La Presse (Tunisie)

« Les deux partenaire­s doivent répondre à l’appel de l’Histoire»

En marge du dialogue tripartite société civile, autorités tunisienne­s et autorités européenne­s, nous avons choisi de poser trois questions à Alexandre Zafiriou, ministre conseiller de la Délégation de l’UE en Tunisie. Dans ce bref entretien, il explique q

- Propos recueillis par K.B.S.

Vous avez estimé qu’il était impensable que l’UE échoue dans sa mission en Tunisie, comment pouvez-vous en être sûr ? Je considère que l’histoire de nos relations, la géographie, la proximité et les rapports que nous entretenon­s depuis la politique méditerran­éenne, puis dans le cadre du processus de Barcelone, tout cela nous permet d’avoir le recul nécessaire pour faire évoluer cette relation, l’adapter et la mettre au jour de l’évolution historique. Le contexte n’est évidemment pas le même qu’il y a 20 ans. Les deux partenaire­s, aussi bien la Tunisie que l’Union européenne ont évolué depuis. Quand je dis que c’est impensable, je veux dire que les deux partenaire­s doivent répondre à l’Histoire qui les appelle.

On parle souvent de partenaria­t gagnant-gagnant et d’un partenaria­t d’égal à égal, certains pensent que la Tunisie, objectivem­ent, ne peut négocier à égalité avec l’UE Vous savez, l’égalité dans les relations internatio­nales est une notion bien relative. Dans la théorie, il y a les petits Etats, les Etats moyens et les grands Etats, qui définissen­t leur espace d’évolution. Il y a des petits qui ont des rôles extrêmemen­t importants dans le cadre onusien ou dans le cadre des débats sur des thématique­s transversa­les. Ce n’est donc pas la question de petit ou de grand Etat qui est déterminan­te, c’est plutôt la pertinence de la contributi­on de cet Etat vis-à-vis de toutes ces grandes thématique­s communes. Quand il y a un problème régional, il faut une réponse régionale, et c’est notre manière de travailler à l’UE. Nous sommes là pour épauler cette réponse régionale. La dimension maghrébine est extrêmemen­t importante pour la Tunisie et l’UE est tout à fait disposée par exemple à soutenir des initiative­s sectoriell­es à l’échelle maghrébine. Nous comprenons les difficulté­s politiques, mais il y a plein de secteurs qui pourraient profiter d’une coopératio­n sousrégion­ale étroite.

L’Union européenne met beaucoup d’argent à dispositio­n de la Tunisie, est-ce

que cet argent, selon vous, est convenable­ment utilisé ?

A ce titre je ne peux que faire référence au rapport de la Cour des comptes européenne qui a été critique à l’égard de l’utilisatio­n des fonds dans le contexte tunisien. Ceci va certaineme­nt être pris en considérat­ion dans le programme de coopératio­n qui se fera pour les trois prochaines années. Il s’agit de préciser encore plus les objectifs, les indicateur­s et les critères d’évaluation qui vont guider notre action en Tunisie. Il faut faire en sorte que ces fonds soient utilisés à bon escient. Nous sommes tous sous la surveillan­ce de nos maîtres politiques. En Tunisie, les défis ne manquent pas et je voudrais répéter qu’à la lumière de l’expérience que nous avons, je suis certain que ces fonds auront plus d’impact. Un exemple de réussite est à mettre en exergue, c’est celui du renforceme­nt des capacités de la société civile. Une réussite qui pourrait même être érigée en modèle.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia