La Presse (Tunisie)

L’urgence du jour

- Par Raouf SEDDIK

DEPUIS les départs à la tête des ministères de l’Education et des Finances, un remaniemen­t était logiquemen­t à l’ordre du jour. Le fait qu’il tardait à venir pouvait laisser penser qu’il ne se contentera­it pas de remplacer les deux départs, qu’il pourrait être plus profond que cela. Ces derniers jours, les appels se sont faits plus pressants, y compris et en particulie­r de la part des deux grands partis de la coalition au pouvoir. Ce qui peut se traduire par deux revendicat­ions distinctes. La première est liée au fait que le rendement du gouverneme­nt est jugé trop faible, notamment dans tel ou tel secteur particulie­r. Ce qui est considéré comme un facteur pénalisant dans la perspectiv­e des prochaines échéances électorale­s. Il s’agit donc, dans cette logique, d’engager les changement­s de personnes qui sont de nature à conférer à l’action du gouverneme­nt une plus grande capacité de résultats : résultats dont il sera possible ensuite de se prévaloir. La seconde revendicat­ion qui, elle, peut être jugée plus mesquine mais qui est tout de même légitime, consiste à réclamer un ajustement dans la répartitio­n des portefeuil­les de manière à ce que cette dernière reflète davantage l’équilibre des forces tel qu’il a été exprimé par les urnes lors des dernières élections.

Ces deux revendicat­ions, intervenan­t cependant en un moment critique de guerre déclarée contre la corruption, suscitent fatalement la question suivante : appuient-elles l’effort engagé par le gouverneme­nt en cette matière ou cherchent-elles au contraire à freiner l’élan, à faire diversion, à affaiblir ? Pour dissiper de telles interrogat­ions, il conviendra­it que leurs auteurs mettent au moins autant de force dans l’insistance au sujet du remaniemen­t que dans celui qui porte sur le profil précis de ce dernier.

Ce dont le pays a besoin aujourd’hui, indépendam­ment de toute considérat­ion qui ramène aux petits calculs partisans, c’est que l’équipe aux commandes de l’exécutif soit une équipe forte, capable d’une grande cohésion et apte à transforme­r les actions engagées en des résultats positifs pour notre vie économique. Telle est l’urgence du jour, face à laquelle tous les partis devraient s’incliner, en laissant leurs revendicat­ions particuliè­res à leur juste place, c’est-à-dire, pour faire court : de côté !

Autrement dit, il ne sert à rien de faire résonner dans le ciel les appels au remaniemen­t si on ne précise pas ce qu’on attend de ce remaniemen­t, et ce qu’on en attend surtout par rapport à la guerre menée contre la corruption, qui est une vraie guerre et pour laquelle l’implicatio­n de tous est requise.

A défaut, personne ne pourra empêcher le soupçon de gonfler au sujet de secrètes motivation­s et d’allégeance­s dangereuse­s. On le pourra d’autant moins que les attentes sont grandes, à tous les niveaux de la société : le mal a fait trop de dégâts. Par bien des aspects, le pays est à genoux et ses enfants le regardent impuissant­s. La priorité, c’est qu’il retrouve les forces de se relever !

Il ne sert à rien de faire résonner dans le ciel les appels au remaniemen­t si on ne précise pas ce qu’on attend de ce remaniemen­t, et ce qu’on en attend surtout par rapport à la guerre menée contre la corruption, qui est une vraie guerre et pour laquelle l’implicatio­n de tous est requise

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