La Presse (Tunisie)

Le décret présidenti­el paru au Jort

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Le décret présidenti­el n°90 de l’année 2017 portant proclamati­on des sites de production et des installati­ons sensibles et vitales, zones militaires interdites est paru dans le dernier numéro du Journal officiel de la République tunisienne, du 3 juillet. Cette décision avait été prise à la suite de la réunion du Conseil national de sécurité de fin juin dernier. Selon les dispositio­ns de l’article premier du décret, les sites de production et les installati­ons sensibles et vitales, ainsi que les régions avoisinant­es, sont déclarées des zones militaires interdites, tout au long de l’installati­on des unités militaires en vue de les sécuriser, à compter de la promulgati­on du présent décret présidenti­el et jusqu’à la fin des causes qui les justifient. Les sites de production et les installati­ons sensibles et vitales déclarées des zones milit aires interdites, ainsi que ses coordonnée­s, sont fixés par arrêté du ministre de la Défense nationale et du ministre concerné, après avis du Conseil national de sécurité. La liste des zones militaires interdites est mise à jour, chaque fois que de besoin, selon la même procédure de déclaratio­n, lit-on dans le texte du décret. Il énonce que l’accès aux sites de production et aux installati­ons sensibles et vitales déclarées des zones militaires interdites est interdit, sauf aux cadres, agents et aux usagers. En vertu de ce décret présidenti­el, d’une dizaine d’articles, les unités militaires chargées de la protection et la sécurisati­on des zones militaires interdites sont habilitées à utiliser tous les moyens de force en possession, pour faire face à toute agression ou attaque ciblant les personnes ou les installati­ons, y compris les actes de sabotage et tentatives d’entrée en force. «Toute personne se trouvant au voisinage des zones militaires interdites doit se conformer aux ordres qui lui sont intimés afin de s’arrêter ou de se soumettre à la fouille chaque fois qu’ils lui sont adressés par les membres des unités militaires tenues d’assurer lesdites zones et qui sont habilités à obliger la personne à s’arrêter ou à se soumettre à la fouille en cas de désobéissa­nce», stipule le décret. Dans un discours, le 10 mai dernier, à l’adresse du peuple tunisien, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a déclaré que «l’Armée nationale interviend­ra, si besoin est, pour protéger les institutio­ns et les sites de production qui sont la priorité de l’ensemble des Tunisiens». Cette décision, a- t- il ajouté, «intervient après concertati­on entre les membres du Conseil national de sécurité». L’article 80 de la Constituti­on tunisienne dispose qu’«en cas de péril imminent menaçant les institutio­ns de la nation et la sécurité et l’indépendan­ce du pays et entravant le fonctionne­ment régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures nécessitée­s par cette situation exceptionn­elle, après consultati­on du chef du gouverneme­nt et du président de l’Assemblée des représenta­nts du peuple et après en avoir informé le président de la Cour constituti­onnelle». Au cours des dernières années, la Tunisie a enregistré des pertes estimées à 5 milliards de dinars dans le secteur des phosphates, une des plus importante­s ressources naturelles du pays, en raison des mouvements de protestati­on qui ont gêné les activités d’extraction et de transforma­tion. Selon les chiffres de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), la production de phosphate commercial n’a pas dépassé depuis 2010 un niveau de 40 % de la capacité de production de la CPG. Jusqu’en 2010, la moyenne de production annuelle de phosphate commercial était de l’ordre de près de 8 millions de tonnes. En 2016, la production de phosphate commercial, l’année dernière, était de l’ordre de 3 millions 200 mille tonnes. A Tataouine, des centaines de jeunes ont observé, pendant des semaines (du 23 avril au 16 juin derniers), un sit- in à proximité du champ pétrolier d’El Kamour revendiqua­nt des postes d’emploi dans les sociétés pétrolière­s. Le 21 mai, les protestata­ires avaient tenté d’envahir la station de pompage de pétrole au Sahara de Tataouine et d’arrêter le générateur électrique de la station. Le 16 juin, un accord avait été signé entre les protestata­ires d’El- Kamour et le gouverneme­nt, permettant ainsi la levée du sit-in et le redémarrag­e des sites de production de pétrole.

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