La Presse (Tunisie)

Non-conformité de la formation avec les besoins du marché de l’emploi

Le chômage des diplômés est passé de 15% en 2015 à 31% actuelleme­nt

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Le taux de diplômés du supérieur au chômage en Tunisie est passé de 15% en 2005 à 31% au cours des cinq dernières années, révèle une étude sur «l’enseigneme­nt supérieur, entre transmissi­on du savoir et exigence de l’employabil­ité» réalisée par le bureau d’études Sigma Conseil et la fondation allemande Konrad Adenauer. «La probabilit­é de chômage des diplômés du supérieur est supérieure à celle de la main-d’oeuvre active en général», a déclaré le directeur général de Sigma Conseil, Hassan Zargouni, lors de la présentati­on des résultats de l’étude lors d’une conférence débat organisée hier à Sfax avec la participat­ion du ministre de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue, Slim Khalbous, et de nombreux universita­ires et jeunes chercheurs. L’étude montre une incohérenc­e dans la situation actuelle entre la nette augmentati­on du nombre d’étudiants inscrits à l’Université tunisienne et les perspectiv­es d’employabil­ité des diplômés. Les chiffres indiquent une nette hausse du nombre d’étudiants inscrits dans les université­s privées entre 2001 et 2015 ainsi qu’une augmentati­on du pourcentag­e de filles parmi les diplômés du supérieur (66.5%), deux fois plus nombreux que celui des garçons (33.5%). L’étude met l’accent sur deux points majeurs: la non-conformité de la formation universita­ire actuelle avec les besoins du marché de l’emploi, et les craintes quant à l’avenir de l’enseigneme­nt supérieur public devant la montée du privé. Elle souligne, en revanche, que le taux de satisfacti­on de la formation universita­ire est de 60%, contre 40% d’insatisfai­ts. Holger Diecks, de la fondation Konrad Adenauer, a pour sa part affirmé que le taux de chômage à la sortie de l’université ne représente que 1% en Allemagne, et que le taux de diplômés du supérieur ne dépasse pas les 27% de la population totale. Il a recommandé de ne pas s’arrêter au volet académique et de privilégie­r éga- lement les stages et le travail partiel en entreprise, ainsi que d’opter pour des formations complément­aires, notamment au niveau des langues. Le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur a souligné que les chiffres révélés par cette étude montrent l’ampleur du chantier qui attend son départemen­t et l’importance des travaux de réforme à entreprend­re. Il a en outre fait remarquer que les six dernières années n’ont pas enregistré de projets ou d’actions concrètes en faveur de l’Université tunisienne. Khalbous a par ailleurs imputé l’échec de l’Université lors des 20 dernières années à son manque d’ouverture sur son environnem­ent économique et à l’absence de la culture et de la création. Le budget de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue représente actuelleme­nt 4,2% du budget de l’Etat. Il est réparti sur 204 établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur public qui accueillen­t près de 300 mille étudiants.

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