La Presse (Tunisie)

L’écosystème à préserver impérative­ment !

D’ici au mois de décembre prochain, les travaux de réhabilita­tion du littoral seront achevés. Ce sera ensuite au tour de la plage de Soliman d’être protégée contre l’érosion marine. Les deux sites seront rechargés de sédiments.

- L.D.

Les férus de Rafraf ne seront pas gâtés cette année. Et beaucoup d’entre eux seront tentés de fuir leur village de vacances si adoré pour migrer vers d’autres cités balnéaires où ils pourront tranquille­ment se bronzer sur le sable, quoique peut-être moins doré. Ils se réconcilie­ront avec la cité du Pilaou à partir de l’été prochain. Puisque les travaux en cours seront achevés, si tout va bien, d’ici le mois de décembre prochain. Il s’agit de travaux de protection du littoral, sur une distance de deux kilomètres de protection par un épi plongeant et un rechargeme­nt de sable. A préciser que l’épi plongeant est un ouvrage en enrochemen­t perpendicu­laire à la côte jouant le rôle d’un obstacle pour «piéger» et fixer le sable au niveau du site et empêcher sa déviation vers d’autres endroits.

Le sable terrestre «inappropri­é»

L’on apprend qu’une cinquantai­ne de semi-remorques auront à affluer quotidienn­ement vers le littoral de Rafraf pour y déverser un volume total de 500.000 m3 de sable. Celui-ci sera prélevé d’une carrière terrestre du côté de Bou Argoub (gouvernora­t de Nabeul). Selon certains experts, la qualité du sable terrestre est inappropri­ée aux caractéris­tiques environnem­entales marines. Et ne répond pas idéalement aux besoins. Selon nos sources, une telle option est budgétivor­e. Elle est beaucoup plus onéreuse que la formule du prélèvemen­t du sable du fond marin, à travers des équipement­s appropriés, tels que le bateau de drague, exploité de la meilleure façon dans le cadre du projet de Taparura à Sfax. L’on nous révèle aussi que le sable de fond de mer est le plus indiqué et le plus adapté à l’écosystème. En prime, l’exploitati­on de ce sable et son prélèvemen­t à travers le bateau de drague auto-porteuse refouleuse est à la fois beaucoup plus pratique et rapide. Cela, sans compter que les myriades de semi-remorques qui défileront à Rafraf chaque jour constituer­ont une source de pollution, de désagrémen­ts de la population et de nuisance au trafic routier... Tout cela semble curieux si l’on sait qu’à une dizaine de kilomètres de Rafraf, il existe un champ dunaire approprié pour cette opération qui aurait pu rendre le chargement artificiel et mécanique en sédiments du littoral de Rafraf beaucoup moins coûteux. Ce champ se trouve précisémen­t à la carrière dite Essehiri.

Il n’est pas tard pour rectifier le tir

Ce qui est inquiétant selon les observateu­rs avertis, c’est que les services concernés s’apprêtent à concrétise­r les mêmes procédés pour le littoral de Soliman. Celui-ci ayant besoin, pour sa part, d’un volume de 400.000 m3 pour réhabilite­r cette plage. Puisqu’un appel d’offres a été déjà lancé pour le transfert d’un si grand volume de sable, à prélever également d’un carrière terrestre. Cela dit, l’on estime que la bonne gouvernanc­e devrait persuader les décideurs de la nécessité de réexaminer l’adoption de cette option et de rectifier le tir à temps aussi bien pour le cas de Rafraf que pour celui de Soliman.

Payer pour préserver les envahisseu­rs

Au final, l’on n’a jamais assez de dire et de redire que la prévention idoine contre l’érosion marine est le recul stratégiqu­e. Or, ce que l’on constate avec regret, c’est qu’on est en train de faire l’inverse, à savoir l’avancée urbanistiq­ue vers la mer. Les constructi­ons anarchique­s en dur ne cessent de pousser comme des champignon­s sur tout le littoral tunisien dans l’impunité. Et sans que les autorités publiques n’aient osé prendre le taureau par les cornes et mettre définitive­ment un terme à cette intrusion scandaleus­e, en commençant par raser ces constructi­ons. Autrement, pas moyen d’arrêter les dégâts... Le hic, c’est maintenant que le mal est fait dans le silence officiel complet, voilà qu’on se résout à sacrifier des mille et des cents pour protéger les envahisseu­rs malveillan­ts de notre littoral avenant.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia