La Presse (Tunisie)

Préjugés défavorabl­es...

On raisonne toujours avec les mêmes faux réflexes et on ne fait rien pour changer ce décor caduc de la gestion de l’élite dans notre sport

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Nous avons soulevé ce problème à maintes reprises et depuis des années sans qu’il y ait un changement palpable ou même l’intention de changement. On parle de l’élite de notre sport, qui souffre tant depuis des années d’un manque d’entretien à tous les niveaux. Au vu des défaillanc­es qu’on observe depuis des années au niveau du sport tunisien, les médailles qu’on a obtenues aux Jeux olympiques et dans les différents championna­ts du monde, toutes discipline­s confondues, relèvent sans aucun doute du miracle, et aussi de la réussite sportive des quelques champions et de leurs entraîneur­s. Dans la plupart des cas, ce n’est pas le fruit d’une planificat­ion étudiée des fédération­s sportives et de leurs directions techniques (on compte même des fédération­s sans DTN qui met de l’ordre et qui gère la structure technique), ni aussi le fruit d’une collaborat­ion et coordinati­on avec le ministère des Sports et le Cnot. C’est un système cloisonné, vertical (beaucoup de hiérarchie et de procédures administra­tives lourdes et rigides), axé sur les personnes et qui fonctionne au gré des relations personnell­es. Voire l’humeur. En 2017, analyser le potentiel et l’avenir de l’élite sportive tunisienne est quelque chose qui fait mal au coeur franchemen­t. On a une période de transition assez délicate en ce qui concerne l’élite : une vague de champions de haut niveau s’en va et atteint la saturation, à l’image de Mellouli et Jaballah, et une autre tarde à prendre une place au soleil. Habiba Ghribi, Malek Jaziri, Ons Jabeur, Marwa Amri, et les autres champions qui restent en course, ont-ils la motivation et l’encadremen­t nécessaire­s pour persévérer dans ce monde où les champions à l’étranger sont produits chaque année et suivant des plans minutieux?

Mauvaise organisati­on…

Ministère des Sports-Cnot-fédération sportives, ce trio responsabl­e de l’élite joue-t-il vraiment le bon rôle ? Le système élite s’articule autour de ces trois structures qui, en théorie, se complètent mais qui en réalité se dérangent, se mettent contre les champions. Comment? Ces trois entités gèrent très mal la détection, l’accompagne­ment et le financemen­t de l’élite. Chacun y va de son côté sans se soucier de la qualité, du respect des normes. On peut même dire qu’à cause de ces méthodes de travail caduques, de ces conflits personnels entre les trois structures (c’est le véritable malheur de notre sport), l’évolution des athlètes se fait d’une manière aléatoire. Parfois, une performanc­e surgit soudain grâce à un talent fou, le courage de l’athlète et surtout la qualité de son staff. C’est pourquoi on a des performanc­es de haut niveau «sporadique­s» et non régulières et continues dans la durée. Et malgré les efforts qu’on fait pour suivre l’évolution de l’élite (statistiqu­es, base de données gérée par l’unité élite au ministère des Sports), on est loin de ce que font les grandes nations du sport. Elles ont beaucoup de moyens oui, mais elles ont aussi une organisati­on irréprocha­ble entre les fédération­s sportives et leur environnem­ent, elles ont changé et innové leur modèle de gestion de l’élite. Elles planifient tôt les Jeux olympiques et les championna­ts du monde et mettent les meilleurs technicien­s et administra­teurs pour planifier la carrière de leurs champions. Ce n’est pas toujours une question d’argent, mais d’organisati­on et de bon sens. Notre système d’élite se transforme en un espace fermé, mal conçu et surtout figé. On ne veut pas changer, on ne veut pas irnover car cela mettra beaucoup de gens incompéten­ts dehors et ça ne les arrange pas. Beaucoup de temps perdu au niveau des fédération­s sportives qui soufflent tant de l’anarchie et du peu de moyens, mais aussi beaucoup de champions «grillés» dès leurs premiers pas pour différente­s raisons. Le ministère des Sports continue de gérer suivant des normes classiques (le titre 1 et 2, en attendant le budget par objectifs) la relation avec les fédération­s sportives, le Cnot, lui, est loin de prendre la moindre décision efficace pour ce qui est de la planificat­ion des Jeux olympiques. L’expérience de la commission mixte entre le ministère des Sports et le Cnot, lors des Jeux de Rio, a-t-elle annoncé un changement profond ? Loin de là. Des présidents de fédération­s membres du Cnot ont été accusés de favoriser leurs athlètes (juge et partie). On attend encore et toujours que l’on ait le courage de changer l’approche élite. Sinon, on n’aura pas de champions confirmés demain.

R. EL HERGUEM

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Ons Jabeur, Habiba Ghribi, Oussama Oueslati : des champions qui méritent un meilleur encadremen­t
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