Absence record des députés !
Les députés continuent à bouder les séances plénières et les séances de questions aux membres du gouvernement. Un constat général : les chaises vides devant lesquelles parlaient, samedi dernier, les ministres montrent que beaucoup de travail reste encore
Les députés continuent à bouder les séances plénières et les séances de questions aux membres du gouvernement Un constat général : les chaises vides devant lesquelles parlaient, samedi dernier, les ministres montrent que beaucoup de travail reste encore à faire en termes de «responsabilisation» des représentants du peuple Les députés de la deuxième République qui ont remporté la confiance des Tunisiens le 26 octobre 2014 pour siéger au palais du Bardo ont réussi à réaliser, samedi 8 juillet, un exploit qui restera gravé à jamais dans les annales de l’action parlementaire nationale, voire mondiale : seuls huit députés sur 217 ont assisté à la séance plénière consacrée à l’audition de trois ministres : Mohamed Zine El Abidine, ministre des Affaires culturelles, Zied Laâdhari, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de l’Education par intérim. La photo répercutée sur internet par l’association Bawsala spécialisée dans le suivi de l’action parlementaire, plus particulièrement de l’absentéisme des députés, est encore plus révélatrice de l’ampleur du phénomène puisqu’à l’ouverture de la séance, ils étaient uniquement deux députés installés dans leurs sièges à attendre le démarrage des questions auxquelles devaient répondre les trois ministres.
Les députés de la deuxième République qui ont remporté la confiance des Tunisiens le 26 octobre 2014 pour siéger au palais du Bardo ont réussi à réaliser, samedi 8 juillet, un exploit qui restera gravé à jamais dans les annales de l’action parlementaire nationale, voire mondiale : seuls huit députés sur 217 ont assisté à la séance plénière consacrée à l’audition de trois ministres, Mohamed Zine El Abidine, ministre des Affaires culturelles, Zied Laâdhari, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de l’Education par intérim. La photo répercutée sur internet par l’association Bawsala spécialisée dans le suivi de l’action parlementaire, plus particulièrement de l’absentéisme des députés, est encore plus révélatrice de l’ampleur du phénomène puisqu’à l’ouverture de la séance, ils étaient uniquement deux députés installés dans leurs sièges à attendre le démarrage des questions auxquelles devaient répondre les trois ministres. Voici le décor général dans lequel s’est déroulée la séance questions-réponses, un mécanisme prévu dans le règlement intérieur du parlement donnant l’opportunité aux députés de ne pas attendre les séances plénières pour interpeller les ministres sur les questions d’actualité et obtenir des réponses de nature à éclairer l’opinion publique sur des questions comme l’affaire Michel Boujenah dont le spectacle qu’il donnera dans le cadre du festival de Carthage a déjà divisé les Tunisiens, la question des équipements de brouillage acquis pour empêcher la fraude lors de l’examen du baccalauréat 2017, lesquels équipements n’ont malheureusement pas fonctionné ou, enfin, l’histoire des milliards que Sami Fehri distribuait aux téléspectateurs tout au long du mois saint de Ramadan sans que l’on sache si l’Etat avait sa part dans toutes les sommes d’argent récoltées par SMS ou uniquement sur celles gagnées par les participants à l’émission «Dlilek Mlek», qu’ils soient présents dans le studio de l’émission ou qu’ils participent en envoyant des SMS, à raison de 1D,180 l’un.
Les ministres parlaient aux chaises vides
La problématique des chaises vides au palais du Bardo n’est pas nouvelle. Elle date de l’époque de l’Assemblée nationale constituante ( ANC) et l’on se rappelle encore que plusieurs lois qu’on pré- sentait comme celles de la révolution ont été discutées et adoptées en présence de quelques dizaines de constituants, à l’instar de la loi portant création du Fonds national d’indemnisation des victimes de la répression et de la dictature, votée dans la nuit du 31 décembre 2013 au 1er janvier 2014, avec la participation de 73 constituants et aussi en l’absence des représentants de l’opposition (le fonds en question attend toujours la parution du texte réglementaire définissant les modalités de son financement et de l’indemnisation des bénéficiaires). Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, alors président de l’ANC, avait beau menacer les constituants de l’absentéisme injustifié de leur couper les vivres, rien n’a été fait puisque ses menaces sont restées sans suite. Idem pour Mohamed Ennaceur, président actuel de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Sa dernière initiative appelant à prélever cent dinars de la prime de tout député ratant une séance plénière ou une séance questions- réponses aux membres du gouvernement sans présentation de justification a été tout simplement rejetée par la commission du règlement intérieur, de l’immunité et des lois parlementaires. Le résultat est là : Mohamed Zine El Abidine, Slim Khalbouss et Zied Laâdhari se sont retrouvés, samedi dernier, à parler devant des chaises vides. Du côté des députés qui ont fait pour la énième fois l’école buissonnière, on évoque la mauvaise programmation qui relève du bureau de la chambre. «Il est notoire que la journée du samedi est un jour de congé et on sait d’avance au niveau du bureau que les séances programmées pour cette journée ne sont pas suivies par beaucoup de députés dont la plupart rejoignent leurs régions pour rencontrer leurs électeurs ou suivre les événements qui s’y produisent», soulignent certains parmi ceux qui ont sauté la séance de samedi dernier. Ils ajoutent : «Les Tunisiens ont tous les droits de dénoncer ces chaises vides où les ministres parlaient presque exclusivement à ceux qui les ont interpellés. Sauf qu’ils doivent savoir que les députés fournissent un travail considérable tout au long de la semaine au sein des différentes commissions parlementaires qui fonctionnent quotidiennement et leurs réunions se poursuivent parfois jusqu’à une heure tardive. Malheureusement, leurs efforts ne sont pas répercutés comme il faut par les médias, plus particulièrement par la TV qui se contente de retransmettre uniquement les séances plénières». Et pour revenir à la séance questions- réponses de la plénière de samedi dernier, certains députés n’hésitent pas à révéler : «Les questions posées par Imed Daïmi ou Samia Abbou n’intéressent plus beaucoup de monde au sein du Parlement. Ce sont plutôt celles qui seront posées à Youssef Chahed le 20 juillet prochain qui draineront beaucoup de députés impatients de savoir s’il va assainir le palais du Bardo ou s’il continuera à professer le même discours que nous écoutons depuis le démarrage de sa campagne anticorruption».
Bawsala dans le désarroi
Du côté de l’association Bawsala, on ne comprend plus les comportements adoptés par les députés. Chaima Bouhlel, présidente de l’association, révèle : « Le taux de présence des députés a atteint 71% lors des séances plénières tenues au début du mois de juillet. Sauf que jeudi dernier, ils étaient uniquement 97 députés (soit 120 absents) à discuter la loi organique portant création de l’Instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption et dont pourtant tout le monde clame quotidiennement la mobilisation pour que la guerre contre la corruption soit remportée».