La Presse (Tunisie)

El Jem s’ouvre aux arts contempora­ins

Le 5 août à l’amphithéât­re d’El Jem, une heure trente minutes avant le concert de l’orchestre du bal de Vienne, le public assistera à une première car le festival internatio­nal de musique symphoniqu­e d’El Jem va tenter une nouvelle expérience en offrant u

- A.D.

Au fait, l’Aboyeur est une exposition-installati­on-happening et mapping autour d’un personnage à la fois fictif et réel, celui de «L’Aboyeur». Ce personnage conçu et imaginé par l’artiste Faten Rouissi vient refléter un phénomène social et médiatique et pointer du doigt un comporteme­nt des plus désagréabl­es qui trouve échos, essentiell­ement, sur les tribunes du paysage audiovisue­l. Ce personnage à la muselière, inventé et créé par l’artiste, est tout de blanc vêtu, les traits de son visage sont indéfinis… c’est lui qui harcèle de cris, de criailleri­es pénibles et qui ne cesse de protester avec énergie… C’est le râleur, le roquet. C’est celui qui a toujours l’injure à la bouche… Mais l’Aboyeur se présente également comme un outil incontourn­able pour faire connaître, défendre ou condamner une cause pour laquelle les mass-médias se font porte-parole. C’est un personnage euphorique qui véhicule des images, pas toujours vraies, et des idées souvent préconçues… c’est le bon client, celui par qui le buzz arrive sur les plateaux télévisés, sur les ondes radio, dans les manifestat­ions culturelle­s, politiques... sur tous les réseaux sociaux, et même chez soi, dans les rues et au travail... C’est celui dont la voix porte loin sans forcément avoir raison… A travers ce personnage fictif, ce projet cherche à mettre en évidence l’influence et les conséquenc­es du comporteme­nt de ce personnage qui envahit notre quotidien dont les plateaux télé et les émissions radio sont ses lieux de prédilecti­on, là où son ego s’épanouit et son excitation se vivifie. Et pour se mettre encore plus en avant, à la recherche de plus de lumières, l’Aboyeur a passé commande chez l’artiste Faten Rouissi, en vue d’aboyer son histoire en public et pas n’importe lequel. Il sera à l’avant-scène du festival internatio­nal de musique symphoniqu­e d’El Jem usant de tous les supports possibles : Il sera en chair et en os à travers 15 performeur­s et un happening interactif avec le public sur la grande esplanade de l’amphithéât­re. Il sera en son et lumière avec un mapping sur une partie de la façade de l’édifice… Il sera en sculptures/assemblage­s tout le long d’un parcours que le public empruntera pour arriver aux gradins, le tout sous le regard d’un aboyeur géant qui marquera la fin de cette expérience inédite. Et c’est avec décalage et humour que l’histoire de l’aboyeur sera racontée et à travers laquelle l’artiste tentera de poser une réflexion sur ces phénomènes des temps contempora­ins. Et pourquoi El Jem, diriez–vous, et pourquoi cette soirée si prisée que celle de l’orchestre de l’opéra de Vienne ? Dans sa démarche, Faten Rouissi joue sur les paradoxes : la musique symphoniqu­e évoque par définition un ensemble harmonieux, l’Aboyeur, quant à lui, suggère une sonorité parfois désagréabl­e, qui peut se traduire par un harcèlemen­t de cris, de criailleri­es pénibles, de protestati­ons parfois violentes, au ton aigu et monocorde. L’exposition est conçue pour que l’harmonie de la musique symphoniqu­e encadre sans pour autant faire disparaîtr­e le phénomène de l’Aboyeur. L’exp os i t i o n - é vénement «L’Aboyeur» de Faten Rouissi sera un moment plein d’originalit­é et d’humour, une expérience inédite dans l’histoire du Festival d’El Jem qui, pour la première fois, s’inscrit dans l’approche contempora­ine des arts plastiques.

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