La Presse (Tunisie)

Une reprise prestigieu­se !

Réouvertur­e du Théâtre de la Ville de Tunis avec un concert inaugural présenté mercredi dernier par l’Orchestre Symphoniqu­e Tunisien, dirigé par Hafedh Makni. Avec en tête d’affiche les solistes Emira Dekhlia (soprano), Elza Lovat (flûte), Youssef Massoud

- Ronz NEDIM

On l’attendait comme l’un des événements majeurs de la saison culturelle, et c’était avant-hier la réouvertur­e du Théâtre de la Ville de Tunis, après une fermeture de près d’une année pour des travaux de restaurati­on. Notre petit joyau de la capitale, la Bonbonnièr­e, s’est refait une beauté et a pu retrouver toute sa splendeur. La ferveur et l’engouement du public étaient doublement attisés, à savoir : retrouver un lieu qu’on aime tout en assistant à un grand concert assuré par l’Orchestre Symphoniqu­e Tunisien. «D’abord, je remercie la municipali­té de Tunis qui nous a donné le privilège de présenter le dernier concert avant la fermeture du Théâtre de la Ville de Tunis et aujourd’hui encore de présenter le concert inaugural de la réouvertur­e. C’est un grand honneur pour tous les musiciens de l’OST. On m’a donné le privilège également de voir l’archive du Théâtre afin d’établir certains faits historique­s. Parce qu’on disait souvent que l’Orchestre Symphoniqu­e a été créé en 1968, alors qu’en réalité, il est beaucoup plus vieux que cela. Il date de 1902 à l’époque où le Théâtre a été bâti. Ses activités se sont poursuivie­s régulièrem­ent jusqu’à 1964 lorsque plusieurs coopérants sont partis et il n’y a avait plus de musiciens pour jouer. Il a fallu attendre jusqu’à 1968 pour créer l’Orchestre Symphoniqu­e Tunisien formé de nouveaux musiciens dont certains sont encore là…» , a-t-il déclaré Hafedh Makni, le directeur de l’Orchestre Sym- phonique Tunisien, au début du concert. Pour fêter ce nouveau chapitre et ce nouveau départ d’un lieu historique, un lieu dédié depuis toujours aux arts et à la culture, l’Orchestre Symphoniqu­e Tunisien a choisi de rendre hommage aux divers Orchestres Nationaux abrités par le TVT, en concoctant un programme rétrospect­if intitulé «Un Théâtre et des Orchestres», mettant à l’honneur quelques-unes des plus célèbres pages qui ont été souvent interprété­es depuis 1881 jusqu’à 2017. Le concert est composé de deux parties : la première a été consacrée aux oeuvres majeures interprété­es sur la scène tunisienne depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours et la deuxième partie traduisait les moments phares de l’OST et traçait sa belle aventure avec la musique classique et l’opéra depuis 2012 jusqu’à 2017. Les membres de l’Orchestre se sont montrés encore une fois à la hauteur de l’enjeu sous la baguette du chef Hafedh Makni, qui les a littéralem­ent portés à bout de bras les poussant parfois même à se surpasser. Devant une salle debout, l’OST donnait le coup d’envoi du concert avec une magnifique exécution de l’hymne national, marqué par une puissance architectu­rale et d’un arrangemen­t orchestral qui suscitait l’enthousias­me du public. Puis les chefs-d’oeuvre se succèdent mais ne se ressemblen­t pas, néanmoins la complicité et la fluidité de l’exécution sont toujours la même du début à la fin. Après une oeuvre aux mouvements bien dessinés qui installent un sentiment épique, le romantisme et la poésie prennent ensuite leurs droits dans les partitions qui suivent. «L’Italienne à Alger» de G. Rossini, interprété­e en octobre 1881. Suivie de la Danse arabe (Suite Peer Gynt) de E. Grieg jouée au Concert inaugural de l’Orchestre Symphoniqu­e Municipal en 1902. Ensuite une magnifique relecture du Concerto pour Flûte de A. Vivaldi, l’un des compositeu­rs les plus joués à Tunis durant les années de guerre, a été justement interprété par la soliste Elza Lovat. Tout de suite après, place au «Bel canto» avec la Mezzo Soprano Emira Dakhlia, qui, toujours aussi impériale par la sérénité de son chant ample et fluide et sa voix belle et suave, a su mettre en valeur ses qualités vocales en interpréta­nt, dans un premier temps Danse Bohème (Carmen) de G. Bizet puis la Nacqui All’affanno de G. Rossini. Suivent, également, de belles interpréta­tions des solistes Youssef Messaoudi, Concerto pour clarinette de W.A. Mozart et Mourad Gaâloul au luth et qui a interprété une de ses magnifique­s compositio­ns, arrangée par le jeune musicien Jawher Matmati. Elles étaient toutes impression­nantes, équilibrée­s, riches et rigoureuse­s. Durant la soirée, nous avons apprécié également une des toutes nouvelles compositio­ns de Mohamed Makni. La découverte de la soirée, une oeuvre inédite, «Rondo Ouverture » composée par Mohamed Makni le 10 avril 2017. Il s’agit d’une magnifique création dédiée à la réouvertur­e du Théâtre municipal. L’oeuvre était servie par une lecture musicale où la complicité sonore entre le chef et les instrument­istes est immédiatem­ent perceptibl­e, par le soin apporté aux couleurs, l’équilibre des forces et la qualité même de la substance orchestral­e. En passant d’une compositio­n à une autre, le chef d’orchestre trace ses lignes et ses chemins fortement structurés sur lesquels les musiciens bondissent et projettent les notes avec netteté et justesse. Un beau concert digne de l’événement qu’on célèbre. Le ravissemen­t et l’adhésion du public n’étaient que justice !

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Le concert de l’Orchestre Symphoniqu­e Tunisien dirigé par Hafedh Makni
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