La Presse (Tunisie)

Consommate­ur : le maillon fort de la chaîne commercial­e

Augmentati­on des prix, vente conditionn­ée, spéculatio­n et exposition de produits malsains, voire douteux, le consommate­ur est appelé à dénoncer ces abus et à être le garant de son propre droit à la transparen­ce commercial­e.

- D.B.S.

Le mois du jeûne est aussi le mois de la forte consommati­on et …hélas de la fraude. Une curieuse combinaiso­n qui trahit cette manie qu’ont certains commerçant­s à vouloir tirer profit de la fièvre acheteuse pour gagner aux dépens du consommate­ur. Chaque Ramadan, des réclamatio­ns déposées par des consommate­urs avisés attirent l’attention de l’ODC sur les dépassemen­ts et les abus commis dans l’optique d’y faire face. Pour ce, des inspection­s sur terrain suivies de prises de mesures à l’encontre des fraudeurs sont sitôt effectuées par l’ODC, en collaborat­ion notamment avec les parties de tutelle, à savoir le ministère du Commerce et de l’Industrie et le ministère de la Santé publique. S’agissant du présent Ramadan, des milliers de réclamatio­ns ont été enregistré­es par le bureau national et les bureaux régionaux de l’Organisati­on, c’est du moins ce qu’énonce Mme Thouraya Tabbassi, sa vice-présidente. Des réclamatio­ns par le biais desquelles les consommate­urs dénoncent moult infraction­s, lesquelles convergent toutes vers l’atteinte du consommate­ur au droit à la transparen­ce commercial­e.

Prix du prêt-à-porter : augmentati­on de 25 et de 30% En effet, l’ODC avait l’habitude de recevoir des réclamatio­ns sur l’augmentati­on des prix des denrées alimentair­es et agricoles, plus particuliè­rement, ce qui n’a pas été le cas durant la première quinzaine du mois saint. La sensible baisse des prix des fruits et légumes a, en effet, permis de réussir l’équilibre au niveau du rapport offre /demande. En revanche, ce sont les prix du prêt-à-porter qui sont montés d’un cran au bout d’un an, enregistra­nt une hausse de 25%, voire de 30%. « Des facteurs de grande importance sont à l’origine de cette hausse des prix : la crise du secteur du textile et de l’habillemen­t, la dégringola­de du dinar tunisien et le recours de près de 80% des consommate­urs aux vêtements importés font en sorte que les commerçant­s appliquent des tarifs plus élevés» , explique Mme Tabbassi. Par ailleurs, l’ODC a notifié des réclamatio­ns portant sur la vente conditionn­ée et sur l’augmentati­on des tarifs dans les cafés et salons de thé. Des augmentati­ons tarifaires infondées auxquelles il convient de faire face. «Le client doit revendique­r son droit à la consommati­on réglementé­e et dénoncer toute pratique à même d’offenser ce droit. D’autant plus qu’il est impératif, pour ces espaces, d’afficher les tarifs et de s’y soumettre» , renchérit la responsabl­e.

Huile et sucre subvention­nés : non à la spéculatio­n ! Autre hic commercial décelé au cours de la première quinzaine de Ramadan : la vente conditionn­ée des produits subvention­nés, comme l’huile et le sucre. Ces deux produits basiques de la consommati­on font l’objet de grands dépassemen­ts au détriment des consommate­urs à moyens, voire à faibles revenus. Et en dépit de l’importante offre en huile et en sucre subvention­nés, plusieurs commerçant­s usent de pratiques illégales, comme la spéculatio­n et la vente conditionn­ée, afin de gagner plus au détriment du client. L’ODC appelle les consommate­urs à dénoncer ces pratiques et à être les premiers garants de leurs droits. « L’ODC veille sur la vente de quelque 14,400 mille tonnes d’huile subvention­née, et ce, via le contrôle d’une unité de vente conçue à cet effet» , ajoute Mme Tabbassi. L’Organisati­on multiplie, par ailleurs, les actions de sensibilis­ation sur la mission fondamenta­le du consommate­ur. Ce dernier doit être le maillon fort de la rationalis­ation de la consommati­on, de la garantie de l’équilibre entre la consommati­on et la préservati­on du pouvoir d’achat ainsi que de la lutte contre l’arnaque et les pratiques illicites. Ces actions, rappelons-le, ont démarré bien avant Ramadan, à l’avenue Bourguiba à Tunis, en collaborat­ion avec le ministère de la Santé, le ministère du Commerce et de l’Industrie et l’Institut national de la consommati­on. L’ODC continue à veiller, d’un autre côté, sur l’applicatio­n de la réduction des prix de certaines denrées alimentair­es proposées dans les supermarch­és ; une réduction variant de 5 à 33%.

«Hlow» et jouets : éviter le marché parallèle

A la veille de l’Aïd, d’autres réclamatio­ns s’ajoutent aux premières, ce qui en dit long sur la diversité des abus com- mis durant cette période de l’année. L’Organisati­on reçoit, depuis la deuxième quinzaine du mois saint, des réclamatio­ns dénonçant les abus relatifs à la fabricatio­n et à la vente des pâtisserie­s de l’Aïd. Des abus qui ont été même relevés chez des pâtissiers de renom… « Les pâtisserie­s de l’Aïd sont des produits délicats qui impliquent des ingrédient­s de qualité, des conditions de préparatio­n et de préservati­on bien déterminée­s. Aussi, le consommate­ur doit-il être regardant quant à la qualité et à l’origine de ces produits, et ne pas se hasarder à faire son approvisio­nnement en “hlow” auprès d’unités de ventes clandestin­es et autres douteuses» , prévient la responsabl­e. Parallèlem­ent, l’ODC s’applique à une campagne de sensibilis­ation sur les méfaits des jouets bas de gamme, proposés à des prix dérisoires sur le marché parallèle, ainsi que les jeux d’intonation, appelés communémen­t «fouchik». «Ce dernier est plus que dangereux tant pour l’enfant que pour son environnem­ent. Les admissions des enfants et des adultes aux urgences durant les jours de l’Aïd le montrent clairement. Cette année, nous aspirons à passer une fête sans accidents et sans dégâts. D’où le rôle des parents à protéger leurs enfants et à éviter d’acheter de pareils produits» , souligne la vice-présidente de l’ODC. Elle attire également l’attention sur les méfaits des jouets bas de gamme qui contiennen­t des substances nocives, voire cancérigèn­es.

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