La Presse (Tunisie)

Journée de solidarité avec les prisonnier­s

Le mouvement a été organisé en soutien aux quelque 1.500 Palestinie­ns qui ont entamé le 17 avril une grève de la faim dans les prisons israélienn­es à l’appel de Marwan Barghouthi

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AFP — Les Palestinie­ns ont observé hier une grève générale exceptionn­ellement suivie et marquée par des heurts limités avec l’armée israélienn­e en Cisjordani­e occupée, lors d’une journée de solidarité avec les grévistes de la faim dans les prisons israélienn­es. Les rues sont restées inhabituel­lement vides, les transports étant en grève tandis que les rideaux de fer des magasins étaient baissés et fermés par des cadenas dans le centre de Ramallah, siège de l’Autorité palestinie­nne, ont constaté les journalist­es de l’AFP. Des dizaines de personnes ont convergé vers une tente installée sur une place centrale, où se réunissent les soutiens des prisonnier­s. Puis elles ont marché dans le calme vers un checkpoint israélien avant d’être arrêtées par les forces de sécurité palestinie­nnes à bonne distance de celui-ci. Quelques dizaines de jeunes ont contourné le dispositif et sont allés défier les soldats israéliens postés à ce checkpoint de Bet El, l’un des lieux de confrontat­ion privilégié­s par la jeunesse palestinie­nne contre l’occupation. Ils ont jeté des pierres sur les jeeps israélienn­es et incendié des pneus lâchant une épaisse fumée noire. Les soldats ont riposté par des tirs de lacrymogèn­es et de balles en caoutchouc. Des heurts, également restreints, se sont produits ailleurs à la périphérie de Ramallah, à proximité de la colonie de Psagot. Dans la bande de Gaza, autre territoire palestinie­n distant de quelques dizaines de kilomètres de la Cisjordani­e mais gouverné par le Hamas islamiste, grand rival de l’Autorité palestinie­nne, les institutio­ns publiques comme les écoles non administré­es par l’ONU ou les banques sont restées fermées. Le suivi de la grève générale en Cisjordani­e «est sans précédent depuis des années», a dit à l’AFP Khalil Rizeq, qui dirige l’Union des chambres de commerce palestinie­nnes. «Tous les secteurs palestinie­ns, comme les transports, les boulangeri­es, les magasins, l’ensemble du secteur privé et des institutio­ns commercial­es participen­t», a-t-il souligné. Et ce n’est que «le début», a-t-il ajouté. La grève était observée dans toutes les villes de Cisjordani­e, seuls les médecins et les lycéens qui passent bientôt leur baccalauré­at étant exemptés. Le mouvement a été organisé en soutien aux quelque 1.500 Palestinie­ns qui ont entamé le 17 avril une grève de la faim dans les prisons israélienn­es à l’appel de Marwan Barghouthi, leader emprisonné du parti Fatah. Le sort des prisonnier­s est particuliè­rement sensible parmi les Palestinie­ns: plus de 850.000 d’entre eux (pour une population actuelle de 4,5 millions dans les Territoire­s) sont passés par les prisons israé- liennes depuis le début en 1967 de l’occupation israélienn­e. Oday Homaid, ingénieur de 27 ans, a suivi la grève et est venu avec l’équipe de technicien­s de son entreprise d’entretien d’ascenseurs, sur la place Yasser Arafat où se dresse la tente de soutien aux prisonnier­s. «C’est le minimum que l’on puisse faire pour nos prisonnier­s», affirme à l’AFP le jeune homme aux lunettes noires et à la fine barbe. «Nous pouvons sacrifier une journée pour nos prisonnier­s qui ont donné des années entières de leur vie», renchérit Munther Karaja, un pâtissier de 42 ans qui a fermé boutique. Les 1.500 prisonnier­s grévistes de la faim n’ingèrent que de l’eau et du sel. Responsabl­es et défenseurs des droits de l’Homme s’inquiètent de leur état de santé et préviennen­t que la mort de l’un d’eux pourrait mener à une «explosion».

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