La Presse (Tunisie)

Le jeu peut-il influencer le résultat ?

Il y a des joueurs qui ont la capacité de se frayer un chemin au mental. Vainqueurs ou vaincus, ils scellent la réconcilia­tion avec le vrai football, ils exacerbent les passions. En un mot, ils créent le lien social.

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Il est encore possible de gagner autrement que l’on a tendance aujourd’hui à croire, ou encore à faire croire. C’est-à-dire en laissant l’initiative du jeu à l’adversaire.

Les équipes techniques et ambitieuse­s dans le jeu ne meurent jamais. Quand on voit le Barça et quand on mesure la faculté de ses joueurs à marquer le jeu avec leur manière bien particuliè­re de gérer le match et toutes les contrainte­s qui en découlent, l’on continuera à croire que la fin d’une époque dominée par les équipes techniques n’est pas pour demain.

Le football est constitué de cycles qui se succèdent. On a eu le catenaccio, ensuite le grand Brésil... Aujourd’hui, les équipes avec un plan de jeu ambitieux reviennent en force et s’imposent. Il y a bel et bien une génération d’entraîneur­s et de joueurs qui portent des idées. Les victoires et les exploits passent par une maîtrise du jeu et le pied fermement posé sur le ballon. Le perfection­nement du football trouve aujourd’hui sa raison d’être dans les approches offensives à travers lesquelles les équipes parviennen­t non seulement à trouver le chemin des filets, mais aussi à déclencher les opérations inspirées et diversifié­es et à faire la différence à tout moment.

Il faut dire qu’en dépit de certains excès, le jeu, l’inspiratio­n et l’imaginatio­n influencen­t le résultat. Avoir la possession de la balle, c’est important, c’est valorisant. Le football, le vrai, celui des puristes, peut être comparé, voire associé à d’autres industries du spectacle relevées. Il peut être aussi orienté vers le même public. C’est le sport planétaire par excellence. Chaque supporter investit dans son équipe beaucoup de fierté et beaucoup d’espérances.

Miser sur la taille, la morphologi­e et la condition physique ne peut plus suffire. Les critères de réussite ont d’autres significat­ions, d’autres spécificit­és. On souhaite la technique, l’intelligen­ce et l’inspiratio­n. La tête et les jambes.

Dans ce genre de contexte, le côté leader peut s’avérer tranchant, la capacité à communique­r aussi. Un meneur d’hommes affiche une qualité de leadership. Sur un terrain, il parle, replace, se montre positif, se comporte en patron. On a toujours le souvenir de ces joueurs compétiteu­rs qui n’ont jamais cessé d’avoir envie de gagner toutes les épreuves dans lesquelles ils sont impliqués. Ceux qui ne s’adaptent pas à la passivité et aux restrictio­ns défensives. C’est une qualité essentiell­e susceptibl­e de rejaillir sur l’équipe.

Dans cette entreprise assez spéciale et pas toujours à la portée de tous, il y a des joueurs qui ont la capacité de se frayer un chemin au mental. Vainqueurs ou vaincus, ils scellent la réconcilia­tion avec le vrai football, ils exacerbent les passions. En un mot, ils créent le lien social.

D’une manière générale, les entraîneur­s qui exercent chez nous savent mettre en place les exercices, mais ils ne réfléchiss­ent que trop rarement en termes d’objectifs. Dans quel but aborder tel domaine? Avec quel impact sur l’évolution de l’équipe et les joueurs ? Est-ce qu’on prend conscience de l’importance qui doit être accordée au travail de base et aux acquisitio­ns dès le plus jeune âge ? Combien de répétition­s ? Quel exercice et à quel âge ?

C’est dans ces domaines-là que les progrès à accomplir sont souvent les plus nets. J.M.

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