La Presse (Tunisie)

Poutine et trump : des progrès concrets

- Par Raouf SEDDIK

LA réunion du groupe des 20 pays les plus riches de la planète, organisée jeudi et vendredi derniers à Hambourg, en Allemagne, devait se pencher sur le dossier du partenaria­t avec l’Afrique. Angela Merkel, maîtresse de céans, en avait fait la promesse... Pourtant, d’Afrique on n’eut guère d’échos. Peutêtre que les décisions stratégiqu­es à ce sujet existent mais qu’elles ont été couvertes par le fracas des contestati­ons qui ont ponctué l’événement : les scènes de violence de rue ont en tout cas accaparé une bonne partie des informatio­ns et des images qui ont circulé sur cette rencontre attendue.

Il faut dire qu’un autre fait a volé la vedette aux discussion­s laborieuse­s inscrites elles aussi à l’ordre du jour, à savoir les règles à redéfinir entre libre-échange et protection­nisme, d’une part, et, d’autre part, le climat... Il s’agit de la rencontre entre Trump et Poutine. Les deux hommes ne s’étaient pas trouvés en présence l’un de l’autre physiqueme­nt depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de l’actuel président américain. Et de ce face-à-face pouvaient — on le craignait — jaillir des étincelles inopportun­es, tant les deux personnage­s sont dotés de caractères imprévisib­les.

C’est pourquoi un certain soulagemen­t a accompagné la déclaratio­n faite à la Première ministre britanniqu­e par Donald Trump, qualifiant sa rencontre avec Poutine, la veille, de «formidable». Dans un tweet lancé hier, il a confirmé cette note positive en écrivant : «Il est temps d’aller de l’avant et de travailler de manière constructi­ve avec la Russie».

Pour autant, cette relation ne cesse pas d’être ambivalent­e et contradict­oire. Les élans qui appellent à la grande réconcilia­tion cohabitent avec d’autres déclaratio­ns, nettement moins favorables, comme celle faite par le président américain lui-même au sujet de la nécessité de maintenir les sanctions contre la Russie tant que la légalité internatio­nale ne sera pas rétablie dans l’affaire de l’Ukraine. De son côté, l’ambassadri­ce américaine aux Nations unies, Nikki Haley, s’est faite particuliè­rement mordante en ce qui concerne l’affaire de l’influence supposée du Kremlin sur le résultat des dernières élections américaine­s : «Tout le monde sait que la Russie a interféré dans nos élections», affirme-t-elle malgré les dénégation­s de Poutine dont Trump s’est fait l’écho après son entrevue avec le président russe.

On se gardera donc de tout optimisme au sujet de la relation américano-russe, dont la logique des échanges obéit à des considérat­ions que le commun des mortels ne peut pas toujours comprendre. Mais on notera quand même que la rencontre des deux présidents à l’occasion du G20 a coïncidé avec un retour des EtatsUnis dans le jeu des négociatio­ns sur la Syrie. L’accord de cessez-lefeu qui vient d’étendre au sud du pays la zone de désescalad­e est le fruit d’un travail commun de trois délégation­s : russe, jordanienn­e et américaine !

On se souvient que les Etats-Unis, absents des pourparler­s d’Astana durant les derniers mois, avaient considérab­lement raidi leurs positions à l’égard des forces russes suite aux attaques que leur armée avait menées, d’abord contre une base aérienne syrienne en avril, puis d’un convoi de l’armée du régime près de la frontière jordanienn­e: ces deux attaques avaient été vivement critiquées par Moscou !

On se gardera de tout optimisme au sujet de la relation américanor­usse, dont la logique des échanges obéit à des considérat­ions que le commun des mortels ne peut pas toujours comprendre. Mais on notera quand même que la rencontre des deux présidents à l’occasion du G20 a coïncidé avec un retour des etatsunis dans le jeu des négociatio­ns sur la Syrie.

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