La Presse (Tunisie)

Les forces arabo-kurdes pénètrent dans ce fief de l’EI

Leur offensive a été accompagné­e de nombreux raids aériens de la coalition internatio­nale antijihadi­stes conduite par les États-Unis

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Les forces arabo-kurdes, appuyées par les États-Unis ont pénétré hier dans la ville de Tabqa, fief du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord-est de la Syrie, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’homme (Osdh). Les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS) sont entrées pour la première fois dans cette ville qu’elles encerclent de toutes parts. Elles ont pris le contrôle de plusieurs points dans le sud et avancent à la périphérie ouest, a précisé l’Observatoi­re. Dans un communiqué posté en ligne, les FDS ont annoncé avoir pris des positions de l’EI dans le sud et l’ouest de Tabqa. Tabqa, qui se trouve à environ 55 km à l’ouest de Raqqa, est le verrou vers la capitale de facto de l’EI en Syrie, but ultime de l’opération des FDS. Tabqa est totalement assiégée par les forces antijihadi­stes depuis le 7 avril. Leur offensive est accompagné­e de nombreux raids aériens de la coalition internatio­nale antijihadi­stes conduite par les États-Unis. L’un d’eux a causé hier la mort d’une famille de huit personnes, dont cinq enfants, qui fuyait en voiture le sud-est de la ville, selon l’Osdh. Pour son directeur, Rami Abdel Rahmane, «la vraie bataille commence maintenant car il n’y a aucune possibilit­é pour les jihadistes de quitter la ville». «La durée de la bataille dépend de la décision des combattant­s de l’EI de se rendre ou de se battre jusqu’au dernier», a-t-il dit.

Un enjeu économique et stratégiqu­e

Cette entrée est doublement stratégiqu­e: elle constitue un verrou sur la route de Raqa, «capitale» du groupe Etat islamique, et son barrage hydro-électrique, le plus grand de Syrie. Une reprise du barrage et de la ville, située à 55 km au sud-ouest de Raqa (nord de la Syrie), permettrai­t aux Forces démocratiq­ues syriennes (FDS) d’avancer vers Raqa à partir du sud pour renforcer l’encercleme­nt du fief de l’EI. Les FDS sont appuyées dans les airs par la coalition internatio­nale dirigée par les Etats-Unis et au sol par des conseiller­s militaires américains. Tabqa se divise en deux; la ville moderne nommée al-Thaoura (la révolution) et la partie ancienne qui continue à s’appeler Tabqa avec son grand marché. Cette division date de l’établissem­ent du barrage sur l’Euphrate en 1968. Elle comptait 250.000 habitants en 2011 contre quelque 75.000 aujourd’hui auxquels s’ajoutent 10.000 jihadistes et leurs familles, venus des pays arabes, d’Europe, d’Australie et des EtatsUnis. Le barrage est édifié sur le fleuve Euphrate, qui s’étend sur 2.800 km et prend sa source en Turquie avant de traverser la Syrie et l’Irak. Il est long de 4,5 km, haut de 60 mètres et large de 512 mètres à sa base. Sa retenue, le lac Assad, s’étend sur 50 km de long et couvre une superficie de 630 km2, ce qui en fait la plus importante réserve d’eau en Syrie avec 12 milliards de m3 d’eau. Le barrage est tombé en février 2013 aux mains des rebelles syriens. Début 2014, l’EI a pris la ville de Raqa, avant de s’emparer entièremen­t de la province du même nom.

Hors service

Fin mars dernier, le barrage ne fonctionna­it plus après la mise hors service par des bombardeme­nts de la centrale électrique. Selon un responsabl­e, la retenue d’eau n’avait pas encore atteint un niveau alarmant, mais celui-ci risquait de monter si le barrage restait hors service. L’ONU a mis en garde contre les «implicatio­ns humanitair­es catastroph­iques» que pourraient causer toute nouvelle hausse du niveau de l’eau ou tout dommage causé au barrage. «Des inondation­s à grande échelle sur Raqa et dans (la province de) Deir Ezzor» pourraient alors se produire, selon le Bureau de coordinati­on des affaires humanitair­es (Ocha). Des paysans ont dit leurs craintes de voir l’EI inonder leurs villages en faisant exploser le barrage.

Aide de l’ex-Urss

Le barrage hydroélect­rique de Tabqa, appelé barrage de l’Euphrate ou «Al-Thaoura» est pour la Syrie aussi important que celui d’Assouan pour l’Egypte. Comme ce dernier, il a été construit avec le concours de l’ex-Union soviétique, alliée de longue date du régime en Syrie. Cette infrastruc­ture, dont la constructi­on a commencé à partir de 1968, a été inaugurée en juillet 1973 sous le mandat du président Hafez Al-Assad, père de l’actuel chef de l’Etat Bachar Al-Assad. L’Euphrate est la principale source d’eau potable dans la région, et une nécessité vitale pour l’agricultur­e et les animaux. La constructi­on du barrage au niveau de la ville Al-Thaoura a permis à Raqa de jouer un rôle important dans l’économie. Le barrage devait générer 880 mégawatts d’électricit­é et permettre l’irrigation de plus de 600.000 hectares. Mais de nombreux problèmes, dont la forte salinité des terres, n’auraient permis d’irriguer que moins du tiers.

Synthèse d’après l’AFP

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en Syrie
Des Forces démocratiq­ues syriennes en Syrie

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