La Presse (Tunisie)

L’Instance de la bonne gouvernanc­e et de la lutte contre la corruption sous la loupe

Le texte de loi 38/2017 qui détaille le fonctionne­ment et la mission de l’instance de lutte contre la corruption a bénéficié d’une activation de la procédure parlementa­ire

- Hella LAHBIB

Le projet de loi organique relatif à l’instance constituti­onnelle de la bonne gouvernanc­e et de la lutte contre la corruption a été examiné hier dans l’une des salles du palais du Bardo par la commission de consensus. Dénuée de tout fondement statutaire, cette dernière est une entité caméléon et hybride dont la compositio­n des membres change selon le projet de loi à l’étude. Ordinairem­ent, la commission d’accord est composé des membres directeurs de celle initialeme­nt en charge du projet de loi, plus les présidents des blocs parlementa­ires ou ceux qui les secondent. En l’occurrence, le président de la commission parlementa­ire permanente de l’organisati­on de l’administra­tion et des forces armées, Mohamed Naceur Jbira, présidait lui-même la séance d’hier, avec à ses côtés deux rapporteur­s, Monia Brahim et Khawla Ben Aïcha. Etaient présents également autour de la table, les présidents des blocs parlementa­ires dont Rim Mahjoub du bloc Afek, Ahmed Seddik du Front populaire et Mustapha Ben Ahmed du bloc national, lequel lance un mot d’esprit provocateu­r et non moins fondé: «Il faudra enlever les montres de ce pays ». Et pour cause, la séance prévue à 9h00 s’engage non sans peine deux heures plus tard.

Accélérati­on de la procédure législativ­e

Cette commission ad hoc détient donc la mission ultime d’alléger le texte de ses nombreux amendement­s, en présence de l’auteur de l’initiative législativ­e, les représenta­nts du ministère chargé des Relations avec les instances constituti­onnelles et la société civile. Pour qu’en finale ne restent à débattre en séance publique que les propositio­ns d’amendement­s ou autres litiges que la commission tutélaire et celle tenue sous les auspices consensuel­s n’ont pu arbitrer. Le texte de loi 38/2017 qui détaille le fonctionne­ment et la mission de l’instance de lutte contre la corruption a bénéficié — il est important de le signaler — d’une activation de la procédure parlementa­ire. Déposé par le ministère auteur du projet de loi, le 23 mars dernier, il a été réceptionn­é par la commission­s compétente le 4 avril. Déjà, le 11 avril commençaie­nt les auditions avec en prime les représenta­nts de la Cour des comptes. Depuis, 13 réunions de commission ont été tenues et pas moins de trois plénières. Plusieurs projets de loi autrement plus importants n’ont pas eu droit à de tels honneurs. Par ailleurs, le texte de loi de 67 articles est décliné comme suit: les dispositio­ns générales sont présentées brièvement en quatre articles, ensuite et entre le 5e et le 32e article, les missions de l’instance et ses attributio­ns sont fixées, de 33 à 53 l’orga- nisation de l’instance, de 54 à 62 sont exposées les garanties du bon déroulemen­t du travail de l’instance, et enfin, de 63 à 67 les dispositio­ns transitoir­es closent le projet de loi. Après avoir examiné précédemme­nt les dispositio­ns générales, est venu le tour de la mission de l’instance et ses attributio­ns pour être examinées par les élus hier. Ainsi l’article 19, entre autres, dispose que le président de l’instance ou un des membres est habilité et ce, dans les domaines public et privé, à enquêter suite à une requête ou une alerte, et à recueillir des témoignage­s, à procéder à la saisie de documents et d’objets et, ajoute l’article, est amené à remettre les documents saisis, les rapports et les P.-V. aux autorités judiciaire­s sous 24 heures. Le délai de la transmissi­on des dossiers des instructio­ns demeure une des questions litigieuse­s à traiter. A suive donc…

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