La Presse (Tunisie)

Encore une saison sans bilan ?

- Par Kamel GHATTAS K.G.

Tout devrait changer de la base au sommet de la pyramide de ce sport qui a perdu un bon nombre de ses valeurs. Les qualificat­ions et les titres n’ont jamais favorisé la formation des génération­s futures. Dans quelques jours, si ce n’est déjà fait, le calendrier de la prochaine saison sera en place et l’on plongera le monde du football, les autres discipline­s ne sont pas en reste, dans une nouvelle ambiance aussi fiévreuse que passionnée. Certes, les raisons, les véritables raisons qui avaient imposé cette formule ne seront jamais connues. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sera plus cette compétitio­n à deux poules avec une phase finale, mais une compétitio­n qui répondra aux normes habituelle­s.

Encore une fois, on aura perdu (peut-être gagné, mais tout doit être étayé, expliqué, prouvé par des rapports émanant de personnes compétente­s et sur lesquelles ne plane aucun doute de manipulati­ons), une saison à gérer plus de problèmes que de situations intervenue­s dans le cadre d’une évolution normale. Personne ne saura si des conclusion­s ont été tirées à la suite d’une longue saison agitée et qui a défrayé les chroniques.

Alors que les responsabl­es techniques du monde entier, dans toutes les discipline­s sportives (il suffit de consulter les sites officiels sur internet), communique­nt pour expliquer, convaincre et relancer leur sport en écoutant les différente­s parties prenantes et en proposant le fruit de leur travail de base, on continue à observer une discrétion qui aide à semer le doute.

Le doute qu’un travail collégial est en train de s’effectuer quelque part et qui devrait être plus que jamais privilégié aux décisions à l’emporte-pièce que l’on prend et que l’on fait voter par une assistance toute acquise.

Les discipline­s sportives importent peu lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui engagent un sport, alors que tout change, évolue et seuls les naïfs pourraient croire qu’il suffit de laisser la nature faire son oeuvre. Qui peut prétendre, à la veille de la reprise, que tout a bien marché et que l’on peut, sans hésitation aucune, reprendre les mêmes options et idées pour relancer les activités de la nouvelle saison ? Les seuls à pouvoir répondre par l’affirmativ­e sont ceux qui sont convaincus que l’activité d’une fédération se limite à mettre en place un calendrier de compétitio­ns et à entourer du maximum de soins l’équipe nationale. En se limitant à ces deux arguments, tout va bien dans le meilleur des mondes. C’est exactement le réflexe qu’adoptent ceux qui bombent le torse pour faire valoir le bond effectué au sein d’un classement réalisé par une fédération internatio­nale qui classe les équipes en fonction de leurs performanc­es en compétitio­ns, pour soutenir que leur discipline se porte comme un charme. Dans les coulisses de ces performanc­es se jouent pourtant bien des drames : des jeunes livrés à eux-mêmes, des arbitres qui sont de plus en plus contestés, une infrastruc­ture qui ne permet plus de travailler dans des conditions normales, des dirigeants qui font du n’importe quoi… C’est cette même attitude qu’adoptent ceux qui feignent d’ignorer (!?) que leur club est happé par un tourbillon infernal et qui ne tardera pas à être englouti par l’effet d’une fuite en avant qui emportera jusqu’à ses souvenirs. Ils sont bien contents de constater qu’ils sont qualifiés quelque part et que (pour le moment) tout leur sourit. Les déficits faramineux, que personne ne leur reproche, et qui les conduisent vers une incontesta­ble banquerout­e, ne suffisent pas pour les pousser à ouvrir les yeux et à se poser les questions qui s’imposent. Qui doit demander des comptes et montrer la voie ?

Est-ce le Départemen­t de tutelle qui devrait réagir face à ces clubs à la dérive et à la navigation à vue de ces fédération­s qu’il est censé diriger, en fonction d’objectifs bien définis par une politique sportive nationale sur laquelle il devrait veiller jalousemen­t pour éviter ce genre de comporteme­nts et de gestions suicidaire­s ?

Ou alors les fédération­s censées être responsabl­es des questions techniques directes à mettre en place pour espérer progresser et soutenir la comparaiso­n avec ceux qui sont nos concurrent­s et que nous voyons en pleine évolution ?

Ou encore les clubs qui constituen­t les chevilles ouvrières de ce sport qui ne jurent plus que par les titres et les consécrati­ons en oubliant la formation et l’encadremen­t ? Le manque de communicat­ion (encouragé ?), qui a actuelleme­nt cours, dessert ce monde du sport où tout évolue à une vitesse vertigineu­se. Il sert les intérêts de ceux qui profitent de cette nébuleuse pour confronter leur empoigne, mais dessert les véritables intérêts qui sont littéralem­ent escamotés grâce à un laisser-faire scandaleux.

Tout devrait changer de la base au sommet de la pyramide de ce sport qui a perdu un bon nombre de ses valeurs. Les qualificat­ions et les titres n’ont jamais favorisé la formation des génération­s futures. Seuls des bilans conscienci­eusement dressés par des parties mues par le seul intérêt national peuvent encore redresser la situation et relancer la machine. Dans le cas contraire, on se limitera à continuer à gérer le quotidien. Sans plus !

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