La Presse (Tunisie)

Confusion partagée

- Par Abdelkrim DERMECH

Il est des événements d’une grande importance qui se produisent dans les régions de l’intérieur et qui ne bénéficien­t pas de l’attention médiatique qu’ils méritent et aussi de l’intérêt que devraient leur accorder nos élites politiques au pouvoir et dans l’opposition ainsi que nos politologu­es qui donnent l’impression qu’ils suivent presque exclusivem­ent ce qui se passe dans la capitale et dans ses banlieues.

Pourtant, ce qui se déroule dans plusieurs régions du pays, en premier lieu celles dites chaudes, donne la preuve que la politique dans son sens mobilisate­ur, sensibilis­ateur et propagandi­ste est bien présente dans ces régions.

Malheureus­ement, ce ne sont pas les partis censés animer régulièrem­ent la vie politique à l’échelle nationale, régionale et locale qui assument cette mission.

Ce sont plutôt des organisati­ons de la société civile comme I Watch ou Kolna Tounès qui prennent l’initiative d’aller à la rencontre des citoyens de Siliana ou de Kasserine pour leur expliquer les enjeux inhérents aux élections municipale­s prévues le 17 décembre prochain et pour les sensibilis­er quant à la nécessité d’y participer massivemen­t eu égard à l’importance de la consécrati­on de la démocratie locale, considérée comme la pierre angulaire de la démocratie. Et l’étonnement de se transforme­r en inquiétude quand on découvre que les rencontres de sensibilis­ation et de conscienti­sation organisées par ces associatio­ns ne sont pas destinées uniquement aux citoyens ordinaires. Elles touchent également les militants des partis politiques présents dans les régions indiquées et aussi avec l’aval et les encouragem­ents de ces mêmes partis.

L’inquiétude est réelle et sérieuse dans la mesure où quels que soient les motifs invoqués par ces mêmes partis pour justifier leurs comporteme­nts, il est inadmissib­le de voir nos partis démissionn­er de leur mission initiale, celle de l’encadremen­t politique de leurs militants et militantes, et d’en laisser la responsabi­lité aux associatio­ns de la société civile, au moment où beaucoup de doute et de suspicion pèse sur les pratiques et les agendas de ces mêmes associatio­ns.

N’est-il pas temps que la vie politique soit moralisée dans le sens que chaque institutio­n joue le rôle qui lui est dévolu de par les attributio­ns que lui accorde la loi et que la confusion des rôles ou des compétence­s soit écartée à jamais ?

Il est inadmissib­le de voir nos partis démissionn­er de leur mission initiale, celle de l’encadremen­t politique de leurs militants et militantes, et d’en laisser la responsabi­lité aux associatio­ns de la société civile, au moment où beaucoup de doute et de suspicion pèse sur les pratiques et les agendas de ces mêmes associatio­ns.

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