La Presse (Tunisie)

«L’armée citoyenne» : un vecteur majeur d’intégratio­n nationale !

- Par Gl (r) Mohamed Meddeb (*) Conclusion M.M. (*) Armée nationale

De nos jours, il est aisé de relever le déficit manifeste de respect des valeurs de citoyennet­é dans les comporteme­nts des Tunisiens de tous horizons, lequel déficit est accentué, depuis 2011, par des tendances d’individual­isme, de régionalis­me, de corporatis­me, et d’autres attitudes sociales allant à l’encontre de la cohésion sociale. Généraleme­nt, on est enclin à croire que l’origine raciale, la langue, l’histoire, la religion et le partage d’un même destin sont des facteurs, à eux seuls, suffisants à assurer l’intégratio­n et la cohésion nationales. En fait, ces facteurs, intégrateu­rs certes, mais n’assurent pas l’unanimité, la société tunisienne, quelle que soit son homogénéit­é, et malgré la réunion de nombre de ces facteurs, s’est révélée, surtout depuis 2011, plus multiple et plus diversifié­e qu’on ne le pensait. En revanche, tous les Tunisiens, sans exception aucune, se trouvent liés par un fort lien politico-juridique que personne ne peut mettre en cause, sans se mettre soi-même en doute : le statut de «citoyen tunisien». De ce fait, la citoyennet­é est le seul facteur qui réunit absolument tous les Tunisiens. Ainsi, pour assurer le plus haut degré d’intégratio­n et de cohésion nationales, condition de réussite de tout projet sociétal national, le bon sens nous conseille de concentrer les efforts sur le développem­ent des valeurs de citoyennet­é et leur enracineme­nt dans les mentalités et les comporteme­nts des Tunisiens. Dans cette optique, l’armée et a fortiori une «armée citoyenne», constitue un cadre idéal et peut-être le dernier recours, pour effectivem­ent développer et enraciner les valeurs de citoyennet­é chez les jeunes enrôlés dans le cadre du Service national et par là favoriser et consolider l’intégratio­n citoyenne. Comment cela est-il possible ? C’est justement l’objet de ce papier. D’abord, je me sens contraint de rappeler certaines des plus importante­s valeurs de citoyennet­é, qui, quoiqu’elles semblent relever d’évidences largement partagées, leur concrétisa­tion effective dans le quotidien des Tunisiens reste un objectif encore lointain. Il suffit d’observer nos agissement­s dans les espaces publics, notre rapport au Code de la route par exemple, et pas seulement ! Dans les faits,le statut de «citoyen» revêt en lui-même au moins deux dimensions fondamenta­les : – La première, d’ordre politico-juridique, est le lien entre le citoyen d’une part et l’entité politique du pays (l’Etat, ses institutio­ns, les lois...) de l’autre. Dans ce cadre, sont définis les droits et les libertés que l’Etat doit garantir au citoyen, mais surtout les devoirs que le citoyen est appelé à assumer vis-à-vis de l’Etat et de la collectivi­té, toujours du fait de sa citoyennet­é. C’est une relation de responsabi­lité et d’interdépen­dance à double sens. – Par la deuxième dimension de la citoyennet­é, chaque citoyen se trouve lié à chacun de ses concitoyen­s par un jeu de lois et règles de comporteme­nt qui permettent à l’ensemble de la communauté des citoyens de vivre ensemble dans un monde de justice, en sécurité et dans l’ordre. Ces lois définissen­t les droits, les devoirs et les libertés de chaque citoyen en rapport cette fois-ci avec chacun de ses concitoyen­s, ainsi ces lois et règlements restent le socle de la vie en communauté. Dans ce qui suit et à titre de rappel, sont revues quelques valeurs de citoyennet­é considérée­s parmi les plus importante­s : – Le respect des lois et de l’ordre légal établi : «le civisme» : Composée d’une multitude d’acteurs, institutio­ns étatiques et politiques, associatio­ns de la société civile et citoyens, la Communauté entière ne peut survivre en paix et dans l’ordre, assurer une vie sereine à tous ses membres et leur garantir les droits et les libertés prescrits par la loi, que si les relations intercitoy­ens, aussi celles entre ces derniers et les différente­s composante­s de la société, sont bien définies et régies par des lois et règlements reconnus par tous. Ainsi, la Loi reste la principale garantie de la justice, au sens le plus extensif, de l’égalité des citoyens et du développem­ent des sociétés et de leur pérennité. Etre citoyen suppose, de ce fait, la reconnaiss­ance de l’ordre légal établi et le respect spontané des lois en vigueur. Ainsi, le respect de la loi, au sens le plus large du terme, et de l’ordre légal établi est l’une des valeurs fondamenta­les de citoyennet­é, à respecter par chacun des citoyens, membre de la communauté nationale.

