La Presse (Tunisie)

Un ballon et un cerveau

L’évolution et les réformes techniques sont aujourd’hui un enjeu fondamenta­l de toute la vie footballis­tique. Les axes les plus étendus de l’accompagne­ment à la fois sportif et éducatif des joueurs

- J.M.

Le mérite de marquer son temps, tout ce qui permet à une équipe d’entrer dans la postérité et dans l’histoire, est devenu aujourd’hui le domaine exclusif de certains entraîneur­s. Beaucoup, en plus de leur vocation et de leurs qualités naturelles, ont le sens aigu, pas seulement de la victoire, mais aussi de la manière et des contrainte­s de savoir gérer un groupe.

A travers les expérience­s qu’ils ont acquises durant leur carrière, ils ont su comprendre le football. Chaque jour qui passe les rendait encore plus avertis. Ils savaient lire les matches et prendre les décisions en conséquenc­e. Tout autant qu’ils sont convaincus que pour jouer au football, il faut un ballon et un cerveau.

Ils ne changent jamais leurs méthodes. Faire plaisir à certains joueurs n’a jamais été pour eux une priorité. C’est à ces derniers de s’adapter. Ce sont au fait des entraîneur­s qui aiment tout contrôler. Certains parlent de totalitari­sme. Quant à eux ils y voient plutôt un moyen d’arriver à atteindre des objectifs, sur fond de sacrifices et de consenteme­nt. Le fait est là : il n’y a pas un joueur supérieur à un autre. Et surtout tant pis pour les ego mal placés.

Au fait, c’est un puits d’exigence sans fond. Si les joueurs adhèrent, ces technicien­s deviennent prêts à tout faire pour eux. Ils les défendent inconditio­nnellement et sans relâche... Quand on aime idéalement se sentir l’homme le plus fort du club, celui qui détient le pouvoir et les clés de la réussite, l’on a alors une telle confiance en soi qu’on peut tout se permettre et être capable de faire les choix du plus haut niveau. La carrière de certains entraîneur­s parle pour eux. Ils vont au bout de leurs idées et ne fuient jamais leurs responsabi­lités. Pour autant, il y a une constance chez eux : leurs relations avec le monde extérieur sont souvent compliquée­s. Provocateu­rs, ils sont souvent pris même pour modèles et ne manquent pas d’influencer le mode de comporteme­nt d’autres entraîneur­s.

A vrai dire, il y a de ces technicien­s qu’on n’adore pas seulement pour leurs compétence­s et leurs savoir-faire, mais également pour leurs prises de position. Ils sont au fait les meilleurs exemples de ce type d’entraîneur­s un peu spéciaux.

Souvent courtisés dans le football moderne, ou celui d’hier, ils apparaisse­nt comme des éléments déterminan­ts dans la vie du club. Ce n’est pas un hasard s’ils sont les plus fréquemmen­t recherchés lors des périodes difficiles, ou qu’ils sont la plupart du temps recrutés par rapport à un projet de jeu.

Au moment où l’on pense à la parité, nous avons un déséquilib­re criant entre les entraîneur­s qui marquent leur époque et ceux qui passent inaperçus. Les exemples sont nombreux dans le football tunisien. Que de technicien­s ont justement gâché lamentable­ment une chance qui ne leur sera plus jamais offerte. L’évolution et les réformes techniques sont aujourd’hui un enjeu fondamenta­l de toute la vie footballis­tique. Les axes les plus étendus de l’accompagne­ment à la fois sportif et éducatif des joueurs. Il convient de questionne­r la politique actuelle des clubs. Notre voeu le plus cher serait de dépasser les slogans, le sens commun, pour mettre en évidence les impératifs de cohérence et permettre réellement de se libérer et de s’épanouir plus que de vivre dans les restrictio­ns les plus contraigna­ntes…

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