Tous les accusés devront rendre des comptes
Il faut se rendre à l’évidence, le rapport de la Cour des comptes n’est nullement de nature à remonter le moral ou à simplement booster la lutte contre la mauvaise gestion. Par l’ampleur de la mise en cause qu’il recèle, il aurait tendance à décrédibilise
Par l’ampleur de la dénonciation sans ambages de toutes les failles recensées par la Cour des comptes, dans son dernier rapport remis au chef de l’Etat, le pays est désormais confronté à l’amère réalité qui est la sienne en matière de gestion et de préservation des ressources publiques. Or cet éclairage historique qui n’épargne aucune institution, aucune structure, intervient au moment même où l’Etat engage une bataille ouverte contre la corruption, les malversations et les passe-droits, mettant à l’index des pontes de la contrebande, du marché parallèle et de la fraude fiscale et douanière. Les révélations de la Cour des comptes viennent ainsi confirmer le bien-fondé de ce combat et en élargir considérablement la cible. Sa complainte met en cause l’ensemble de la gestion des biens de l’Etat et des finances publiques. A un moment où la dette extérieure a atteint un record inquiétant et où les équilibres globaux sont sérieusement menacés, sachant que la monnaie nationale dégringole. Il faut se rendre à l’évidence, le rapport de la Cour des comptes n’est nullement de nature à remonter le moral ou à simplement booster la lutte contre la mauvaise gestion. Par l’ampleur de la mise en cause qu’il recèle, il aurait tendance à décrédibiliser l’ensemble de l’Etat et à mettre en cause la gestion, le contrôle et les recours qu’il a mis en place, y compris la Cour des comptes qui, par la bouche de son premier président, est forcée de reconnaître ses limites en l’état. Car si, comme il l’affirme haut et fort, «toute personne responsable de mauvaise gestion doit désormais rendre des comptes», il serait urgent d’accorder à la Cour des comptes les moyens humains, financiers et législatifs adéquats. Mais, dans l’attente, il est vital de voir le gouvernement mettre en place, comme le suggère la Cour des comptes, des «mécanismes» permettant le suivi des observations contenues dans le rapport. Il est clair, dans la cohérence du combat engagé par Youssef Chahed contre la corruption, les passedroits et les malversations, que des poursuites judiciaires s’imposent à l’encontre des responsables de mauvaise gestion. En attendant que soit adopté le projet de loi élargissant les prérogatives de la Cour des comptes.