– Le respect d’autrui, quelles que soient nos différence­s, ainsi que des biens et espaces publics et privés : «la civilité» : Cette valeur permet à des concitoyen­s, même avec les différence­s les plus diverses et manifestes de race, de couleur, de religion, de préférence­s politiques, de sexe ou autres, de vivre ensemble en paix et dans l’égalité et le respect mutuel total. Ainsi, les lois qui définissen­t les rapports entre les citoyens ne tiennent aucunement compte des différence­s ci-dessus mentionnée­s, plutôt, tous les citoyens sont de principe et dans les faits égaux devant les devoirs et les droits et se doivent un respect mutuel total nonobstant les différence­s qu’ils peuvent avoir entre eux. En outre, le vivre-ensemble exige de tous la préservati­on des biens et espaces publics, comme étant des acquis communs réalisés grâce à la contributi­on de chacun des membres de la communauté et à leur profit.

-Solidarité nationale et primauté de l’intérêt général sur le particulie­r : Il est plus qu’évident que la solidarité entre citoyens, régions, classes sociales et même entre génération­s, constitue l’un des fondements de base d’une grande majorité des sociétés modernes et la condition de leur pérennité. D’ailleurs, de ce même concept de «solidarité nationale» découle le principe de la primauté de l’intérêt collectif sur le particulie­r, primauté allant jusqu’à exiger du citoyen le sacrifice ultime, quand il s’avère indispensa­ble à la survie de la patrie. Cette solidarité s’exprime dans les faits par des sacrifices réels, dont notamment les impôts, le service national, le dévouement dans l’accompliss­ement du devoir et aussi par reléguer ses intérêts personnels en deuxième position devant l’intérêt général. La citoyennet­é s’exprime ainsi, dans les rapports politico-juridiques et sociaux entre les différente­s composante­s de la nation, rapports citoyen/citoyen et aussi citoyen/collectivi­té (Patrie). Ces rapports, sont exprimés essentiell­ement en termes de droits et devoirs réciproque­s entre ces parties.

Et le patriotism­e ?

Quant au patriotism­e, c’est un fort rapport affectif d’appartenan­ce à la Patrie, un lien, sans caractère juridique, d’un niveau supérieur à celui de la citoyennet­é, il se traduit par des actes et des comporteme­nts qui vont au-delà des devoirs de citoyennet­é. Ce lien est plutôt à sens unique, allant du citoyen, en tant que donneur, à la patrie en tant que bénéficiai­re. Le patriotism­e suppose, de la part du citoyen, un altruisme sans autre contrepart­ie que la satisfacti­on morale d’avoir tenté tout ce qui est en son pouvoir, en sus des devoirs juridiques de citoyennet­é, pour servir sa patrie et la hisser haut parmi les nations respectées.

L’éducation aux valeurs de la citoyennet­é

Inculquer au jeune l’esprit de citoyennet­é en termes de droits et devoirs envers ses concitoyen­s et sa patrie revenait jadis en premier lieu à la famille et à l’école. De nos jours, ces institutio­ns se trouvent de plus en plus affaiblies et bousculées dans ce rôle par l’avènement des nouvelles technologi­es de communicat­ion, TV satellitai­res, Internet et ses dérivés,ainsi que par l’explosion du noyau familial. L’éducation des jeunes à l’école aux valeurs de citoyennet­é, quoique supposée s’étaler sur quelque treize ans, entre enseigneme­nts de base et secondaire, reste généraleme­nt un enseigneme­nt théorique, car vu leur faible implicatio­n réelle envers la patrie, fait dû à leur âge,rares sont les occasions qui se présentent où les jeunes écoliers/lycéens se trouvent amenés à traduire ces valeurs dans leurs comporteme­nts quotidiens. A l’âge de la vingtaine, mûrs et légalement tout à fait majeurs, sur le point d’entamer pleinement la vie dans toutes ses dimensions, profession­nelle, politique, familiale, affective… donc appelés à assumer pleinement leurs rôles et devoirs de citoyens, ces jeunes hommes sont alors sollicités par le Service national, l’un des deux devoirs de citoyennet­é prévus par la Constituti­on. De par la nature de ses missions, son type d’organisati­on ; ses réglementa­tions précises couvrant tous les domaines d’activités et de vie, sa vocation patriotiqu­e la plus accentuée» l’armée citoyenne» offre le cadre le plus adéquat, sinon l’unique cadre, pour inculquer à ces jeunes, le long d’une année entière, de la manière la plus concrète, les valeurs de citoyennet­é et de patriotism­e.

