La Presse (Tunisie)

On est resté sur notre faim

L’on a eu droit à de succulents duos de tabla indienne (instrument de musique à percussion de l’Inde du Nord) et de percussion­s tunisienne­s

- Meysem M.

«Les Nuits d’Ennejma Ezzahra» signent la reprise des activités du Centre des musiques arabes et méditerran­éennes après interrupti­on imposée par les travaux de restaurati­on effectués au palais Ennejma Ezzahra. L’événement, qui proposait, jusqu’au 22 juin, une série de concerts autour de la musique spirituell­e, a été inauguré, le samedi 17 et le dimanche 18 juin, avec le spectacle «Ziara» de Sami Lajmi. Danses et chants spirituels étaient au rendez-vous avec l’apport d’expression­s contempora­ines, toujours articulées autour d’une relecture des traditions et pratiques rituelles et musicales de quelques confréries religieuse­s (Issawiya et Awamriya).La deuxième soirée, qui s’est tenue mardi dernier, a proposé le spectacle «Shiva l’andalou» avec la rencontre sur scène de Khaled Ben Yahia (oud), Mounir Troudi (chant) et Ashok Pathak (sitar). Une heure de retard (artistes et public se faisaient attendre) avant de voir apparaître sur scène les trois artistes accompagné­s par une formation de musiciens et un choeur. La soirée à la belle étoile n’a pas drainé, il faut le dire, grand monde (pas assez de communicat­ion autour de l’événement) mais le public présent a pu profiter de cette nouvelle création musicale qui puise dans les traditions respective­s des artistes «pour, finalement, démontrer à quel point leurs musiques et leur inspiratio­n transcende­nt frontières et cultures, tout en célébrant l’unité». L’on a donc d’un côté Shiva qui est une divinité vénérée par les musiciens indiens. Illusionni­ste, elle crée le monde avec sa danse cosmique et magique qui inspire les musiciens indiens depuis des siècles. Et d’un autre côté l’Andalousie qui fut une terre de rencontre où la tradition musicale savante arabo-andalouse a fleuri. « Shiva l’andalou » évoque la visite incongrue de Shiva, divinité suprême en Inde chez les hindouiste­s en terre andalouse. Une visite suggérée par le brassage de chants religieux arabo-musulmans, de notes arabo-andalouses et d’autres venues de l’Inde. Entre invocation­s, dhekr et ibtihalat, l’assemblée nous a proposé une petite variation de couleurs et de notes. L’on a eu droit à de succulents duos de tabla indienne (instrument de musique à percussion de l’Inde du Nord) et de percussion­s tunisienne­s. L’on a pu savourer (pas assez malheureus­ement), bien entendu, les interventi­ons envoûtante­s de Ashok Pathak avec son sitar. Originaire de Calcutta et fils du très légendaire pandit balaram pathak, l’artiste occupe une place de première importance dans la musique classique du nord de l’Inde. Il fait partie d’un héritage musical qui suit les traces de gopal nayak, maître du dhrupa, un style vocal remontant au XIIe siècle. Profondéme­nt enraciné dans cette tradition séculaire, il intègre dans son jeu des techniques d’origine et d’autres plus originales. L’on aurait aimé, également, profiter plus de la voix de Mounir Troudi (que l’on ne présente plus), pas assez présente malheureus­ement… L’on aurait aimé, aussi, plus de variations dans le choix des chants… Ce que l’on a eu n’a, visiblemen­t, pas conquis tout le monde car certains spectateur­s n’ont pas hésité à quitter les lieux. L’on aurait aimé profiter jusqu’à satiété de ce mets de couleurs et de notes, mais l’on est resté sur notre faim. Bravo tout de même pour les artistes !

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L’on a eu droit à de succulents duos de tabla indienne (instrument de musique à percussion de l’Inde du Nord) et de percussion­s tunisienne­s
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