La Presse (Tunisie)

Intense et poétique

Le film aborde la notion d’appartenan­ce, revient sur les blessures d’un pays, d’un peuple… et nous donne envie de nous réconcilie­r nous-mêmes avec nos propres histoires.

- M.M.

Le CineMadart Carthage a proposé, du 14 au 28 juin, entre autres, un cycle de projection­s du film « Go home », le premier long métrage de la Libanaise Gihen Chouaïb, avec Golshifteh Farahani, Maximilien Seweryn, François Nour, Mireille Maalouf. Admirablem­ent porté par la sublime actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, le film nous bouleverse durant 1h38 par tant de poésie dans l’image, d’intensité et de sincérité dans le jeu. Le synopsis nous parle du retour de Nada (Golshifteh Farahani), une Libanaise de la diaspora, dans son pays natal pour l’enterremen­t de sa grand-mère. Devenue une étrangère, elle se réfugie dans la maison familiale en ruine, han- tée par son grand-père mystérieus­ement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité. Nada revient dans un Liban portant toujours les marques de la guerre civile qui l’a ravagé. Méfiante à l’égard des habitants du village, hostiles et silencieux, la jeune femme s’isole dans la maison qu’elle a héritée. Une maison délabrée, en ruine, aux murs en graphite où elle s’éclaire à la bougie. Elle a pour seule compagnie des objets disparates d’enfance retrouvés çà et là, elle en fait une sorte d’hôtel, une photo d’enfance en compagnie de son grand-père occupe le centre. Des souvenirs et autres fantômes du passé hantent ses nuits, la suivant jusque dans le jardin devenu une décharge à ciel ouvert. L’arrivée de son jeune frère Samir (Maximilien Seweryn) n’arrange rien. Un frère avec lequel elle a partagé tant de souvenirs d’enfance, des escapades nocturnes, de petits secrets et surtout la promesse de ne jamais quitter la maison (le pays). Sam semble plus détaché et autonome, lui qui avait pour habitude, étant enfant, de suivre toujours les traces de sa soeur. Il est là pour vendre la demeure familiale. Très naturelle dans le rôle d’une Libanaise (mêlant français et libanais), l’Iranienne Golshifteh Farahani d’une noirceur lumineuse irradie l’écran. L’on finit vite par s’attacher à Nada, cette jeune femme au coeur d’enfant qui ne semble pas vouloir perdre son enfance (son pays natal). Entre désillusio­n (son grand-père serait un milicien ?) et nostalgie, obstinée et incertaine à la fois, Nada affronte ses fantômes, creuse dans la terre de son passé, recolle des bribes de souvenirs pour parvenir, dans la douleur, à tracer un nouveau chemin. Elle trouve du réconfort et de l’aide auprès d’un jeune garçon du village, admirablem­ent campé par François Nour, lui-même ayant des souvenirs dans la demeure traditionn­elle qui fut un refuge pour lui. «Go home», à travers des images très poétiques, aborde la notion d’appartenan­ce, revient sur les blessures d’un pays, d’un peuple… et nous donne envie de nous réconcilie­r nous-mêmes avec nos propres histoires.

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