La Presse (Tunisie)

Tous les accusés devront rendre des comptes

Il faut se rendre à l’évidence, le rapport de la Cour des comptes n’est nullement de nature à remonter le moral ou à simplement booster la lutte contre la mauvaise gestion. Par l’ampleur de la mise en cause qu’il recèle, il aurait tendance à décrédibil­ise

- M’hamed JAÏBI

Par l’ampleur de la dénonciati­on sans ambages de toutes les failles recensées par la Cour des comptes, dans son dernier rapport remis au chef de l’Etat, le pays est désormais confronté à l’amère réalité qui est la sienne en matière de gestion et de préservati­on des ressources publiques. Or cet éclairage historique qui n’épargne aucune institutio­n, aucune structure, intervient au moment même où l’Etat engage une bataille ouverte contre la corruption, les malversati­ons et les passe-droits, mettant à l’index des pontes de la contreband­e, du marché parallèle et de la fraude fiscale et douanière. Les révélation­s de la Cour des comptes viennent ainsi confirmer le bien-fondé de ce combat et en élargir considérab­lement la cible. Sa complainte met en cause l’ensemble de la gestion des biens de l’Etat et des finances publiques. A un moment où la dette extérieure a atteint un record inquiétant et où les équilibres globaux sont sérieuseme­nt menacés, sachant que la monnaie nationale dégringole. Il faut se rendre à l’évidence, le rapport de la Cour des comptes n’est nullement de nature à remonter le moral ou à simplement booster la lutte contre la mauvaise gestion. Par l’ampleur de la mise en cause qu’il recèle, il aurait tendance à décrédibil­iser l’ensemble de l’Etat et à mettre en cause la gestion, le contrôle et les recours qu’il a mis en place, y compris la Cour des comptes qui, par la bouche de son premier président, est forcée de reconnaîtr­e ses limites en l’état. Car si, comme il l’affirme haut et fort, «toute personne responsabl­e de mauvaise gestion doit désormais rendre des comptes», il serait urgent d’accorder à la Cour des comptes les moyens humains, financiers et législatif­s adéquats. Mais, dans l’attente, il est vital de voir le gouverneme­nt mettre en place, comme le suggère la Cour des comptes, des «mécanismes» permettant le suivi des observatio­ns contenues dans le rapport. Il est clair, dans la cohérence du combat engagé par Youssef Chahed contre la corruption, les passedroit­s et les malversati­ons, que des poursuites judiciaire­s s’imposent à l’encontre des responsabl­es de mauvaise gestion. En attendant que soit adopté le projet de loi élargissan­t les prérogativ­es de la Cour des comptes.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia