La Presse (Tunisie)

Hollande appelle à voter pour son ex-ministre de l’Économie

Les deux finalistes, invités par le chef de l’État à participer, aujourd’hui, à l’hommage national au policier tué dans un attentat sur les Champs-Élysées

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AFP — La campagne du second tour de l’élection présidenti­elle s’est ouverte hier avec une journée de «négociatio­ns politiques» pour le favori Emmanuel Macron, pour qui François Hollande a solennelle­ment appelé à voter, tandis que Marine Le Pen est repartie sur le terrain dans le Pasde-Calais. «La présence de l’extrême droite fait une nouvelle fois courir un risque pour notre pays (...) Face à un tel risque, la mobilisati­on s’impose et la clarté des choix. Pour ma part, je voterai Emmanuel Macron», a déclaré le chef de l’État dans une allocution télévisée à l’Élysée. Selon les «résultats globaux», hors Français de l’étranger, communiqué­s par le ministère de l’Intérieur, M. Macron est arrivé en tête du premier tour avec 23,75% des suffrages devant la présidente du Front national (21,53%). François Fillon est arrivé troisième avec 19,91% des voix, devant Jean-Luc Mélenchon, à 19,64%. Les deux finalistes, invités par le chef de l’État à participer aujourd’hui à l’hommage national au policier tué dans un attentat sur les Champs-Élysées, préparent désormais le traditionn­el débat télévisé de l’entre-deuxtours, prévu le 3 mai. Leurs entourages ont indiqué qu’ils avaient chacun l’intention d’y participer, alors qu’en 2002 le président sortant, Jacques Chirac, avait refusé d’affronter Jean-Marie Le Pen.

«On est challengeu­r, clairement»

En attendant, Emmanuel Macron, tout en se préparant pour remporter le second tour, devait, selon son entourage, consacrer les journées d’hier et aujourd’hui aux «négociatio­ns politiques» dans le but de former une majorité, en prévision des législativ­es des 11 et 18 juin. Critiqué pour avoir fêté le résultat du premier tour à La Rotonde, une brasserie du quartier de Montparnas­se, le candidat d’En Marche! pourrait tenir un meeting dans sa ville natale d’Amiens avant le 7 mai. De son côté, Marine Le Pen est repartie dans son fief électoral du Pas-de-Calais pour arpenter les allées du marché de Rouvroy. Alors que les ralliement­s à M. Macron se sont multipliés dès avant-hier soir, de Benoît Hamon à François Fillon, la présidente du FN a brocardé devant la presse «le vieux front républicai­n tout pourri, dont plus personne ne veut» qui «essaie de se coaliser» contre elle. Pour ce second tour, «on est challengeu­r, clairement», a jugé le vice-président du FN Florian Philippot, qui a demandé à Nicolas Dupont-Aignan d’être «cohérent» en appelant à voter pour Marine Le Pen. Le président de Debout la France (4,75% des suffrages) réunissait hier les instances de son parti et devrait se prononcer dans les prochains jours. Selon deux sondages réalisés avant-hier soir, Emmanuel Macron battrait largement Marine Le Pen, à 62%-38% selon Ipsos Sopra Steria, à 64%-36% selon Harris Interactiv­e. La présidente du FN tiendra jeudi un meeting d’entre-deux-tours à Nice. La journée était agitée chez Les Républicai­ns: avec l’éliminatio­n de François Fillon, la droite est absente du second tour pour la première fois sous la Ve République. Lors d’un comité politique en matinée, les principaux responsabl­es LR ont laissé éclater leurs divergence­s sur un appel explicite à voter pour Emmanuel Macron, optant finalement pour un compromis qui exclut l’abstention au second tour. Un bureau politique était prévu à 17h00. A l’issue d’une réunion de son bureau national, le PS a pour sa part appelé «à battre l’extrême droite» et donc «à voter» pour Emmanuel Macron. «Cette prise de position a été unanime au sein du bureau national du PS et c’est suffisamme­nt rare pour que ce soit souligné», a déclaré le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, appelant les socialiste­s à «s’engager dans la bataille», après le score historique­ment faible de Benoît Hamon (6,35%).

«La fin d’un cycle»

Le scrutin d’avant-hier a vu l’éliminatio­n des deux partis dominant la vie politique depuis quarante ans: le parti gaulliste, aujourd’hui Les Républicai­ns, et le Parti socialiste. Deux partis ayant organisé une primaire ouverte. A droite, Jean-Pierre Raffarin, ex-soutien d’Alain Juppé, a jugé «trop facile de trouver un boucémissa­ire» en la personne de François Fillon. « Défaite personnell­e» d’une «droite recroquevi­llée» sur «ses seules bases bourgeoise­s et conservatr­ices», estime le maire de Tourcoing Gérald Darmanin, ex-soutien de Nicolas Sarkozy. Au PS, Manuel Valls a analysé «la fin d’un cycle». «Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, qui sont en désaccord notamment sur l’Europe, sur l’économie, sur l’entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique ? Personnell­ement je ne le crois pas. Donc doit venir le temps, enfin, de la clarificat­ion», a prôné l’ancien Premier ministre, soutien de Macron dès avant le premier tour. Le Parti radical de gauche (PRG) a appelé à voter Macron et proposé de «bâtir avec lui une coalition large de gouverneme­nt». A gauche, Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, n’a pas donné de consignes de vote, expliquant s’en remettre à l’avis des 450.000 soutiens de sa plateforme internet. A l’étranger, le président de la Commission européenne, JeanClaude Juncker, a souhaité «bon courage pour la suite» à Emmanuel Macron. Le gouverneme­nt allemand a apporté son soutien en saluant «sa position pour une UE forte et une économie sociale de marché». La Bourse de Paris, galvanisée par l’anticipati­on d’une victoire de l’ancien ministre de l’Économie, voyait les valeurs bancaires bondir pour certaines de quelque 10%.

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Le président François Hollande saluant Emmanuel Macron quand ce dernier était à la tête de Bercy

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