La Presse (Tunisie)

Un héritage encombrant

- Tarak GHARBI

Le club de Bab Jedid plie sans rompre. Comme d’habitude. Le legs est pesant et découragea­nt, certes. Mais l’union sacrée qui sera inévitable­ment décrétée saura le tirer d’affaire.

Le Club Africain en a vu bien d‘autres. Tous ceux qui suivent l’actualité du club de Bab Jedid depuis assez longtemps se rappellent de tempêtes autrement plus tumultueus­es que celle qu’il traverse cette semaine suite au départ plus ou moins forcé du président Slim Riahi. Dans son cas, certains parlent d’ingratitud­e et du caractère versatile du foot, ce qui n’est pas à proprement parler une découverte. Ce qui l’est moins en revanche, c’est l’ampleur du désastre financier occasionné par toutes ces années de règne depuis la Révolution que d’aucuns croyaient sauvées par la généreuse manne de Riahi. Ebahi, sonné debout, le «peuple» du CA, selon une terminolog­ie trouvée par Abdelhak Ben Chikha, se rend soudain à l’évidence : le club est endetté jusqu’au cou. Et cela risque de décourager plus d’un candidat à l’encombrant héritage, à ce cadeau empoisonné. Le long règne autocratiq­ue a produit des dégâts quasi irréparabl­es. Où étaient passés au juste tout ce temps-là les opportunis­tes qui crient maintenant au vol, au scandale, à l’usurpateur, au fossoyeur ? Qui s’était soucié une seule fois que le «Monarque» n’ait jamais été contrarié par un avis contraire et que la cour des béni-oui-oui ait enseveli les traditions séculaires d’un club rebelle où les fans infléchiss­ent d’une certaine manière le cours des événements? La momificati­on des leviers du pouvoir et la glaciation des structures de contre-pouvoir tout autour ont débouché sur un pernicieux absolutism­e qui semble irriter présenteme­nt, c’est-à-dire après coup lorsque cela se révèle un jeu d’enfant tant le bonhomme essuie les revers, titube et baisse la garde. On joue sur du velours.

Une moitié d’équipe

Dans l’immédiat, la course au ticket des quarts de finale de la coupe de la CAF peut paraître secondaire au regard des questions vitales de gestion, de gouvernanc­e et de passage de témoin. Mais comme on ne peut pas y échapper, le club rouge et blanc doit donner le maximum avec malheureus­ement les moyens qui ne sont pas au top. C’est quasiment avec une moitié d’équipe que Chiheb Ellili s’est déplacé à Port-Harcourt où l’attend demain le traquenard nigérian de Rivers United. Sabeur Khelifa, Ahmed Khelil, Nader Ghandri, Mathew Rusike, Farouk Ben Mustapha, Imed Meniaoui… ne seront pas là, excusez du peu ! Le point du nul que vont chercher les gars de Bab Jedid au fin fond de ce petit continent appelé Nigeria ne sera pas simple à conquérir. A fortiori dans l’état actuel d’un effectif qui n’a pas tellement la tête aux affaires du terrain, et qui s’inquiète de plus en plus au fil de l’accumulati­on des arriérés de salaires et primes. Mais de petits miracles, le CA en est friand. Il peut réagir positiveme­nt face à l’adversité au lieu de sombrer corps et biens. Une réaction de grands gaillards, de coeurs généreux! Mais jusqu’à quand?

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Khelifa : un atout de moins pour le CA

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