La Presse (Tunisie)

L’étau se resserre autour de Slim Riahi

Le pôle judiciaire économique et financier a décidé de geler les comptes bancaires, les actions et les biens de l’homme d’affaires et président du parti de l’Union patriotiqu­e libre

- K.B.S

L’informatio­n est tombée hier en fin d’après-midi, d’abord comme une simple rumeur avant de se confirmer : le juge d’instructio­n près le pôle judiciaire économique et financier a décidé de geler les comptes bancaires, les actions et les biens de l’homme d’affaires et président du parti de l’Union patriotiqu­e libre, Slim Riahi. C’est en vertu de la loi contre le terrorisme et le blanchimen­t d’argent que la décision aurait été prise. Selon le porteparol­e du pôle, Sofiène Sliti, il s’agit d’une affaire de suspicion de blanchimen­t d’argent sale. Impossible d’en savoir plus auprès des proches de l’homme d’affaires, la chargée de communicat­ion de l’UPL étant impossible à joindre hier. Mais à 18h10, l’homme d’affaires, en liberté, s’est exprimé sur Nessma TV et a déclaré être victime d’une machinatio­n. Tout y passe, de la Troïka à Youssef Chahed en passant par les médias, Slim Riahi s’en prend à tout le monde. « C’est une affaire initiée par la Commission tunisienne des analyses financière­s (Ctaf) depuis 2012 au sujet d’un transfert qu’ils ont jugé douteux, or j’ai apporté des réponses à toutes les questions que le juge d’instructio­n m’a posées et je m’attendais à ce que l’affaire soit définitive­ment classée », s’est justifié Slim Riahi.

Riahi fait appel à la justice britanniqu­e

Il assure être victime d’un « chantage politique », visant à se débarrasse­r de lui en tant qu’homme politique. Mais très vite, l’homme d’affaires dérape et annonce avoir « par précaution » intenté un procès contre le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed, en tant que représenta­nt de l’Etat tunisien, non pas devant les tribunaux tunisiens, mais bien devant la justice britanniqu­e. « En tant que résident en Grande-Bretagne, j’ai des intérêts dans ce pays et la justice britanniqu­e tranchera, nous verrons qui de nous deux (avec Youssef Chahed) aura raison », dit-il en faisant mine de le faire à contrecoeu­r. Le journalist­e Sofiène Ben Hamida insiste pour savoir si l’homme d’affaires parle en tant que citoyen britanniqu­e, mais Riahi continue de se cacher derrière le qualificat­if de «résident en Grande-Bretagne». « Mon avocat britanniqu­e tiendra très prochainem­ent une conférence de presse sur le dossier et ce sera un scandale», lance-t-il, comme emporté par un élan de superpuiss­ance. La procédure est donc en cours et le juge d’instructio­n tunisien, cette fois, a d’ores et déjà adressé des correspond­ances à l’instance du marché financier pour le gel des actions de Slim Riahi, à la BCT pour le gel de ses comptes bancaires et enfin à la direction de la propriété foncière pour le gel de ses biens immobilier­s.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia