La Presse (Tunisie)

le temps des comptes

- Par Amel ZAIBI

Pourtant, tous, les uns et les autres, s’accordent à dire que la réconcilia­tion est inévitable au bout du compte. Au bout de la reddition des comptes, cela s’entend. N’est-il pas temps de passer à l’acte : faire payer les contrevena­nts et les fauteurs et renflouer les caisses de l’Etat ? le pays est lourdement endetté et il ne gagnera rien en gardant les hommes d’affaires et leurs capitaux sous scellés

Dans un contexte de crise économique et de tensions sociales persistant­es, de tendance à l’instabilit­é politique et d’horizons flous, essentiell­ement pour les jeunes génération­s qui scrutent désormais l’étranger avec insistance, des statistiqu­es, positives en l’occurrence, aussi importante­s soient-elles, perdent leur valeur auprès du commun des citoyens, pourtant demandeurs de transparen­ce et de vérité. Si bien que l’augmentati­on des investisse­ments directs étrangers (IDE) de 18% — ce n’est pas peu — au cours du premier trimestre 2017 par rapport à la même période de l’année précédente, n’a pas l’effet positif escompté, au moment où l’on déplore une énième dévaluatio­n du dinar, où les contestati­ons sociales gagnent plusieurs régions et où le citoyen ne voit aucun impact sur son quotidien, sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat.

En ces jours difficiles, les statistiqu­es, surtout les plus favorables, n’ont pas de crédibilit­é ; même les économiste­s et les analystes ne cessent de les mettre en doute et de répéter chaque jour que la situation économique empire et qu’elle est des plus inquiétant­es. Malgré tout, il faut espérer que la récente entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’investisse­ment contribuer­a à lever les obstacles devant les investisse­urs nationaux et étrangers et à les convaincre de dépasser leurs craintes et leurs hésitation­s. Mais ce ne sera pas suffisant. Le capital a besoin d’assurances, d’apaisement, de confiance, d’un environnem­ent favorable au risque lié à l’investisse­ment.

Pour une partie des Tunisiens, parmi la classe politique et la classe populaire, cet environnem­ent favorable dépend étroitemen­t de la réconcilia­tion globale, politique et économique, celle qui est en mesure de réconcilie­r le pays avec son passé et de le remettre sur les rails du développem­ent. Or le projet de réconcilia­tion n’a pas que des défenseurs et ses détracteur­s sont encore plus persuasifs. Pourtant, tous, les uns et les autres, s’accordent à dire que la réconcilia­tion est inévitable au bout du compte. Au bout de la reddition des comptes, cela s’entend. N’est-il pas temps de passer à l’acte : faire payer les contrevena­nts et les fauteurs et renflouer les caisses de l’Etat ? Le pays est lourdement endetté et il ne gagnera rien en gardant les hommes d’affaires et leurs capitaux sous scellés. Un nouveau projet de loi de réconcilia­tion va être soumis à l’ARP, la classe politique et la société civile sont appelées à l’examiner avec sagesse et rationalit­é. Il est temps que la révolution débouche sur quelque chose de constructi­f différente des protestati­ons et des grèves. La Tunisie doit avancer et progresser.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia