La Presse (Tunisie)

Seul le dialogue…

Au Parc A, l’été sera chaud. Le Club Africain s’enfonce dans la crise d’autant qu’on est en face de deux bureaux directeurs parallèles.

- Tarak GHARBI

Les événements s’accélèrent et la tension s’accentue au niveau des structures de direction et de gestion du Club Africain. La dernière assemblée générale évaluative a ouvert les portes de l’enfer devant le club de Bab Jedid où le public sportif — et pas les supporters “rouge et blanc” seulement — assiste médusé à une lutte ouverte pour le pouvoir. Depuis l’AG du 27 juin dernier, les anciennes figures du club veulent récupérer les rênes du pouvoir, s’appuyant sur le retrait annoncé par le président Slim Riahi (ou telle est la version qu’ils avancent). Jeudi dernier, les anciens présidents Hamadi Bousbii, Said Néji, Hammouda Ben Ammar et Kamel Idir se sont réunis pour décider l’installati­on d’un comité directeur provisoire chargé de gérer les affaires et de préparer la tenue d’une assemblée générale élective. Maher Snoussi, Bassem Mehri, Mehdi Gharbi, Faouzi Sghaier et Chedly El Gaied figurent au sein de ce comité de crise. La tendance va vers la nomination de Kamel Idir, président du club entre 2006 et 2010 pour prendre le pouvoir à l’issue d’une AG élective. Entretemps, les figures historique­s du club s’engagent bien entendu à régler tous les engagement­s financiers urgents (la dette vis-à-vis du ministère des Finances, l’amende revenant à l’ancien club d’Ammar Jemal décrétée par la commission des litiges de la FIFA, les frais du déplacemen­t au Nigeria...). Mais voilà que Slim Riahi resurgit, sort de sa réserve, rebondit et annonce qu’il est toujours président du club. Jusqu’à la fin de son mandat théorique, c’est-à-dire jusqu’au 4 octobre 2018. « Au CA, nous n’avons pas de structures nommées les Grands du club ou le Comité des anciens présidents, soutient-il. Ces gens n’ont même pas une adhésion au club. Nous avons été élus pour un mandat de quatre ans allant jusqu’à octobre 2018. Si notre public est satisfait de notre travail, pourquoi nous irionsnous ? Si le public ne l’est pas, on annoncera notre retrait. Nous n’allons pas abandonner les bonnes choses que nous avons faites: nous sommes qualifiés en quarts de finale de la coupe de la Confédérat­ion, nous avons mis de l’ordre financière­ment. Notre légitimité est là. Nous la tenons des élections et des assemblées générales. Je défie quiconque peut soutenir qu’il a donné un seul dinar au club. Vous savez, le plus grand ennemi du CA ne se trouve pas ailleurs. Il ne faut pas le chercher très loin. Il se trouve au sein même du club» , a-t-il dit. Le clan réuni autour du père spirituel Hamadi Bousbii crie à l’imposture et appelle à en finir avec la politisati­on du club. Il dit prendre le comité de Riahi au mot quand il a annoncé son retrait dans un communiqué publié après l’AG houleuse du 27 juin dernier. La situation est grotesque et caricatura­le, alors que les joueurs s’arrachent sur le terrain pour aller le plus loin possible en coupe de la CAF. Sombres perspectiv­es pour le club de Bab Jedid que l’on s’arrache tel une vulgaire chiffonner­ie. Il serait peut-être temps de rétablir les ponts du dialogue entre les deux clans qui se disputent les leviers du pouvoir. Autrement, entre assurances de légitimité et arguties juridiques, on n’en sortira jamais plus. Le grand perdant sera le CA. On en a vu des clubs descendre aussi bas et se chamailler dans des luttes sordides de clans pour aussitôt péricliter. Ils ne peuvent en sortir que meurtris. Le public ne pardonnera pas...

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia