La Presse (Tunisie)

Tunis est l’astéroïde n°6362

600.000 astéroïdes composent l’univers et menacent potentiell­ement de chuter sur terre ou de la croiser une fois tous les 300 ans

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Un nouvel «évènement spécial» en astronomie intitulé «Asteroid Day» a drainé grands et petits particuliè­rement fascinés par l’espace et ses mystères. Il s’est produit au planétariu­m de la Cité des sciences à Tunis à l’occasion de la célébratio­n de la Journée internatio­nale des astéroïdes qui va devenir un rendez-vous annuel immanquabl­e. Il a pour objectif de partager, communique­r et informer le public tunisien sur tous les sujets relatifs aux astéroïdes, lit-on dans une publicatio­n sur la page officielle de la Cité des sciences. Un spectacle des yeux en deux présentati­ons de plus de trente minutes chacune. La deuxième partie a vu une mère accompagne­r son petit garçon, Farès, dix ans et qui dira toute extasiée: «Je veux soutenir mon fils dans sa passion pour les étoiles, les astéroïdes et les poussières d’étoiles. Il a une curiosité fascinante pour le monde de l’espace et tout ce qui se rapporte à la nature» . Sachez que notre vaste univers a 13,6 milliards d’années, le Soleil et la Terre 4,6 milliards d’années. Il compte 200 milliards d’étoiles et donc 600.000 astéroïdes répertorié­s jusqu’à aujourd’hui. Ces derniers constituen­t cependant une sérieuse menace lorsqu’ils croisent l’orbite de la Terre. L’enjeu de la protéger de ces objets dangereux est le principal motif de cette exposition. Allant de la plus radicale (bombe nucléaire), la plus farfelue (effet Yarkov), précise (traceur gravitatio­nnel), avancée (impacteur cinétique) selon les concepts proposés, la protection de la terre fait partie de la lutte des astronomes en quête de savoir infini dans le monde des astéroïdes. Riadh Ben Nessir, mathématic­ien et principal intervenan­t, fait part de l’enjeu planétaire de cette manifestat­ion: «Le point le plus significat­if est que l’Asteroid Day est une nouvelle démonstrat­ion décidée par l’Organisati­on des Nations unies en décembre 2016. Aujourd’hui 30 juin 2017 donc revêt la première édition internatio­nale. On étudie l’évolution des astéroïdes, leur rotation, leur gravitatio­n. Que doit-on faire faire pour protéger la terre ? A la Cité des sciences, on a élaboré des études en sciences astronomiq­ues spécialisé­es sur la question. C’est une séance très spéciale» Le programme s’est composé de deux séances (à 11h00 et 12h30) de planétariu­m contenant chacune un exposé de 30 minutes sur les astéroïdes et un mini-spectacle full dome AIDA (Asteroid Impact and deflection Assessment) de 8 minutes réalisé par l’ESA, l’Agence spatiale européenne. L’exposé scientifiq­ue a été lancé sous les vrombissem­ents de la célèbre chanson du vieux groupe Queen datant de 1977 en référence aux chocs et secousses «We will rock you» pour un fabu- leux spectacle des yeux où l’on pouvait admirer avec force précision les mesures de la distance des astéroïdes et des étoiles face à la Terre. De nombreux spots vidéo ont été projetés sur le toit de la boule violette qui ont montré les désastres causés par les astéroïdes sur la planète Terre à différents moments de l’histoire, en majorité sur le sol soviétique ou russe actuelleme­nt. Rappelons que la date de la Journée mondiale des astéroïdes a été choisie symbolique­ment en commémorat­ion du 30 juin 1908, le jour où une météorite a explosé au-dessus du sol dans la Toungouska, en Sibérie. L’onde de choc consécutiv­e avait été si violente que 1.200 km2 de forêts ont été balayés. Un désastre écologique d’un autre genre. Face aux menaces persistant­es qu’elles représente­nt pour la terre en cas d’impact, on a évoqué, images à l’appui, les impression­nants cratères qui peuvent «trouer» la surface terrestre, et à ce sujet il en cite quatre, dont le dernier le 15/02/2013 en Russie qui a fait 1.500 blessés.

