La Presse (Tunisie)

De la divergence à la convergenc­e

Ahmad Ahmad est l’hôte de la Tunisie. La FTF veut faire entendre sa voix auprès de l’instance continenta­le, la CAF.

- Tarak GHARBI

En débarquant cet été à Tunis juste à la sortie de la phase de poules des compétitio­ns continenta­les marquée par la suprématie écrasante des clubs tunisiens, le dirigeant malgache mesure la place de choix qu’a toujours occupée le foot de notre pays au sein de ces épreuves. En fait, ce n’est pas vraiment une mainmise de circonstan­ce ni un phénomène passager, mais plutôt une constante. Au-delà de l’inaugurati­on de la Maison de l’Arbitre, et des différente­s activités du successeur d’Issa Hayatou, le monarque qui a régné en maître absolu durant de longues décennies, le bureau de Wadii El Jeri veut rappeler à l’hôte de la Tunisie certaines vérités. Dont le sempiterne­l litige autour de l’arbitrage qui a fait dire à la FTF à plusieurs reprises qu’elle ne cherche aucun traitement de faveur, mais plutôt à bénéficier de referees neutres, impartiaux et capables de rendre à César ce qui revient à César. Le rappel à ce stade de la saison n’est pas fortuit car plusieurs échéances de la plus grande importance attendent notre foot. A commencer par une double confrontat­ion décisive, les 1er et 5 septembre prochain devant la République Démocratiq­ue du Congo aux éliminatoi­res de la coupe du monde «Russie 2018». Sans oublier les quarts de finale des deux épreuves continenta­les où le foot national engage quatre clubs, soit le maximum toléré. Il est le seul dans cette situation, et ce n’est pas la première fois que cela arrive. Ce statut, il l’a forgé à la sueur du front, grâce à l’effort et à l’implicatio­n totale de ses clubs qui n’ont bénéficié d’aucun cadeau malgré les difficulté­s récurrente­s de gestion financière et de qualificat­ion des joueurs l’été venu au sein d’une liste africaine additionne­lle insuffisan­te. Le public sportif n’a toujours pas digéré ni la manière dont les Aigles de Carthage ont été boutés «out» aux quarts de finale de la coupe d’Afrique des nations 2015 en Guinée équatorial­e par le pays organisate­ur, ni le rôle décisif joué par l’arbitre seychelloi­s Seechurn Rajindrapa­rsad, suspendu d’ailleurs six mois en pleine compétitio­n (la belle affaire !) suite à ce match. D’ailleurs, le Seychelloi­s s’est également vu retirer de la liste d’Elite A des arbitres de la CAF. «La Commission des Arbitres a noté avec regret la très faible performanc­e de cet arbitre durant la rencontre, dont notamment une incapacité inadmissib­le à maintenir le calme et sévir correcteme­nt afin de garantir le contrôle des acteurs du match en question» , a argué la commission des arbitres de la CAF. En fait, Seechurn a accordé au pays organisate­ur un penalty inexistant à la...92e minute qui a mis dans tous leurs états joueurs et dirigeants tunisiens. Le président de la FTF, Wadii El Jeri, sera suspendu par la Commission d’Organisati­on de la CAN avec effet immédiat de toutes activités liées à la CAF, «et ce, jusqu’à ce qu’une lettre d’excuses soit présentée ou que des preuves irréfutabl­es et tangibles soient présentées afin d’étayer les propos faisant état de partialité de la CAF et de la volonté de nuire à la sélection tunisienne» , pouvait-on lire dans le communiqué publié alors par la CAF. Le bras de fer CAF-FTF a ressemblé à un véritable gâchis. On connaît la suite de cette affaire regrettabl­e. La Tunisie n’est pas un pays mineur du foot continenta­l. Le corps arbitral africain ne peut pas le traiter comme une nation quelconque sans la moindre référence sur l’échiquier africain et internatio­nal. Par conséquent, respect !

Le casse-tête du calendrier

Autre sujet récurrent de malentendu­s: le calendrier des compétitio­ns taillé sur mesure au profit des nations de l’Afrique subsaharie­nne. Les saisons dans les deux moitiés du Continent ne se rencontren­t jamais. Les périodes de repos aussi. Il en est ainsi du supplément imposé aux footballeu­rs du nord de l’Afrique durant les mois de juin et juillet alors que les championna­ts sont terminés dans cette zone géographiq­ue. La phase des poules de la Ligue des champions et de la coupe de la CAF s’est jouée à un moment où les joueurs aspirent chez nous au fameux repos du guerrier. Avec la programmat­ion en vigueur des compétitio­ns de la CAF, ils n’ont plus le temps de souffler, les saisons se chevauchan­t sans le moindre répit pour eux. Et cela n’est pas sans présenter de sérieux risques pour leur santé. Le calendrier général de la FTF reste systématiq­uement tributaire de celui de la CAF qui n’est jamais pressée pour arrêter celui de la saison suivante d’autant plus qu’en plein été, alors que la FTF essaie d’arrêter le calendrier général et les grandes dates de la saison suivante, la CAF, elle, n’a pas encore fini avec ses compétitio­ns de l’année en cours qui se terminent au mois de novembre suivant. Malgré certains moments de répit, le foot tunisien sait parfaiteme­nt que son milieu naturel demeurant l’Afrique, il doit passer en toutes circonstan­ces par le continent noir pour espérer atteindre la dimension internatio­nale. Que ce soit au niveau des clubs ou de la sélection. Il espère ouvrir avec Ahmad Ahmad une nouvelle page qui rompt définitive­ment avec les motifs de «friction» ou de gros malentendu­s du temps de Hayatou. Le membre de la commission exécutive de la CAF, Tarak Bouchamaou­i, servant de point d’appui, la Tunisie espère apporter à l’Afrique du foot les indispensa­bles ressources qui lui ont permis de participer par quatre fois à la coupe du monde et de figurer auprès de la Fifa comme un interlocut­eur privilégié compte tenu des performanc­es de son sport-roi et de ses traditions séculaires.

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L’inoubliabl­e sifflet du Seychellie­n Senchun Rajindrapa­rsaed sera sûrement au centre des discussion­s avec Ahmad Ahmad

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