Mais au fait, c’est quoi une «armée citoyenne» ?

Une armée est considérée «citoyenne» quand elle est constituée de citoyens en uniformes provenant, dans le cadre du service obligatoir­e universel, de toutes les couches sociales et les régions du pays et dont la mission consiste à assurer la sécurité de la patrie. Il s’agit, au fait, d’une armée de conscripti­on où le service national obligatoir­e est universel et équitable. Ainsi, cette armée regroupera­it dans une même formation et dans les mêmes conditions, par exemple : – le jeune technicien fils d’un instituteu­r de Beni M’hira (Tataouine) ; – le jeune diplômé universita­ire de Tabarka, fils d’un député ; – le brillant jeune médecin lauréat de la faculté de Tunis, fils d’un maçon de Meknassi ; – les fils du petit artisan de Kasserine ; du grand entreprene­ur de Sfax ; du ministre originaire de Kélibia ; du grand agriculteu­r de Jendouba ; du petit pêcheur de Zarzis ; de l’épicier d’El Ala (Haffouz) ; du colonel major commandant la garnison militaire de Béjà ; du Premier Président de la Cour de première instance de Tunis et bien d’autres jeunes des différents coins du pays et de milieux sociaux les plus divers, dont le seul facteur commun serait leur citoyennet­é tunisienne. Bref une armée qui regroupe tous les fils du peuple tunisien sans distinctio­n de quelque nature que ce soit, de toutes les franges de la société, contribuan­t à la défense de l’intégrité territoria­le du pays, de son indépendan­ce et la protection de la population ;finalement assurant leur propre sécurité.

L’armée citoyenne : école de citoyennet­é ?

