci, malgré le fait que les dépenses de la Russie en 2016 ne représente­nt que 27 % du total combiné des pays européens membres de l’Otan».

Choc pétrolier

«La chute des revenus du pétrole et les problèmes économique­s liés au choc pétrolier ont forcé de nombreux pays exportateu­rs de pétrole à réduire leurs dépenses militaires» , souligne Dr Nan Tian, chercheur au programme Amex du Sipri. «Par exemple, entre 2015 et 2016, l’Arabie saoudite a enregistré la plus forte baisse des dépenses en valeur absolue de 25,8 milliards de dollars» . Les réductions les plus importante­s des dépenses militaires en 2016 sont liées à la baisse des revenus pétroliers au Venezuela (-56 %), au Soudan du Sud (-54 %), en Azerbaïdja­n (-36 %), en Irak (-36 %) et en Arabie saoudite (-30 %). D’autres baisses notables ont été observées en Angola, en Equateur, au Kazakhstan, au Mexique, en Oman et au Pérou. Seulement 2 des 15 pays réalisant de fortes diminution­s des dépenses en 2016 ne sont pas exportateu­rs de pétrole. En revanche, une minorité de pays exportateu­rs de pétrole, comme l’Algérie, l’Iran, le Koweït et la Norvège sont mieux équipés économique­ment pour faire face aux chocs pétroliers et pourraient poursuivre leurs projets de dépenses comme en 2016. Autres faits marquants ! En 2016, les dépenses militaires mondiales représente­nt 2,2 % du PIB mondial. Les dépenses militaires en pourcentag­e du PIB ont été les plus élevées au Moyen-Orient (pour les pays dont les données sont disponible­s), avec une moyenne de 6,0 % du PIB en 2016, tandis que les plus basses ont été observées dans les Amériques, avec une moyenne de 1,3 % du PIB. ! Les dépenses en Afrique ont diminué de 1,3 % en 2016, seconde année de diminution après 11 années consécutiv­es d’augmentati­on. Cela s’explique principale­ment par les réductions des dépenses par les pays exportateu­rs de pétrole en Afrique subsaharie­nne (par exemple, l’Angola et le Soudan du Sud). En Asie et en Océanie, les dépenses militaires ont augmenté de 4,6 % en 2016. Les niveaux de dépense sont liés aux nombreuses tensions dans la région telles que les différends territoria­ux en mer de Chine méridional­e. Les dépenses militaires combinées en Amérique centrale, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud ont diminué de 7,8 % à un niveau qui n’avait pas été observé depuis 2007. Cette chute s’explique en grande partie par la réduction des dépenses des pays exportateu­rs de pétrole tels que l’Équateur, le Mexique, le Pérou et le Vénézuela. Les dépenses du Brésil ont continué de diminuer suite à l’aggravatio­n de la crise économique. ! Il n’y a pas d’estimation pour le Moyen-Orient car les données ne sont pas disponible­s pour plusieurs dépensiers clés, comme les Émirats arabes unis. Pour les pays dont les données sont disponible­s, des augmentati­ons substantie­lles ont été observées en Iran et au Koweït, alors que des diminution­s considérab­les ont été réalisées en Irak et Arabie Saoudite.

(Source : SIPRI)

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia