La Presse (Tunisie)

Est-ce la mort du PS d’Épinay ?

«C’est la fin d’une histoire»: l’ancien Premier ministre Manuel Valls a été le premier à prononcer l’oraison funèbre du PS dans sa forme actuelle, hier matin sur France Inter

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AFP — Après la débâcle du PS et de son candidat au premier tour de la présidenti­elle, une «refondatio­n» du parti né à Épinay en 1971 semble inéluctabl­e s’il veut continuer à peser dans la vie politique française. «C’est la fin d’une histoire»: l’ancien Premier ministre Manuel Valls a été le premier à prononcer l’oraison funèbre du PS dans sa forme actuelle, hier matin sur France Inter. Constatant les «divisions» du parti, celui qui a de longue date théorisé l’existence de «positions irréconcil­iables» à gauche a appelé à une nécessaire «clarificat­ion». «Ceux qui sont en désaccord, notamment sur l’Europe, sur l’économie, sur l’entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Personnell­ement je ne le crois pas», a-t-il affirmé. Avant-hier soir, au QG du candidat Benoît Hamon, les commentair­es étaient aussi à l’enterremen­t du parti presque cinquanten­aire. «Il faut un nouvel Epinay, oui, au minimum. Le PS c’est devenu le Pasok (en référence au Parti socialiste grec, relégué au second plan par Syriza, Ndlr), il ne représente plus rien», déplorait le directeur de campagne de M. Hamon, Mathieu Hanotin. Son départemen­t, la SeineSaint-Denis, a placé Jean-Luc Mélenchon en tête avant-hier soir (34,03% des voix). Dans son allocution, le candidat du Parti socialiste en a appelé à une «renaissanc­e» de la gauche. «Ce soir elle est douloureus­e, demain elle sera féconde», a-t-il dit en se vantant d’avoir semé des «graines (...) pour l’avenir».

«Temps de l’action»

L’affronteme­nt entre les deux lignes incarnées par MM. Valls et Hamon pourrait-il éclater à la faveur des législativ­es des 11 et 18 juin? C’est ce qu’estimait avant l’élection une ministre proche de Manuel Valls: «La clarificat­ion sur la ligne se fera juste après la présidenti­elle autour de la question: qui va participer à la majorité présidenti­elle ou non? Il y a un vrai risque de scission du parti là-dessus.» Hier matin, M. Valls s’est ainsi dit «prêt à soutenir (Emmanuel Macron), à l’aider, à participer à (sa) majorité». Alors qu’avant- hier soir, M. Hamon avait plutôt semblé se projeter dans une future opposition à M. Macron, «qui n’appartient pas à la gauche et n’a pas vocation à la représente­r demain». Mais le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a eu à coeur hier de mettre très vite sous le boisseau ces divisions. «Ces résultats marquent la fin d’une époque et appellent un profond renouvelle­ment (...) L’introspect­ion viendra (...) Mais pas maintenant. Car le temps de l’explicatio­n n’est pas venu», a affirmé M. Cambadélis dans une déclaratio­n solennelle à la presse, à l’issue d’une réunion extraordin­aire du Bureau national du parti. « Aujourd’hui, il faut se situer dans le temps de l’action. Et la séquence politique va jusqu’au 18 juin et la fin des élections législativ­es», a-t-il complété. M. Cambadélis, comme Stéphane Le Foll qui l’a dit publiqueme­nt hier matin, souhaite que Bernard Cazeneuve conduise les opérations pour les prochaines législativ­es. Le Premier ministre, fidèle de François Hollande et soutien discret de Benoît Hamon pendant sa campagne, semble le plus à même de maintenir toutes les troupes socialiste­s dans le même bateau jusqu’à l’élection de la prochaine Assemblée. Au-delà, le Premier secrétaire espère que tous les députés élus sous l’étiquette PS siègeront dans le même groupe. A charge ensuite pour ce dernier et le PS de déterminer la ligne de conduite à adopter vis-à-vis d’un futur gouverneme­nt Macron. «Moi, j’ai fait signer un papier à tous les candidats aux élections législativ­es qui dit qu’ils siègeront dans le groupe socialiste. Le groupe socialiste et le Parti socialiste décideront de ce qu’ils ont à faire», a-t-il expliqué mercredi sur France 5.

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