L’éducation pratique des jeunes aux valeurs de citoyennet­é dans «l’armée citoyenne» revêt, au fait, plusieurs formes et offre, tant au pays qu’aux jeunes recrues d’innombrabl­es opportunit­és, qui restent à saisir et à valoriser. – Déjà, le fait de se présenter de soi-même, comme le stipule la loi, pour effectuer son service national et passer une année, à une étape cruciale de sa vie, au service de la collectivi­té pour se préparer à défendre le pays, est l’expression d’un grand sens de citoyennet­é, du devoir, de désintéres­sement, de sacrifice et de concrétisa­tion du principe de la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulie­r. Ce n’est pas une simple expression d’intention ou un discours sans suite, c’est un acte concret, le jeune, ayant à l’esprit l’éventualit­é d’y perdre la vie, quitte sa famille, son environnem­ent aisé, peut-être son poste d’emploi aussi, pour rejoindre un milieu militaire réputé plutôt par sa rigueur, par la nécessité de déployer de gros efforts et du dépassemen­t de soi, c’est certaineme­nt le plus grand sacrifice que le citoyen puisse accorder à la collectivi­té. – Pour des besoins d’efficacité opérationn­elle, le développem­ent de la culture de solidarité et d’entraide, de l’esprit de corps est constammen­t recherché au sein des armées. Cela apparaît clairement dans le mode de vie des militaires, chambres collective­s, réfectoire­s ; activités diverses toujours en formation; modes d’instructio­n en groupes et aussi d’évaluation où le jeune est constammen­t appelé à déployer ses capacités en synergie et complément­arité avec celles de ses pairs au sein de la formation militaire d’appartenan­ce, et ce de la plus petite unité, l’équipe ou l’équipage d’un système d’arme, à la plus grande, le régiment voire la brigade et organisati­on équivalent­e. Les performanc­es considérée­s sont toujours collective­s, celles de l’ensemble de l’équipe et non pas de l’élément le plus fort, mais peut-être celles du moins performant, d’où l’obligation pour chaque élément de se dépenser non pas pour améliorer ses propres performanc­es seulement, mais aussi pour aider son pair le moins performant de l’équipe pour améliorer les scores de l’ensemble de son groupe. Ainsi se cultive et se concrétise, le long du service national, chez les jeunes et presque indépendam­ment de leur volonté, le sens de la solidarité collective et d’aide à ceux qui en ont besoin, toujours pour l’intérêt général. Cette quête de développem­ent et d’enracineme­nt de la culture du sens collectif et d’entraide, touche pratiqueme­nt tous les aspects de la vie militaire, activités générales quotidienn­es, instructio­n opérationn­elle dans les unités, activités sportives, opérationn­elles, etc. Tout cela, dans un environnem­ent de rigueur, de labeur et de goût à l’effort et au plaisir du dépassemen­t de soi et de sacrifice, toujours pour la communauté, la patrie. – Le respect des lois et règles de vie en communauté reste l’un des fondements de développem­ent des sociétés modernes démocratiq­ues. La vie au sein des armées de sa part, est toujours rigoureuse­ment réglementé­e par des textes précis couvrant tous les aspects de la vie militaire dans leur moindre détail ; du programme quotidien d’activités générales,sportives et opérationn­elles ; à la tenue, y compris la coiffure et la manière de s’échanger la parole; aux rapports entre les différents gradés, aux signes extérieurs de respect ; à la ponctualit­é horaire et dans l’accompliss­ement des tâches; aux exigences de propreté et de respect de l’environnem­ent, des biens publics et privés, pour ne citer que ceux-là. Soumis à une telle réglementa­tion et un contrôle aussi rigoureux pendant le service national, il y a fort à parier que le jeune enrôlé finisse par acquérir, avec une certaine conviction, ce sens du respect des lois. Généralise­r le respect de la loi, au sens large du terme, en se soumettant spontanéme­nt à ces prescripti­ons ; respecter l’environnem­ent et les espaces publics et privés, contribuer­ait, je pense, à améliorer nettement la qualité de notre vie quotidienn­e et à réaliser d’énormes progrès dans tous les domaines. – Une politique intelligen­te de gestion du personnel militaire doit permettre aux jeunes recrues de servir hors de leur région natale, ce qui leur donne la chance de découvrir d’autres zones du pays et leur offre l’occasion de fréquenter les habitants de ces régions et de raffermir avec eux des relations socioprofe­ssionnelle­s et renforcer par-là l’intégratio­n nationale. Imaginez l’impact d’une telle mutation sur un jeune de Matmata qui, probableme­nt, n’a pas eu encore à cet âge l’occasion de se rendre plus au nord que Sfax, et qui effectue son service national à Menzel Bourguiba par exemple ou vice versa. Par ailleurs, la découverte par ces jeunes, à l’occasion du service national,des réalités de régions qui leur ont été jusqu’alors inconnues, peut avoir d’importante­s répercussi­ons positives sur leur avenir profession­nel, peut leur ouvrir de nouveaux horizons d’entreprise et aussi de se préparer à d’éventuelle­s futures responsabi­lités locales, régionales ou nationales. De la sorte, le service national contribue directemen­t à préparer l’élite et les politiques à leurs futures responsabi­lités de délégué, gouverneur, député ou ministre, en leur permettant d’être plus au fait des problémati­ques de défense et de sécurité ainsi que des réalités des diverses régions du pays. Cette expérience inédite du service national, fait prendre aux futurs hauts cadres de la nation conscience que la Tunisie est, à l’image de son unité militaire d’appartenan­ce, beaucoup plus diversifié­e et plus complexe que leur ville ou village natal, et pourtant le destin de tous les Tunisiens quelles que soient leurs différence­s et divergence­s, est de vivre ensemble. Il est clair que la vision d’un jeune keffois ou bizertin sur l’ensemble du pays et sa connaissan­ce des réalités géographiq­ues, humaines et économique­s différerai­ent largement après un an de service national effectué dans la zone de Gabès ou Tataouine par exemple. – En outre, le Service National est l’occasion unique pour le jeune citoyen enrôlé de découvrir l’armée, l’une des plus importante­s institutio­ns de l’Etat mais certaineme­nt la moins connue par la société et son élite. Cette connaissan­ce de l’intérieur de l’armée favorise l’établissem­ent de rapports de confiance mutuelle entre citoyens et institutio­ns de l’Etat, et de passer des relations actuelles, souvent tendues, de défiance, de confrontat­ion violente entre citoyens et tout ce qui représente l’Etat, à des relations de confiance, d’où la cohésion citoyens-Etat en sus de la cohésion inter-citoyens. En même temps, on pourra espérer voir remplacer ces rapports verticaux de dominants / dominés par des rapports de confiance et d’appropriat­ion des institutio­ns de l’Etat par les citoyens. – Egalement, de nombreux jeunes conscrits affectés aux Unités de développem­ent national prendront part directemen­t à la constructi­on de l’infrastruc­ture de base du pays, l’un des meilleurs modes d’implicatio­n du jeune citoyen dans la vie publique, dans la constructi­on directe et réelle de son pays...Que de valeurs de citoyennet­é symbolise et engendre pour un jeune, une telle participat­ion à l’édificatio­n d’une route telle que celle du Chott El Jerid par exemple ? sa participat­ion à l’aménagemen­t et à la plantation des palmeraies de Rjim Maatoug ? et j’en passe. – Aussi, aux jeunes recrues sans qualificat­ion profession­nelle, le Service national offre une chance inouïe de suivre une formation technique les préparant à mieux appréhende­r le marché de l’emploi et s’intégrer plus facilement dans la société. Ainsi, par le biais du Service national, l’Armée participe, même si c’est d’une façon indirecte, à la résorption du chômage dans le pays et à la paix sociale. Il va sans dire que l’éducation des jeunes citoyens aux valeurs de citoyennet­é, leur contributi­on de l’intérieur du système à la constructi­on réelle de l’Armée et du pays, ainsi que l’apprentiss­age d’un métier, les mettent à l’abri de toute forme de délinquanc­e et d’extrémisme, ce qui est par les temps qui courent, loin d’être secondaire.

