Vigilance sans frontières
La guerre de Youssef Chahed contre la corruption, comme celle contre le terrorisme, doit, à n’en plus douter, s’étendre hors des frontières nationales. Les intérêts de la Tunisie dépassent le territoire national et la vigilance dans le cadre de la lutte contre les corrompus doit être de mise également dans les antennes diplomatiques à l’étranger. Le vol, inédit, de 450 passeports vierges (selon les premières fuites) au consulat général de Tunisie à Lyon (France) ne peut être considéré ou appréhendé du point de vue sécuritaire et juridique comme un vol ordinaire. Il n’a pas été commis par un simple larcin.
La guerre de Youssef Chahed contre la corruption, comme celle contre le terrorisme, doit, à n’en plus douter, s’étendre hors des frontières nationales. Les intérêts de la Tunisie dépassent le territoire national et la vigilance dans le cadre de la lutte contre les corrompus doit être de mise également dans les antennes diplomatiques à l’étranger. Le vol, inédit, de 450 passeports vierges (selon les premières fuites) du consulat général de Tunisie à Lyon (France) ne peut être considéré ou appréhendé du point de vue sécuritaire et juridique comme un vol ordinaire. Il n’a pas été commis par un simple larcin. Et ce, pour diverses raisons.
La première est l’impact de ce vol audacieux sur la circulation des voyageurs tunisiens à travers les frontières françaises en particulier, et ce, normalement jusqu’à ce que l’ensemble des documents soient retrouvés. La seconde est l’arbre qui cache la forêt, en ce sens qu’il est aisé de comprendre que ces documents de voyage vont finir dans un réseau international de trafic de passeports. La complicité de l’intérieur du consulat est évidente car, d’abord, on n’entre pas dans une administration diplomatique représentant la souveraineté d’un pays comme on entre dans un café, et puis, l’objet du vol est dans le cas d’espèce des documents administratifs et sécuritaires officiels que tous les consulats du monde gardent habituellement jalousement.
Sans craindre de tomber dans la démagogie, il est clair que ce vol est gravissime. Les voleurs doivent être identifiés et jugés. Car il ne faut pas être un spécialiste du Renseignement pour savoir qu’en cette période de fin de règne de Daech, ses acolytes en fuite de Syrie, d’Irak, de Libye et d’autres zones de conflit cherchent, par tous les moyens illégaux bien sûr, à rejoindre leurs pays d’origine ou des cieux plus cléments en termes de bombardements aériens pour s’y cacher. Parmi eux, de nombreux jeunes tunisiens enrôlés dans les filets du terrorisme international et qui, sans doute, cherchent à présent une issue de retour au pays. Et le nombre très important de passeports volés, 450, indique que « l’acquéreur » ne peut pas être un petit larcin même s’il est doublé d’un trafiquant. On se souvient encore les tentatives de certaines parties politiques d’instaurer la loi du Repentir en Tunisie pour permettre à ces terroristes de retourner au bercail sans être inquiétés. Cette loi n’est pas passée, elle ne pouvait pas passer, parce qu’il s’agit-là de terrorisme.
Pour ces raisons, il n’est pas imprudent ni hasardeux aujourd’hui de lier cette affaire de vol de passeports aux réseaux terroristes qui sévissent partout dans le monde, notamment en Europe et particulièrement en France. Les autorités françaises et tunisiennes doivent conjuguer leurs efforts pour arrêter les «voleurs», dans l’intérêt des deux parties. Hier, le ministère des Affaires étrangères annonçait dans un communiqué l’envoi d’une délégation à Lyon pour enquêter sur le vol des passeports. Le souhait est ici exprimé pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire même si le MAE a affirmé dans le même communiqué que les numéros de série des passeports volés ont été annulés et qu’ils deviennent ainsi inutilisables. Il reste que ce vol de documents officiels dans un consulat est un grave précédent et qu’il faut doubler de vigilance pour éviter d’autres surprises du genre.