En roue libre
Les spéculateurs seraient les plus actifs à se préparer au mois de Ramadan. Ils le sont d’autant plus que les autorités ne semblent avoir pris aucune mesure rassurante en prévision d’une vague de hausses qui devrait être sans précédent
Les commerçants informels ou autres savent d’avance que ce mois saint sera la meilleure occasion de se remplir les poches à moindres frais. Le contrôle n’est pas capable de leur imposer une ligne de conduite particulière ni, a fortiori, de les obliger à appliquer des prix raisonnables. De plus, ils s’en tiendront à la libération des prix dans certains produits pour justifier leur politique et à la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande. Déjà, ils affûtent leurs armes pour créer des pénuries dans certaines matières de première nécessité. D’ailleurs, au niveau de ces produits, le consommateur subit toute l’année la pression des détaillants. Ces derniers prennent toutes les libertés pour vendre telle ou telle marchandise au prix qu’ils fixent eux-mêmes (produits subventionnés). Ils vont, même, plus loin en sélectionnant les clients. Il en est ainsi de l’huile végétale, du sucre en poudre. Cela sans parler du retour en force de la vente conditionnée. Les autorités, d’après la plupart des consommateurs, ne sont pas présentes. Elles n’ont aucun impact sur l’évolution des prix qui va dans un sens croissant. Les chiffres de l’INS le montrent. La courbe ascensionnelle est attestée à tous les niveaux et touche tous les produits de consommation. Les marchands autorisés, de leur côté, se plaignent d’une concurrence déloyale en dehors des espaces de vente officiels. Les gros bonnets interceptent les marchandises, directement, auprès des producteurs pour dicter leurs règles et imposer leurs prix au vu et au su de tout le monde. L’inactivité ou l’incapacité des autorités à réagir à ce phénomène reste inexpliquée. Toujours est-il que nous ne faisons que constater les dégâts et en subir les contrecoups. C’est ainsi qu’officiellement, l’indice des prix est toujours à la hausse. Au cours du mois de janvier 2017, le groupe consommation et boisson a augmenté de 4,7 %, les légumes de 15%, les huiles de 10,7 %, les poissons de 9,2 les fruits et les fruits secs de 4,5 %, le lait et dérivés de 1% et les eaux minérales de 6,6 %. Les prochains jours n’annoncent rien de bon, selon la majorité des observateurs. Tous sont d’accord pour prévoir un Ramadan très «chaud». Une véritable épreuve attend le consommateur tunisien. Ce dernier semble livré à lui-même. Toutes ces associations qui prétendent défendre les intérêts des consommateurs ont devant elles une l’occasion unique pour montrer leur sincérité et leur engagement dans cette voie.