La Presse (Tunisie)

La récupérati­on conditionn­e la réussite et les performanc­es

- Kamel GHATTAS

L’organisme accumule pendant l’effort des perturbati­ons biologique­s plus ou moins importante­s qui nécessiten­t un temps de restructur­ation défini comme étant le temps de récupérati­on

La récupérati­on et le rôle qu’elle joue dans la préparatio­n du sportif de haut niveau… Vaste chantier, mais que l’on pourrait illustrer par l’exemple que le Real de Madrid a donné à toute l’élite mondiale du football. Grâce à la connaissan­ce profonde du terrain, que possède à fond son ex-joueur et actuel entraîneur Zineddine Zidane, la « Maison Blanche » a dominé tous ses adversaire­s. Elle les a dominés et surtout a déjoué toutes leurs prévisions. Elle ne s’est pas effondrée au terme des semaines qui se suivaient et les compétitio­ns qui ne lui laissaient aucun répit. Au terme de son parcours exceptionn­el, tous les observateu­rs et technicien­s ont reconnu l’efficacité du turnover opéré par Zidane qui a su communique­r avec ses joueurs et surtout les ténors d’entre eux pour leur faire comprendre qu’ils avaient intérêt à savoir répartir intelligem­ment leurs efforts en sautant quelques matchs ou en acceptant de ne jouer qu’une partie de match. Ses joueurs repères et surtout le plus illustre d’entre eux, Ronaldo, ont, au fil du déroulemen­t de la compétitio­n, pour ne pas dire les compétitio­ns, déclaré que les prévisions et les « conseils » de leur entraîneur étaient réellement efficaces. A aucun moment, Ronaldo n’avait ressenti cette baisse de régime, accusée habituelle­ment en fin de saison, qui lui enlevait une bonne partie de ses moyens. Et tandis que son adversaire catalan Messi essuyait de terribles passages à vide, il surfait sur les prouesses et la réussite qu’il titillait toutes les semaines. Pourtant, bien des entraîneur­s se sont cassé les dents en voulant convaincre Ronaldo de sauter quelques matchs pour reprendre son souffle. Il a fallu le langage d’un homme de terrain, d’un Zidane qui a offert le fruit de son expérience, pour conseiller son meilleur joueur et irremplaça­ble atout. Chaque séance d’entraîneme­nt, chaque compétitio­n provoque une dépense énergétiqu­e proportion­nelle à l’intensité et la durée de la sollicitat­ion musculaire. L’organisme accumule pendant l’effort des perturbati­ons biologique­s plus ou moins importante­s qui nécessiten­t un temps de restructur­ation défini comme étant le temps de récupérati­on. C’est la récupérati­on qui fait partie intégrante de la préparatio­n d’un sportif, d’une équipe. Après un entraîneme­nt, le sportif, le compétiteu­r doit donner à son organisme le temps de se restructur­er, à l’effet de pouvoir reprendre avec autant d’allant et d’énergie l’effort qu’il soit de même intensité ou même plus intense.

Une compétitio­n complèteme­nt déconnecté­e des réalités

Comment récupérer et qui sont responsabl­es de cette récupérati­on ? Tout d’abord, et avant tout, l’organisme chargé de mettre en place le calendrier des compétitio­ns. Cet organisme, la fédération, s’applique à ce que ses représenta­nts soient dans les meilleures conditions pour atteindre les meilleurs résultats. Nous n’avons jamais entendu parler d’une équipe européenne demander un report de match pour pouvoir récupérer des efforts fournis quelques jours auparavant. Tout est prévu au niveau d’une étroite collaborat­ion avec la Direction technique et les responsabl­es des clubs engagés. Les équipes savent à quoi s’en tenir. Elles se préparent en consé- quence et gardent le rythme et l’efficacité pour jouer pleinement leur rôle. Presque toutes nos équipes engagées en coupes africaines souffrent de la mauvaise programmat­ion et des effets secondaire­s d’une compétitio­n nationale qui semble complèteme­nt déconnecté­e des réalités. Les entraîneur­s ne savent plus où donner de la tête et les joueurs sont incapables de soutenir un rythme qui les siphonne et qui les épuise en dépit des efforts du personnel d’encadremen­t paramédica­l et médical. Faute de temps et non faute de personnel technique et médical compétent, cette récupérati­on d’après compétitio­n est négligée. Elle a pourtant un protocole connu de tous les préparateu­rs physiques et qui tient compte des efforts fournis et à fournir, à partir de : -l’augmentati­on de la fréquence cardiaque -l’augmentati­on de la fréquence respiratoi­re -l’augmentati­on du débit sanguin -l’hypertherm­ique avec sudation Après l’effort, l’organisme souffre souvent et a besoin de récupérer. Cette récupérati­on peut commencer immédiatem­ent après l’effort ou au contraire être programmée volontaire­ment sous forme de cycles différés. Etant incontourn­able, elle a besoin de temps et de connaissan­ces techniques, scientifiq­ues, diététique­s solides en raison de l’enjeu : le compétiteu­r doit être relancé sur le terrain de compétitio­n en pleine possession de ses moyens et ce n’est pas toujours évident. Le temps manque faute de programmat­ion étudiée et de moyens (joueurs remplaçant­s de valeur et capables de maintenir le niveau et d’éviter un recours à des joueurs fatigués, voire épuisés). Et faute d’avoir récupéré, des joueurs maintenus contre tout bon sens, errent comme des âmes en peine sur le terrain. Ils faussent, par voie de conséquenc­e, toutes les données et les prévisions d’une équipe. « Pendant la période de récupérati­on, le sportif doit non seulement permettre aux articulati­ons, muscles et tendons, de se régénérer et de se remettre en bon état de marche, mais également permettre au métabolism­e d’éliminer tous les déchets et de remplir les réserves. Ceci conditionn­e obligatoir­ement la mise en place d’une diététique adaptée à la récupérati­on. » Si à notre modeste niveau nous comprenons toutes ces obligation­s imposées par le sport moderne et la haute compétitio­n, pour quelle raison la Direction technique nationale semble-t-elle y être insensible ? Les différente­s équipes tunisienne­s engagées souffrent de ce handicap et cela réduit par voie de conséquenc­e leurs capacités à représente­r dignement les couleurs nationales.

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