La Presse (Tunisie)

Un ministre veut des «mesures urgentes»

Les migrants en situation irrégulièr­e estimés à environ 100.000 par les ONG

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AFP — Le gouverneme­nt algérien doit prendre «des mesures urgentes» face au «flux en Algérie de migrants subsaharie­ns», a estimé avant-hier le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, au lendemain de déclaratio­ns polémiques d’un haut dirigeant, associant migrants et criminalit­é. «Ces mesures sont devenues urgentes parce que derrière ce flux massif en Algérie de migrants subsaharie­ns il y a des réseaux très organisés qui entretienn­ent et facilitent ce trafic humain», a estimé M. Messahel, dans des déclaratio­ns aux médias algériens, diffusées par la radio algérienne publique. «L’Algérie est devenue une destinatio­n» pour les migrants et «notre obligation en tant qu’Etat c’est d’abord de sauvegarde­r la souveraine­té et la sécurité nationale, c’est notre droit», a-t-il ajouté. Il n’a pas explicitem­ent précisé si ces mesures viseraient les migrants euxmêmes ou les réseaux de passeurs. Selon des propos rapportés par l’agence officielle APS, il a également qualifié de «menace pour la sécurité nationale» l’existence «d’une mafia organisée, comprenant des Algériens, qui encadre les opérations de migration clandestin­e vers l’Algérie». Mais il a aussi rappelé que l’Algérie avait déjà organisé, en accord avec le Niger et le Mali, des opérations de reconducti­on de leurs ressortiss­ants. Samedi, Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, avait affirmé que «ces étrangers en situation irrégulièr­e amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux» en Algérie suscitant l’indignatio­n de défenseurs des droits de l’Homme et d’internaute­s. Interrogé sur ces réactions, M. Messahel, sans s’exprimer sur les propos de M. Ouyahia, a estimé que «l’Algérie n’a pas à recevoir de leçons», selon l’APS. Les déclaratio­ns de MM. Messahel et Ouyahia tranchent avec l’intention annoncée du nouveau gouverneme­nt, formé fin mai, d’élaborer une loi sur le droit d’asile. La presse a fait état d’un projet de recensemen­t et de délivrance de permis de travail dans les secteurs manquant de main-d’oeuvre tels que les travaux publics, l’agricultur­e ou la pêche. L’Algérie ne dispose pas de législatio­n sur les réfugiés. Les migrants en situation irrégulièr­e — essentiell­ement des Subsaharie­ns estimés à environ 100.000 par les ONG — y vivent hors de tout cadre juridique et dans des conditions souvent très difficiles. Les migrants subsaharie­ns ont été fin juin visés par une campagne sur les réseaux sociaux, où a fleuri le hashtag «Non aux Africains en Algérie», suscitant une vive opposition sur internet et dans la presse.

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Des migrants subsaharie­ns en Algérie

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