L’importation comme signe de prospérité
Les journaux se sont affolés, ces derniers jours, au détour d’un chiffre qui leur a paru légitimement inquiétant, celui des 330% d’augmentation de l’importation des conserves. Cela invite incontestablement les pouvoirs publics, si ce n’est déjà fait, à une analyse de détail des différents éléments et aspects de nos échanges commerciaux avec l’étranger.
Quatre fois plus de conserves importées
Car le fait que les importations de conserves aient été multipliées par plus que quatre en valeur ne peut pas être simplement dû à — argument classique — la dévaluation du dinar. Cela est forcément lié à des failles structurelles ou à un pic de la demande qu’il s’agit de vérifier et d’expliquer, afin de réagir promptement en conséquence. A moins qu’il ne s’agisse d’une chute de la production locale ou de conserves innovantes non produites ou mal produites chez nous
Maintenant, le déficit de la balance commerciale tunisienne est un phénomène classique que corrigeait, généralement, un excédent de la balance des paiements mettant en oeuvre les recettes en devises des hôtels et agences de voyages, ainsi que les transferts d’argent des Tunisiens vivant à l’étranger. Si le tourisme confirme sa reprise, la balance des paiements montera de nouveau au créneau. Sauf si certains se font payer ailleurs, ce que semblait insinuer, récemment, le gouverneur de la Banque centrale.
Nous importons des intrants
L’accentuation du déficit commercial est un réel sujet de préoccupation. Mais attention, une bonne partie de cette accentuation est due à la dévaluation du dinar. Sachant qu’un certain laisser-aller est responsable de l’importation excessive de produits non essentiels à l’égard desquels les autorités publiques ont manqué de réactivité. Et la même attitude laxiste est notée vis-à-vis des déficits commerciaux avec certains pays comme la Chine, la Russie ou la Turquie. La vigilance est de rigueur, si l’on veut maîtriser les équilibres.
Cela dit, il ne faut pas oublier que notre pays importe des intrants qui, dans le temps, lui ont permis d’être le premier exportateur de la rive sud de la Méditerranée vers l’Europe (hors hydrocarbures).
Un déficit annonciateur de prospérité
Ces intrants ont même été, certaines fois, responsables du déficit de la balance commerciale. Car la relance des exportations était souvent précédée d’un pic des importations d’intrants. Des importations sous douane qui gagneraient à être répertoriées comme telles pour la clarté du débat et pour une meilleure identification des mesures correctives.
Ainsi, l’importation peut être un indice de prospérité lorsque les chiffres et statistiques sont correctement maîtrisés. Quand la part des intrants en régime suspensif est en hausse, augurant d’un boom prochain de l’export.