Morosité politique, black-out médiatique
A 161 jours du premier scrutin municipal démocratique de l’histoire de la Tunisie, aucun signe ne laisse imaginer à quoi ressembleront ces élections appelées à compléter les institutions représentatives prévues par la nouvelle Constitution et à donner le
Démarrés sur un rapprochement entre les deux premiers partis des législatives qui présageait de les voir unifier leurs listes, les préparatifs en vue des municipales prennent un tournant aussi mystérieux que silencieux, avec une législation sur les collectivités locales qui tarde à venir et des stratégies et alliances gardées secrètes, ce qui laisse les médias dans l’expectative et les citoyens dans l’ignorance des enjeux de cette compétition qui risque, pourtant, de faire chavirer une nouvelle fois le bateau Tunisie. Car les divisions ayant affecté le premier parti et affaibli les chances de son actuelle expression officielle ne manqueront pas de se répercuter sur les stratégies des différents partis en vue des municipales, quitte à renverser certains positionnements et certaines alliances.
Confrontation déstabilisatrice
 l’image de Machroû Tounès qui vient de se détourner du «Front du salut et du progrès» pour rechercher des connivences avec les partis de Mohamed Jegham et de Mehdi Jomaâ. Ou encore les hésitations d’Afek Tounès et de l’UPL dont le fonda- teur semble bien embarrassé par l’onde des affaires qui le poursuit. Le fait est que le climat national est plutôt passionné par le combat contre la corruption engagé par un Youssef Chahed qui crève les plafonds des sondages que par les perspectives de municipales que personne n’évoque et dont l’impact reste incertain. Cela est sans doute dû au relatif black-out médiatique que rencontre ce dossier miné par la morosité politique qu’il suscite de plus en plus, à mesure que l’instabilité s’empare du groupe parlementaire nidaïste dont le président semble pâtir des ennuis judiciaires de Chafik Jarraya. Ce alors que les franches oppositions souhaitent carrément voir reporter ces élections qui, à leur sens, doivent avoir pour préalable la loi organisant les collectivités locales. Quant aux «sages» des deux grands partis, tout en déniant toute intention de voir leurs formations unifier leurs listes, ils ne cachent plus leur appréhension à propos de cet «événement majeur» si mal préparé et si peu médiatisé, alors qu’il porte dans ses détails les risques d’une confrontation déstabilisatrice.