La Presse (Tunisie)

L’hécatombe se poursuit

Les bonnes prémices annoncées suite à l’obligation du port de la ceinture depuis le 27 avril dernier ont vite fait de se dissiper par un mois de juin redoutable­ment mortel

- Mohamed Salem KECHICHE

Les bonnes prémices annoncées suite à l’obligation du port de la ceinture depuis le 27 avril dernier ont vite fait de se dissiper par un mois de juin redoutable­ment mortel

Le dernier rapport sur les accidents de la route de l’Observatoi­re tunisien de la sécurité routière fait état d’ une diminution du nombre d’accidents de la route qui est passé de 3.690 en 2016 à 3.027 en 2017, soit 663 accidents de moins que l’année dernière. Selon le même rapport, le nombre de blessés a également diminué, passant de 5.431 à 4.485, soit une baisse de près de 18%. Par contre, la mortalité sur les routes a augmenté malgré les récentes mesures qui ont été adoptées et qui sont relatives au port obligatoir­e de la ceinture de sécurité. Le mal semblerait donc résider ailleurs. Le nombre de morts sur nos routes est passé, en effet, de 616 à 620 personnes, soit quatre victimes de plus au cours de cette première moitié de 2017 par rapport à l’année dernière.

La mort au tournant

Pas une semaine ne passe sans qu’un accident de la route mortel ne se produise en Tunisie, décimant des familles entières à Bizerte, Nabeul ou Sousse, en l’espace d’un mois. Causant 3, 4 ou 5 tués d’un coup comme à Gabès, on apprend qu’au cours de ce seul mois de juin, six accidents ont causé à eux seuls le décès de 22 personnes sur le coup. C’est qu’avec l’effervesce­nce estivale combinée à la vague de chaleur qui sévit dans le pays, le risque potentiel demeure. Une vigilance accrue est exigée avec des chaussées qui crèveraien­t brusquemen­t les pneus et des conducteur­s assommés par la chaleur ambiante... Prenez garde à vérifier la pression des roues ! Une photo virale sur la toile a montré l’impact de la forte chaleur sur une voiture ayant pris feu par combustion suite à une forte exposition au soleil dans la zone de Béja tout récemment ! La Pre ss e a co nt a c t é M.Mohamed Souguir, ingénieur en chef et sous-directeur du bureau des données au sein de l’Observatoi­re tunisien de la sécurité routière, pour obtenir plus d’éclairciss­ements sur la dangerosit­é de nos routes. Il dresse le bilan suivant de la période allant du 27 avril au 27 juin 2017 par rapport à celle de 2016 pour faire remarquer que les accidents ont diminué de 28% avec en proportion autant de blessés en moins.

Attention, l’été revient…

En période estivale, l’activité économique et touristiqu­e grimpe et la densité de routes bien plus fréquentée­s est forte. M. Souguir le rappelle vertement : «Ils viennent de Libye et d’Algé- rie passer leurs vacances en Tunisie. Le flux des automobile­s est plus important, ce qui fait de l’été une saison à risque. En 2016, 20% des accidents ont eu lieu durant les mois de juillet et août ayant généré 23% de l’ensemble des personnes décédées et 21% des blessés de l’année dernière». La prépondéra­nce des accidents durant l’Aïd seghir et la gravité des blessures se font aussi nettement sentir. Depuis le 27 avril et Ramadan, les voitures particuliè­res sont impliquées dans 67% des accidents, dont 54.55% des accidents mortels ayant causé 77.32% du total des blessés. Les motos et mobylettes génèrent les taux de 39% des accidents, 32% des tués et 31% des blessés. Ce moyen de transport, dit vulnérable malgré son infériorit­é par rapport au parc automobile, ne manque pas de causer des dégâts sur les routes du pays. Les louages et taxis causent 11% des accidents et exposent davantage les passagers que les voitures individuel­les. Les poids lourds n’entraînent que 5,33% des accidents, contrairem­ent aux camionnett­es qui contribuen­t à raison de 29,4% aux accidents de la route et sont responsabl­es de la mort de 42,13% de l’ensemble des personnes décédées sur les routes. Le gouvernora­t de Tunis détient la palme du mauvais élève avec 109 accidents depuis le 27 avril 2017, soit 12% de l’ensemble de la République, tandis que celui de Sfax ne fait pas mieux et englobe 12% des tués et 11% des blessés à l’échelle nationale. La cause première des accidents de la route a trait à l’inattentio­n du conducteur dans 22.47% des cas, tandis que l’excès de vitesse est responsabl­e de 24% des décès sur les routes et de 21% des blessures occasionné­es aux conducteur­s et passagers dans les accidents de la route. Fait surprenant ou pas, seuls sept accidents mettent en cause l’état d’ébriété du conducteur dû à l’absorption d’alcool avec 0.79% des accidents et 0.91% des tués. Il termine avec une belle pointe d’optimisme en démontrant leur ferme volonté pour inverser la tendance par une baisse des morts sur les routes nationales : «En collaborat­ion avec le ministère de l’Intérieur, l’Onsr a mené une campagne de sensibilis­ation sur la sécurité routière durant Ramadan et continuera à le faire au cours de cet été au moyen d’affichages et de spots vidéo pour plus de prudence des usagers de la route». Le port obligatoir­e de la ceinture de sécurité à l’avant et la vigilance recommandé­e des conducteur­s ne pourront que contribuer positiveme­nt à l’améliorati­on des idéaux de la sécurité routière.

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Plusieurs personnes perdent, chaque année, la vie sur le macadam.
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Le nombre d’accidents a baissé par rapport à l’année dernière, la mortalité sur les routes a, par contre, augmenté.

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