Dépendance au risque
Le Club Africain ne peut plus continuer à être géré sur fond de polémiques, ou encore demeurer la cible de personnes qui s’érigent en protecteurs au nom de l’intérêt supérieur du club. Ils deviennent les catalyseurs d’une potentielle fébrilité et, au fina
Plus qu’une simple association sportive qui cristallise un sentiment d’appartenance autour des émotions partagées, le CA est un club pas comme les autres. Loin des pratiques régulières, sa gestion repose sur un niveau d’exigence au quotidien très élevé.
L’image du club dépend énormément du statut et du rang qu’occupe l’équipe de football. Celle-ci est souvent jugée aux résultats. Mais aussi on ne pense pas souvent à l’ambiance qui y règne.
Les actes d’absolution et de décharge de ces dernières années impliquent forcément des causes et des degrés de gravité variés. Les manquements et les défaillances s’éternisent et se conservent. Ils prennent de plus en plus de formes nouvelles. Ils guettent incessamment le club et privent les bons supporters de soutenir leur équipe dans la quiétude. L’encadrement ne joue pas vraiment son rôle. Pareille singularité n’est-elle pas essentiellement la conséquence de problèmes qui perdurent? En revanche, rares sont les fois où les responsables avaient prouvé qu’ils ont vraiment du savoir-faire dans ce domaine. Crise de gouvernance, crise d’identité, crise d’appartenance, crise d’accomplissement… Pendant de longues années, le CA ne fait que cumuler les ennuis.
Le comité de gestion provisoire installé par les anciens présidents du club n’a aujourd’hui d’alternative que de faire le ménage en écartant les trublions indésirables, dont le comportement écorne l’image du club.
La réhabilitation du CA ne peut cependant émerger du miracle de l’instant. Elle doit être l’expression d’une histoire, d’une continuité et d’une rupture entre ce qui précède et ce qui se construit. Il est temps de questionner les échecs, de tenter d’en comprendre les ressorts internes, les leviers. Quelles ressources à mobiliser? Quel financement? Quelle spéci- ficité? Quels interlocuteurs? Quel environnement? Chacun doit être placé devant sa responsabilité. Oui pour le retour de l’union sacrée. Non, cependant, pour la persistance de l’impunité. Les responsables, mais aussi beaucoup de joueurs s’en donnaient à coeur joie et sans scrupule. Ils renvoyaient ainsi à un rejet de la règle. Un rejet qui s’est ancré dans une subtilisation des valeurs sportives sur lesquelles reposait le club. Toute contrainte a été violemment rejetée.
On pense ainsi à l’entourage, mais tout particulièrement à la gestion du club. Et l’on se dit que faute de projet et de stratégie, on se trompait sur les priorités, les tenants et les aboutissants. Le Club Africain ne peut plus continuer à être géré sur fond de polémiques, ou encore demeurer la cible de personnes qui s’érigent en protecteurs au nom de l’intérêt supérieur du club. En continuant à s’égarer, ils ne se contentent pas de se tromper, ils deviennent les catalyseurs d’une inutile paranoïa, le moteur d’une potentielle fébrilité et au final, l’incarnation d’un manque de discernement.
Pendant de longues années, les défaillances trouvent leur origine dans le déficit d’autorité. L’incapacité des dirigeants à faire respecter les règles est liée au refus d’incarner une autorité associée à un ordre bien défini. Le CA ne saurait entreprendre sa rédemption tant que les plaies du passé sont encore ouvertes. L’histoire clubiste nous a souvent offert de bien édifiants exemples d’hommes qui se sont engagés au service de leur club. Chacun doit savoir que la responsabilité sportive n’est pas un métier. Elle est d’abord don de soi pour le bien du club.
Après le feu de broussailles, l’herbe repoussera. On veut bien l’espérer. Mais peuton vraiment être persuadé que le terrain vert reprendra bientôt ses droits ?