L’urgence du jour
DEPUIS les départs à la tête des ministères de l’Education et des Finances, un remaniement était logiquement à l’ordre du jour. Le fait qu’il tardait à venir pouvait laisser penser qu’il ne se contenterait pas de remplacer les deux départs, qu’il pourrait être plus profond que cela. Ces derniers jours, les appels se sont faits plus pressants, y compris et en particulier de la part des deux grands partis de la coalition au pouvoir. Ce qui peut se traduire par deux revendications distinctes. La première est liée au fait que le rendement du gouvernement est jugé trop faible, notamment dans tel ou tel secteur particulier. Ce qui est considéré comme un facteur pénalisant dans la perspective des prochaines échéances électorales. Il s’agit donc, dans cette logique, d’engager les changements de personnes qui sont de nature à conférer à l’action du gouvernement une plus grande capacité de résultats : résultats dont il sera possible ensuite de se prévaloir. La seconde revendication qui, elle, peut être jugée plus mesquine mais qui est tout de même légitime, consiste à réclamer un ajustement dans la répartition des portefeuilles de manière à ce que cette dernière reflète davantage l’équilibre des forces tel qu’il a été exprimé par les urnes lors des dernières élections.
Ces deux revendications, intervenant cependant en un moment critique de guerre déclarée contre la corruption, suscitent fatalement la question suivante : appuient-elles l’effort engagé par le gouvernement en cette matière ou cherchent-elles au contraire à freiner l’élan, à faire diversion, à affaiblir ? Pour dissiper de telles interrogations, il conviendrait que leurs auteurs mettent au moins autant de force dans l’insistance au sujet du remaniement que dans celui qui porte sur le profil précis de ce dernier.
Ce dont le pays a besoin aujourd’hui, indépendamment de toute considération qui ramène aux petits calculs partisans, c’est que l’équipe aux commandes de l’exécutif soit une équipe forte, capable d’une grande cohésion et apte à transformer les actions engagées en des résultats positifs pour notre vie économique. Telle est l’urgence du jour, face à laquelle tous les partis devraient s’incliner, en laissant leurs revendications particulières à leur juste place, c’est-à-dire, pour faire court : de côté !
Autrement dit, il ne sert à rien de faire résonner dans le ciel les appels au remaniement si on ne précise pas ce qu’on attend de ce remaniement, et ce qu’on en attend surtout par rapport à la guerre menée contre la corruption, qui est une vraie guerre et pour laquelle l’implication de tous est requise.
A défaut, personne ne pourra empêcher le soupçon de gonfler au sujet de secrètes motivations et d’allégeances dangereuses. On le pourra d’autant moins que les attentes sont grandes, à tous les niveaux de la société : le mal a fait trop de dégâts. Par bien des aspects, le pays est à genoux et ses enfants le regardent impuissants. La priorité, c’est qu’il retrouve les forces de se relever !
Il ne sert à rien de faire résonner dans le ciel les appels au remaniement si on ne précise pas ce qu’on attend de ce remaniement, et ce qu’on en attend surtout par rapport à la guerre menée contre la corruption, qui est une vraie guerre et pour laquelle l’implication de tous est requise