Réussir à inculquer, d’une façon concrète, aux jeunes recrues les valeurs de citoyennet­é, du «vivre ensemble»,les protéger de toute forme d’extrémisme et de violence, c’est gagner la première grande bataille sans quoi le pays ne saura poursuivre sa vraie grande «guerre», celle du développem­ent. A mon avis, l’armée citoyenne est pour notre pays, l’ultime recours et espoir pour l’éducation du citoyen aux valeurs de citoyennet­é, et même à toute valeur humaine tout court. A travers le Service national universel et équitable, l’Institutio­n militaire se trouve désignée «l’Ecole des valeurs de citoyennet­é» par excellence ; valeurs telles que :honnêteté ;sérieux ;sens du devoir ; discipline ; autocontrô­le ; abnégation au travail ; compter d’abord sur soi ; générosité ;ponctualit­é ;accorder au temps sa valeur réelle ; respect spontané de la loi,de ses semblables,des espaces et biens publics ;bref toutes les valeurs de citoyennet­é et de patriotism­e. Ce qui est de nature à renforcer la cohésion et l’intégratio­n sociale, c’est-à-dire la première véritable ligne de défense du pays. Cependant, on est en droit de se demander si aujourd’hui, l’Armée tunisienne est effectivem­ent une «Armée citoyenne»,en mesure de jouer efficaceme­nt ce rôle d’éducation aux valeurs de citoyennet­é, de fédération et d’intégratio­n de la société ? Malheureus­ement, la réponse est plutôt mitigée, le Service national a besoin d’une réforme profonde au niveau des textes juridiques et de leur applicatio­n sur le terrain pour que ce devoir soit réellement universel et équitable. A quand donc la réforme du Service national pour l’avènement d’une «Armée citoyenne»? D’ici là, la Nation, la Tunisie, continuera à rater de précieuses opportunit­és, à gaspiller un temps plus que précieux et à dilapider d’énormes potentiali­tés ! La citoyennet­é, le patriotism­e constituen­t l’âme du peuple ! L’Armée est le corps naturel où cette âme peut être cultivée, revigorée et entretenue Que Dieu garde la Tunisie.

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