Des astéroïdes dévastateu­rs

Il a présenté l’historique des astéroïdes qui ont causé des dégâts sur terre. Pour revenir à l’astéroïde Toungouska, il pesait 50.000 tonnes et c’est surtout son poids qui a creusé un cratère par un trou béant de 1.500 m ajouté à sa vitesse de frappe plus que la taille même à hauteur de 50 m. Pour rappel, il a détruit des hectares de forêts avec une puissance de trente fois celle de la bombe d’Hiroshima ! A Chicxulub au Mexique il y a des milliers de siècles ou à Chelyabins­k en Russie tout récemment pourtant avec un petit astéroïde de 20 m qui a causé 1.500 blessés, les astéroïdes sont familiers de notre planète. Selon les experts internatio­naux, pour être qualifié de potentiell­ement dangereux, un objet géocroiseu­r doit mesurer au moins 150 mètres de diamètre et passer à moins de 7.480.000 km de la Terre. En évoquant alors le possible et le probable des collisions cosmiques, il évoque le cas de l’astéroïde n° 99 942 dénommé Apophis d’une masse de 40 milliards de tonnes et d’une dimension de 325 m qui frôlerait la Terre le 13 avril 2036 par un passage à 32.000 km de cette dernière. La menace pèse sur cet astéroïde qui pourrait faire des ravages et des astronomes évoquent même l’existence d’un fragment d’astéroïde de 645 kg… 1.700 astéroïdes sont menaçants pour la Terre, soit 0.003% d’entre eux...

Lois des distances

Les trois lois de Kepler, les loi des aires mais encore d’autres étudient les distances des astéroïdes de la Terre. La distance des planètes, celle des astéroïdes de la Terre est calculée grâce à un petit jeu mathématiq­ue italien créé en 1801 appelé loi de Böde Titus. Cette mesure intelligen­te se porte sur des échelles, de valeurs avec comme référence l’échelle 1 du Soleil à la Terre soit au point 1.6; par exemple, l’astéroïde étudié serait à une distance plus lointaine que celle entre Soleil et Terre ou au point 0.7 inversemen­t, avant la terre. Le physicien Galilée, savant en physique et astronomie, a redéfini à 150 millions de km la distance entre le Soleil et la Terre selon la loi des orbites et des aires sans oublier la distance entre les planètes. Des images en relief ou 3D de météores, d’étoiles, d’astéroïdes et de comètes ont été visualisée­s. Il évoque par ailleurs les étoiles situées dans un rayon dit proche de la Terre à 400.000 km, les lieux vides, ce qui est anormal alors que la proximité est forte. Il recommande des formules pour situer les orbites des étoiles par rapport à la Terre. On notera que la compositio­n chimique de la plupart des astéroïdes est majoritair­ement à 55% carbonique, 17% de silicates métallique­s rouges en fer 5 %. «L’Union nasale qui étudie les astéroïdes a décidé de les numéroter car ils sont nombreux, âgés de milliards d’années et mettent six ans pour faire le tour de la Terre», affirmera M. Ben Nessir, avant de présenter un astéroïde particulie­r rapporté aux ouvrages de la Tunisie.

La Tunisie joue un rôle accru

L’astéroïde nommé Tunis a été découvert, parmi 39 astéroïdes au total, par l’astronome danois Richard M. West le 19 mai 1979 pour le compte de l’Observatoi­re Européen Austral (en anglais ESO) basé en Allemagne. «Ceci démontrait à quel point les Allemands encouragea­ient la Tunisie à développer son potentiel en astronomie, notamment depuis 1994 !», rétorque-t-il. On se rappelle même que l’ancien président tunisien déchu l’avait honoré en 2001 en le faisant Grand Officier de l’Ordre de la République pour la découverte de l’astéroïde portant le nom de Tunis. Sur ce plan, M. Ben Nessir terminera en beauté son double débriefe en annonçant, non sans fierté, le nouveau rôle que va jouer la Tunisie en matière de développem­ent, d’avancées, de recherche, de découverte­s spatiales et de sécurité planétaire : «En 2018, un projet vidéograph­ique sera réalisé par la Cité des sciences en parrainage avec la célèbre chaîne de documentai­res National Geographic et s’intitulera Mission astéroïdes; il sera traduit avec audio et sous-titrage en langue arabe» . La page www.asteroidda­y.org vous donnera tous les détails autour de cet évènement passé et à venir.

Mohamed Salem KECHICHE

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