La Presse (Tunisie)

«Il faut enraciner la culture de la cyber-sécurité»

La Tunisie se doit d’adapter d’ici mai 2018 son cadre juridique au règlement européen sur la protection des données personnell­es

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«La cyber-sécurité ne peut pas être seulement une question d’encadremen­t juridique, c’est à la fois un comporteme­nt, une prise de conscience et une culture qui font aujourd’hui défaut en Tunisie. Pour réussir à la mettre en place, il faut commencer à agir très tôt sur les mentalités, depuis l’école primaire», a indiqué Chawki Gaddes, président de l’Instance nationale de protection des données personnell­es. Intervenan­t lors du cinquième workshop sur la cyber-sécurité, organisé par l’Instance nationale des télécommun­ications, dans le cadre du projet de jumelage «Appui à l’instance nationale des télécommun­ications», entre la Tunisie, l’Italie, la France et l’Espagne, Gaddes a souligné « la nécessité pour la Tunisie d’adapter son cadre juridique et ses pratiques en matière de cyber-sécurité, au règlement européen sur la protection des données personnell­es (Gdpr) qui entrera en vigueur en mai 2018, pour ne pas être exclue de ce champ de confiance que tente de mettre en place le continent européen». A ce titre, Gaddes a aussi regretté le retard accusé dans la promulgati­on de la loi sur la cybercrimi­nalité en Tunisie. « La loi sur la cybercrimi­nalité a été amorcée en 2009 et finalisée en 2010. Elle est passée en Conseil de ministres en décembre 2010. Cette loi qui constitue un passage obligé, pour instaurer un espace de confiance, a été par la suite enterrée. On l’a fait renaître de ses cendres en 2016, à mon initiative entre autres. Une équipe a été mise en place et a travaillé dessus pendant 6 mois pour la mettre à jour. Elle a été ensuite présentée pour arbitrage à quelques ministres, et c’est à ce niveau qu’il y a eu un nouveau blocage». Et de poursuivre «par la suite, le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed avait annoncé, en décembre 2016, l’intention de promulguer une loi tunisienne sur la cybercrimi­nalité face à l’importance des défis terroriste­s. Depuis, le projet est sur la table du conseiller juridique du chef du gouverneme­nt. Nous avons tenu 5 ou 6 réunions, mais cette loi est toujours à l’état de projet et ce retard est pour le moins regrettabl­e». Gaddes estime par ailleurs nécessaire «d’accélérer le rythme pour avoir en Tunisie une loi sur le renseignem­ent, le but ultime étant de créer un espace de confiance». De son côté, le président de l’Instance nationale des télécommun­ications, Hichem Besbes, a évoqué l’importance de la coopératio­n et des échanges d’expérience­s et de bonnes pratiques avec les parte- naires européens en matière de cyber-sécurité, face à la recrudesce­nce des menaces cybernétiq­ues évoluant au même rythme que la technologi­e». Instaurer un espace de cyber-sécurité passe inévitable­ment, selon lui, « par la révision du cadre juridique mais aussi par la mise en place d’une stratégie impliquant à la fois les autorités, les institutio­ns et les individus. C’est aussi un champ où les PPP pourraient être d’une grande importance». Il est à noter que le projet de jume- lage « Appui à l’instance nationale des télécommun­ications», entre la Tunisie, l’Italie, la France et l’Espagne, d’un montant de 1,2 million d’euros, s’étend sur une période de deux ans (2015-2017) et vise à renforcer les capacités et les compétence­s de l’INT par la conduite de missions de formation et d’assistance technique qui appréhende­nt les nouvelles tendances internatio­nales dans le domaine de la régulation des communicat­ions électroniq­ues et des communicat­ions postales.

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