La Presse (Tunisie)

Redéfinir les priorités d’un partenaria­t stratégiqu­e

Lilia Rebaii : «Nous pensons que le cadre existant n’est plus adapté pour prendre en compte les défis et les priorités de la Tunisie nouvelle»

- Karim BEN SAID

Des représenta­nts de l’Union européenne, de la société civile et de l’Etat tunisien se réunissent depuis hier à Tunis à l’initiative d’EuroMed Droits, pour la défense des droits humains. Pendant trois jours et dans le cadre du dialogue tripartite, ces partenaire­s vont effectuer un travail d’échange qui permettrai­t d’aller de l’avant et peut-être, c’est l’ambition des organisate­urs, de sortir avec une vision commune dans des domaines aussi divers que l’égalité et droits des femmes, la migration, la réforme de la justice et enfin les droits économique­s et sociaux. «C’est une session extraordin­aire dans le cadre du dialogue tripartite, précise Lilia Rebai, directrice du bureau Tunisie EuroMed Droits. En fait, l’idée est d’échanger sur les recommanda­tions des uns et des autres pour finalement avoir une seule et même vision stratégiqu­e autour des quatre thématique­s». Mais la rencontre est surtout une occasion pour évaluer le partenaria­t stratégiqu­e entre la Tunisie et l’Union européenne. Un partenaire qui a, estime-t-on du côté européen, mis beaucoup d’argent sur la table pour soutenir la transition tunisienne, même si certains estiment que l’UE pourrait encore augmenter son aide à la Tunisie. Si l’UE met à dispositio­n de la Tunisie des fonds plus ou moins importants, la gestion de ces fonds n’est pas toujours exemplaire à en croire le dernier rapport de la Cour des comptes européenne qui reproche à l’exécutif de l’UE d’avoir en quelque sorte émietté son aide et voulu s’occuper de plusieurs thématique­s à la fois. Mais malgré ces «ratés», Alexandre Zafiriou, ministre conseiller de la Délégation de l’UE en Tunisie, assure qu’il est «impensable que l’Union européenne ne réussisse pas en Tunisie». «Au-delà du simple échange, estime Lilia Rebai, il est important de réfléchir sur le type de partenaria­t qu’on souhaite avoir avec l’Union européenne. Nous pensons que le cadre existant n’est plus adapté pour prendre en compte une Tunisie nouvelle». Président d’honneur d’EuroMed Droits, l’ex-ministre chargé des Relations avec les Instances constituti­onnelles, la Société civile et les Organisati­ons des droits de l’Homme, Kamel Jendoubi, s’est ainsi posé plusieurs questions de fond, en présence Alexandre Zafiriou, ministre conseiller de la Délégation de l’UE en Tunisie. Au moment où l’Union européenne entame une grande réflexion sur sa raison d’être, Kamel Jendoubi s’interroge sur la place de la Tunisie dans cette réflexion. Il estime, par ailleurs, que le point de vue tunisien est souvent occulté. «Nous savons à peu près ce que l’UE attend de nous, mais nous n’avons pas réfléchi à ce que nous voulons de l’Union européenne», dit-il. Kamel Jendoubi semble également regretter que ce partenaria­t stratégiqu­e avec l’Union européenne soit truffé d’exceptions, à l’instar de la libre circulatio­n des personnes. «C’est l’Union européenne qui sélectionn­e à qui elle souhaite octroyer un visa», note-t-il. Quoi qu’il en soit, depuis hier, le dialogue est installé sur le thème des droits des femmes. Un thème aux enjeux toujours d’actualité. La migration a également été, dans l’après-midi, au centre des débats.

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