La Presse (Tunisie)

Bizarrerie­s

- Par Abdelhamid GMAtI A.G.

La corruption menace l’Etat, confirme, mardi dernier, le ministre de la Justice. Et de fait, la guerre déclarée contre ce fléau est intense et touche tous les secteurs avec des arrestatio­ns quasi quotidienn­es de contreband­iers, acteurs privilégié­s dans la corruption et le terrorisme. Et l’Etat sévit aussi, et en particulie­r, contre le terrorisme, autre fléau menaçant. Les opérations de ratissage sur les hauteurs pour débusquer les terroriste­s se succèdent. Mardi denier, les agents de la garde nationale échangeaie­nt des coups de feu avec des éléments qui se terraient. Mais il y a aussi d’autres événements que nous qualifiero­ns, gentiment, de « bizarrerie­s », qui portent préjudice et suscitent, pour le moins, des interrogat­ions.

Ainsi, apprend-on d’un journal français, le consulat tunisien à Lyon a été cambriolé par deux hommes « qui se sont introduits dans le bâtiment officiel, après avoir fracturé la porte d’entrée. Ils sont repartis en emportant avec eux 450 passeports vierges, un tampon, et 4 .000 euros en liquide. Et afin d’effacer les traces de leur passage ils ont pris le temps de vider le contenu des extincteur­s dans les locaux visités». Questions : comment se fait-il que l’on s’introduit dans un consulat, comme dans un moulin à vent ? N’y a-t-il pas quelques mesures de sécurité comme une permanence de gardiens ou un système d’alarme ? Pourquoi y a-t-il un si grand nombre de passeports ? Pourquoi ces documents si sensibles et importants ne sont-ils pas gardés en sécurité comme dans un coffre-fort ? On nous dit qu’une commission enquêtera et que les passeports ont été annulés et les tampons officiels changés. Bizarre !

Le délégué de Menzel Bouzayane, Anis Ben Amor, a déclaré, dimanche dernier, que la délégation et la municipali­té sont prises d’assaut par des protestata­ires. Incapable depuis une semaine de rejoindre son bureau, le délégué a indiqué que certaines personnes souhaitent que les protestati­ons pacifiques virent au pire et à l’illégalité. Les protestata­ires tiennent leur sit-in au deuxième étage de la délégation et les archives seraient entre leurs mains et de ceux qui les soutiennen­t. Voici donc des institutio­ns, représenta­nt la souveraine­té de l’Etat, occupées par des manifestan­ts et le délégué, représenta­nt l’autorité, qui se lamente. Bizarre ! Très bizarre !

Le contreband­ier Ali Griri, connu comme étant le plus célèbre contreband­ier de Kasserine et du Centre-ouest et assigné à résidence dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption, a été libéré lundi dernier, par le procureur de la République. Celui-ci a estimé que le dossier ne comportait aucune preuve de son implicatio­n dans la contreband­e. Le ministère de l’Intérieur, lui, ne l’entend pas de cette oreille, et a de nouveau arrêté le prévenu et l’a remis sous résidence surveillée, selon les dispositio­ns de l’état d’urgence. Bizarre ! Ces deux piliers de la justice ne peuvent-ils pas accorder leurs violons et agir de façon cohérente ?

La douane a saisi des assiettes en or, dans un entrepôt à l’Ariana ; il s’avère qu’elles appartienn­ent à l’homme d’affaires et président de l’UPL, Slim Riahi. Son parti explique « qu’il s’agit de meubles, de vaisselle, de linge de maison et d’objets divers apportés légalement par Slim Riahi quand il est venu s’installer en Tunisie en 2011. Puisque ce sont des objets de valeur, ils ont été déposés dans un entrepôt en attendant de les transférer aux propriétés de Slim Riahi ». La bizarrerie est que celui-ci a été accusé de « détenir des objets issus du trafic et de contreband­e ». Si l’on doit adopter cette accusation, il faudra l’appliquer aux milliers de Tunisiens qui ont acheté des « produits de la contreband­e », comme ceux qui s’approvisio­nnent en carburant disponible au vu et au su de tous sur les bords de routes.

On apprend que cinq mille commerçant­s pratiquaie­nt l’évasion fiscale. Dans leurs feuilles de déclaratio­n d’impôts, ils cochaient souvent la case néant. Après les vérificati­ons d’usage, il s’est avéré que lesdits commerçant­s ont des comptes bancaires bien garnis. Le flux de mouvements est très important et on a découvert qu’ils sont tout le temps créditeurs d’au moins un milliard de millimes chacun. Bizarre que l’on ne se soit aperçu de cette malhonnête­té que maintenant. Où était le fisc durant ces dernières années ?

Arrêtons là les frais. Mais ces bizarrerie­s sont à prendre au sérieux et doivent être corrigées.

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