Un héritage encombrant
Le club de Bab Jedid plie sans rompre. Comme d’habitude. Le legs est pesant et décourageant, certes. Mais l’union sacrée qui sera inévitablement décrétée saura le tirer d’affaire.
Le Club Africain en a vu bien d‘autres. Tous ceux qui suivent l’actualité du club de Bab Jedid depuis assez longtemps se rappellent de tempêtes autrement plus tumultueuses que celle qu’il traverse cette semaine suite au départ plus ou moins forcé du président Slim Riahi. Dans son cas, certains parlent d’ingratitude et du caractère versatile du foot, ce qui n’est pas à proprement parler une découverte. Ce qui l’est moins en revanche, c’est l’ampleur du désastre financier occasionné par toutes ces années de règne depuis la Révolution que d’aucuns croyaient sauvées par la généreuse manne de Riahi. Ebahi, sonné debout, le «peuple» du CA, selon une terminologie trouvée par Abdelhak Ben Chikha, se rend soudain à l’évidence : le club est endetté jusqu’au cou. Et cela risque de décourager plus d’un candidat à l’encombrant héritage, à ce cadeau empoisonné. Le long règne autocratique a produit des dégâts quasi irréparables. Où étaient passés au juste tout ce temps-là les opportunistes qui crient maintenant au vol, au scandale, à l’usurpateur, au fossoyeur ? Qui s’était soucié une seule fois que le «Monarque» n’ait jamais été contrarié par un avis contraire et que la cour des béni-oui-oui ait enseveli les traditions séculaires d’un club rebelle où les fans infléchissent d’une certaine manière le cours des événements? La momification des leviers du pouvoir et la glaciation des structures de contre-pouvoir tout autour ont débouché sur un pernicieux absolutisme qui semble irriter présentement, c’est-à-dire après coup lorsque cela se révèle un jeu d’enfant tant le bonhomme essuie les revers, titube et baisse la garde. On joue sur du velours.
Une moitié d’équipe
Dans l’immédiat, la course au ticket des quarts de finale de la coupe de la CAF peut paraître secondaire au regard des questions vitales de gestion, de gouvernance et de passage de témoin. Mais comme on ne peut pas y échapper, le club rouge et blanc doit donner le maximum avec malheureusement les moyens qui ne sont pas au top. C’est quasiment avec une moitié d’équipe que Chiheb Ellili s’est déplacé à Port-Harcourt où l’attend demain le traquenard nigérian de Rivers United. Sabeur Khelifa, Ahmed Khelil, Nader Ghandri, Mathew Rusike, Farouk Ben Mustapha, Imed Meniaoui… ne seront pas là, excusez du peu ! Le point du nul que vont chercher les gars de Bab Jedid au fin fond de ce petit continent appelé Nigeria ne sera pas simple à conquérir. A fortiori dans l’état actuel d’un effectif qui n’a pas tellement la tête aux affaires du terrain, et qui s’inquiète de plus en plus au fil de l’accumulation des arriérés de salaires et primes. Mais de petits miracles, le CA en est friand. Il peut réagir positivement face à l’adversité au lieu de sombrer corps et biens. Une réaction de grands gaillards, de coeurs généreux! Mais jusqu’à quand?